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Un premier texte international, la « Convention relative à l’esclavage » a été adopté à Genève en 1926 dans le cadre de la Société des Nations. Il a été repris en 1953 par les Nations unies. L’article premier de cette Convention donne une définition : « L'esclavage est l'état ou condition d'un individu sur lequel s'exercent les attributs du droit de propriété ou certains d'entre eux ». Le texte précise : « Il est nécessaire d'empêcher que le travail forcé n'amène des conditions analogues à celles de l'esclavage ». Le statut d’esclave, personne privée de tout droit et propriété d’un autre, peut en effet ne pas être officialisé. C’est un état de fait. Et c’est le plus fréquent aujourd’hui. L'Organisation internationale du travail (OIT) l’a souligné en 1930 avec une définition du travail forcé que l'on peut rapprocher de celle de l'esclavage : « Le terme travail forcé ou obligatoire désignera tout travail ou service exigé d'un individu sous la menace d'une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s'est pas offert de plein gré ». En 1949 l'ONU adopte la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui.
Une personne sur 150 est piégée dans l'esclavage moderne

Le rapport « Global Estimates of Modern Slavery » (Estimations mondiales de l'esclavage moderne : travail forcé et mariage forcé) a été produit grâce à une collaboration entre l'Organisation Internationale du Travail, l’association Walk Free et l'Organisation internationale pour les migrations. Selon ce rapport les dernières estimations mondiales indiquent que 50 millions de personnes vivaient dans l'esclavage moderne en 2021. Parmi ces personnes, 28 millions étaient soumises au travail forcé et 22 millions étaient piégées dans le mariage forcé. Le nombre de personnes en esclavage moderne a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années. En 2021, 10 millions de personnes de plus étaient en esclavage moderne par rapport aux estimations mondiales de 2016. Plus de 70 % des victimes sont des femmes – surreprésentées dans les formes d’exploitation sexuelle et de mariage forcé. Une victime sur quatre est un mineur. Dans le cas des mariages forcés l’exploitation sexuelle s’ajoute au travail forcé. Dans le secteur privé, un cas sur quatre est dans le secteur des emplois domestiques. La prostitution, comme système d’exploitation mis en place par les réseaux de proxénètes, est reconnue comme une forme d’esclavage.
De la commémoration à la mobilisation

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Devant la persistance et l’ampleur de l’esclavage moderne, les commémorations et la connaissance historiques sont nécessaires mais insuffisantes. L’Union européenne a institué le 18 octobre en Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains. En France la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité s’inscrit parmi les lois mémorielles et instaure la Journée nationale des mémoires de la traite et de l'esclavage et de leurs abolitions. Le deuxième plan d’action national contre la traite des êtres humains a été lancé en 2019. La Fondation pour la mémoire de l'esclavage ne s’investit que sur la traite transatlantique. Une proposition est souvent émise: celle d'un élargissement de ses missions en associant le travail sur les mémoires, l'histoire complète des esclavages et bien sûr la mobilisation contre toutes les formes d'esclavage moderne. Des initiatives associatives existent dont la Flamme de l’égalité développée par la Fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement.
Pour approfondir:
Rapport Global Estimates of Modern Slavery Septembre 2022.
Olivier Grenouilleau. « Les traites négrières. Essai d'histoire globale » Gallimard collection Folio. Une recension écrite par Pape N'Diaye.
Tidiane N'Diaye « Le génocide voilé. Enquête historique » Gallimard collection Folio. Sur la traite orientale.
Marcel Dorigny, Bernard Gainot « Atlas des esclavages De l'Antiquité à nos jours » Editions Autrement
Christian Delacampagne « Une histoire de l’esclavage » Le Livre de poche.