
Yves le Sidaner est militant de l’éducation populaire, notamment au sein de l’Amicale laïque de Saint Brieuc, qu’il a présidé durant dix ans. Il est aujourd’hui président de la Ligue de l’enseignement des Côtes d'Armor et président de la Ligue de Bretagne. Il a vécu 18 mois dans les hautes vallées du Pakistan, de 1973 à 1975, dans le pays Kalash, et a rédigé, à la suite de ce séjour, une thèse de Doctorat, soutenue à l’Université de Tours sous la direction de Jean Duvignaud : « Les relations sociales chez les Kafirs Kalash du Nord Pakistan ». Elle porte sur une approche ethnographique de la réalité Kalash, sur ses racines, mais aussi sur les forces qui entraînent changements et évolutions dans une société traditionnelle. Depuis près de 50 ans, il suit l’évolution de la société Kalash. Il vient de rédiger une étude dressant un bilan du combat des Kalash pour préserver leur culture en l’adaptant au monde moderne :
LES KALASH, UNE MINORITE AU SEIN DU MONDE MUSULMAN.
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Les Kalash ? Une population de 4000 personnes, isolées dans les vallées himalayennes du Nord Pakistan, district de Chitral, le long de la frontière afghane. Les « kafirs» Kalash, disent les musulmans, car sont kafirs ceux qui ne pratiquent pas les préceptes de l’Islam. Au Pakistan, pays de 220 millions d’habitants, république islamique, fondée en 1947 pour accueillir les musulmans vivants dans l’empire britannique des Indes, quel peut être le destin d’une si petite population, qui se distingue par ses particularités culturelles, linguistique et religieuse ?
Dans son étude Yves Le Sidaner retrace l’histoire des Kalash, dans leurs trois vallées, les situe dans l’Etat pakistanais « le pays des purs », détaille leurs activités d’éleveurs cultivateurs, la place des femmes dans leur société, décrit les premiers changements dans cette société et les années noires qui les ont suivi pour terminer sur le sursaut culturel actuel. Il signale une victoire. Sous la pression de Kalash éduqués, en collaboration avec des juristes, un rapport est rédigé en 2012 par la commission nationale des droits humains, qui reconnaît la culture Kalash et recommande des mesures de protection, ce qui s'ajoute aux décisions prises par le tribunal de Peshawar. A la suite de ces initiatives, le gouvernement rédige un dossier de candidature à l'UNESCO pour faire reconnaître la culture Kalash au rang de patrimoine mondial de l'Humanité.
Yves Le Sidaner s’interroge sur les trois destins possibles du peuple Kalash : la disparition totale de la culture Kalash, absorbée par les mondes environnants, une sorte d’intégration progressive ou non à l’ensemble Pakistanais et Musulman ; une « folklorisation» qui consisterait à ne garder que la surface des choses, les danses, les costumes, mais sans les fondements culturels de cette société et enfin un dynamisme sociétal basé sur un attachement aux racines de la tradition, qui reste fidèle aux principes, tout en arrivant à intégrer les évolutions imposées par le monde contemporain.