Agrandissement : Illustration 1
C’est dans une collection qui assume bien son intitulé « Liberté, j’écris ton nom » que le Centre d’Action Laïque, qui promeut la laïcité en Belgique francophone, a publié l’étude de Thomas Gillet. L’auteur est issu de la célèbre Université libre (laïque) de Bruxelles. Maître assistant en philosophie à la Haute Ecole de Bruxelles-Brabant, il forme notamment les futurs enseignants. Il est également collaborateur scientifique du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité de l’ULB qui propose de nombreux documents sur son site.
Dans son livre « Identité-s. Les démocraties à la croisée des chemins », c’est en pédagogue, mais en pédagogue exigeant, que Thomas Gillet fait le tour de la notion d’identité. « Qui suis-je ? » écrit-il est une question qui a certainement traversé l’esprit de presque tous les êtres humains. Dans son livre à la fois concis (80 pages) et dense en contenu, il propose d’abord un essai de définition de l’identité individuelle ainsi que de l’identité collective. Une citation frappante d’Hannah Arendt la résume : « L’espace public, lieu d’apparition de l’Autre, est ssentiel à la définition de notre identité, car c’est là que nous sommes vus et entendus, reconnaissants et étant reconnus par autrui ». L’identité individuelle comme l’identité collective se construisent dans un double mouvement d’identification et de différentiation.
Une question clé pour les démocraties comme le souligne le sous-titre de l’ouvrage : les démocraties à la croisée des chemins. Thomas Gillet part de la définition classique. Une démocratie est un système politique dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple, sans distinction et donc de façon égalitaire. Il approfondit cette notion en la mettant en face de la multiplication des identités à l’intérieur de chaque démocratie. Cette diversité étant en elle-même un fait démocratique. En insistant sur les deux dimensions de la liberté d’être soi-même, individuelle et collective, « on permet d’éviter l'écueil de l’individualisme forcené et de replacer l’exercice de la liberté en regard de la solidarité, de la coopération et d’un intérêt collectif de l’exercice des libertés individuelles ». Dans cette conception tout se tient de façon cohérente : identité, autonomie, liberté, fraternité.
Il s’agit aujourd’hui de repenser et de reconstruire une identité démocratique. C’est un exercice à la fois périlleux et indispensable. Thomas Gillet entend contribuer à surmonter la fracture politique, voire philosophique, apparue dans les milieux progressistes. Surmontée par le haut en affrontant le doute, et même le vertige, généré par cette nouvelle situation. L’auteur invite les démocrates à prendre la mesure de cet enjeu et à se l’approprier. Il souligne: « Il n’est pas trop tard, mais il est temps »…