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Le Comité National d'Action Laïque s'est fermement exprimé sur cette présence inopportune: "La laïcité mérite qu’on s’y attache, pas qu’on la dévoie". La question est récurrente depuis au moins l’armistice de 1918. Georges Clémenceau, président du Conseil, refuse catégoriquement d’assister au Te Deum organisé par l’archevêque de Paris à la cathédrale Notre-Dame. La suite est un véritable feuilleton. Rappelons les épisodes les plus marquants, relatés par « La Croix » du 14 septembre. En 1944 Charles de Gaulle assiste à un Magnificat à Notre-Dame. Bien que catholique pratiquant, il se refuse à communier. Il adopte la même attitude en 1962 à Reims lorsqu’il assiste, avec le chancelier Konrad Adenauer, à une messe de réconciliation avec l’Allemagne. En revanche, il accepte de communier lors de deux voyages en Russie et en Pologne où sévissait un athéisme d’Etat contraire à la laïcité.

En 1980 Valéry Giscard d'Estaing assiste à la messe célébrée par Jean-Paul II à Paris. François Mitterrand, dont les convictions spiritualistes restent énigmatiques, s’abstient de toute participation. Nicolas Sarkozy multiplie les signes de croix devant les médias tout en s’investissant en 2007 dans un tour du monde monothéiste en passant par le Latran (dont il est chanoine), l’Arabie saoudite et Israël. Il n'hésite pas à annoncer lors de la première étape une révision de la loi de séparation de 1905. Initiative victorieusement combattue grâce à une pétition lancée par la Ligue de l’enseignement « Sauvegardons la laïcité de la République ».

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Emmanuel Macron fut donc présent à la messe célébrée par le pape François au stade Vélodrome à Marseille le 23 septembre . De nombreux commentateurs ont relevé une forme de laïcité à géométrie variable qui pourrait être illustrée par trois discours : en 2018 au Collège des Bernardins, en 2019 lors de l’inauguration du Centre européen du judaïsme (au financement dérogatoire à la laïcité) et en 2020 sur les séparatismes. La présence du président de la République à une messe alors qu’une vaste campagne antimusulmane s’alimente de la simple et juste application de la loi du 15 mars 2004 aux abayas est problématique. On peut aussi relever les légitimes interrogations des catholiques face à une présence aussi politique...
Avec tous nos remerciements à Allan Barte. Ne manquez pas de consulter son site: http://www.allanbarte.com/site/index.php