Pourquoi Vinicius n’a-t-il pas eu le Ballon d’or ? À cause du match qui oppose Valence ?
Le principal intéressé n'a pas tardé à réagir après la fin de la cérémonie de la remise du Ballon d'or. « J'en ferai dix fois plus s'il le faut. » « Ils ne sont pas prêts », a écrit le Brésilien Vinicius Jr.
Une belle semaine pour le Brésilien. Après avoir remporté le trophée The Best hier à Doha, le joueur du Real Madrid s’est à nouveau illustré, cette fois en finale de la Coupe intercontinentale remportée par le Real Madrid face à Pachuca. Buteur et passeur décisif, le numéro 7 a de nouveau éclaboussé la planète foot de tout son talent.
En 2014, Dani Alves recevait une banane lancée depuis les gradins, alors qu’il s’apprêtait à tirer un corner. L’ancien défenseur noir de Barcelone la ramassa, l’éplucha et l’engloutit, avant de reprendre la partie. À l’issue de la rencontre, il déclara : « Cela fait onze ans que je suis en Espagne et depuis onze ans, c’est pareil. On ne va pas réussir à changer ça, donc il faut prendre les choses en riant et se moquer d’eux. » Son geste fut repris par nombre de célébrités du ballon rond, jusqu’à Sepp Blatter, à l’époque président de la Fédération internationale de football (Fifa), qui promit alors une « tolérance zéro » contre toute forme de discrimination.
Neuf ans après les faits, Sepp Blatter n'est plus président de la FIFA et le racisme continue toujours dans les stades espagnols. La victime, cette fois-ci, est notre fabuleux magicien Vinicius Junior. Real Madrid, qui s'oppose à Valence un dimanche, le match fut interrompu par l’attaquant disant à l’arbitre les insultes commises par les supporters de Valence le visant. Le footballeur vise du doigt un supporter de Valence, accusant d’avoir dit le propos « sale singe », et refuse de continuer le jeu. Pendant que le représentant de télévision du stade fait un rappel que le racisme est illégal, le match reprend aussitôt.
Carlos Ancelotti (l’entraineur du Real Madrid) est visiblement affecté par l’événement ; l’arbitre dit que le joueur doit continuer et que si cela se reproduisait, il devrait suivre le protocole. À quelques minutes de la fin du match contre Valence, Vini est de nouveau victime de racisme, impliqué dans une bagarre, et l’attaquant est le seul à se faire expulser. L’attaquant fait son retour avec les supporters espagnols disant « mono » (qui veut dire 'singes' en espagnol). Carlos Ancelotti dit : « Cela ne peut pas continuer, j’en ai marre. »
En mai 2024, lors de son congrès annuel, la FIFA a adopté à l'unanimité un plan de lutte contre le racisme, prévoyant que les matchs devront être interrompus temporairement, voire définitivement, en cas de discrimination raciale.
Accepter la diversité, être ouvert aux autres, promouvoir l'égalité des chances, avoir le souci de la cohésion et de la participation de tous aux projets collectifs sont des références permanentes pour tous ceux qui pratiquent le sport et animent ou encadrent des activités sportives.
Vinicius Junior, en larmes, dénonce le racisme dans le football : « Je vois cela depuis longtemps et à chaque fois, j’ai moins envie de jouer. »
« Depuis la première fois que je me suis plaint de racisme en Espagne, la situationn’a cessé de s’aggraver… « Ils m’insultent à cause de la couleur de ma peau pour que je joue moins bien sur le terrain », a déploré l’attaquant de 23ans, lundi, lors d’une conférence de presse.
Vidéo du joueur en larmes et qui s’exprime : https://www.youtube.com/watch ?v=xMUeb0HHWX8
L’attaquant brésilien a déclaré lundi 25mars que son « envie de jouer » au football « diminuait » au fur et à mesure que les incidents racistes à son encontre s’accumulent en Espagne, au cours d’une conférence de presse où il a fondu en larmes.
Le Brésilien dit : « Je suis désolé. Je veux juste jouer au football. « Je veux juste jouer, je veux tout faire pour mon club et pour ma famille et que les personnes noires ne souffrent plus jamais », s’est livré le joueur, très ému devant la presse.
Qu'en pense l’attaquant du Real Madrid ?
Le seize avril 2024, le joueur de Madrid déclare que « les racistes doivent être dénoncés et les matches ne peuvent pas continuer avec eux dans les tribunes », a déclaré l’attaquant. Nous n'aurons la victoire que lorsque les racistes quitteront les stades et iront directement en prison, là où ils méritent.
Les joueurs montent au créneau.
Sur les réseaux, l’attaquant a dénoncé les abus dont il est victime, mais il a surtout pointé du doigt la responsabilité des instances espagnoles du football, coupables selon lui de banaliser le racisme.
Ce que Vini écrit sur Instagram : « Ce n’était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième », a-t-il écrit sur son compte Instagram. Le racisme est normal en Liga. La Liga pense que c’est normal, la fédération et les adversaires aussi l’encouragent. Je suis tellement désolé. Le championnat qui appartenait autrefois à Ronaldinho, Ronaldo, Cristiano et Messi, appartient aujourd’hui aux racistes. »
Surtout, le joueur brésilien a décidé de politiser son cas et d’ouvrir, au-delà du football, le procès public du racisme dans la société espagnole. « Une belle nation, qui m’a accueilli et que j’aime, mais qui a accepté de renvoyer au monde l’image d’un pays raciste », a-t-il regretté. Désolé pour les Espagnols qui ne sont pas d’accord, mais aujourd’hui, au Brésil, l’Espagne est connue comme un pays de racistes. Et malheureusement, avec tout ce qui se passe chaque semaine, je n’ai aucun moyen de la défendre. »
Les coéquipiers de l’attaquant disent que « si Vini avait dit “je quitte le terrain”, je serais parti avec lui. C’est quelque chose que l’on ne peut pas tolérer », a déclaré son coéquipier Thibaut Courtois, gardien du Real Madrid.
La Liga a ainsi annoncé l’ouverture d’une enquête, tandis que le Real Madrid a de son côté indiqué déposer plainte contre ce « crime de haine ». Le parquet de Valence a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête pour « délit de haine » présumé. Le club de Valence, par ailleurs, indique ce lundi avoir identifié un responsable des insultes racistes et affirme le bannir à vie ainsi que les auteurs présumés.
Lundi, tout au long de la journée, les messages de soutien envers le joueur n’ont cessé d’affluer et le président de la Fédération espagnole (RFEF) Luis Rubiales a fait acte de contrition : « Il faut reconnaître que nous avons un problème de comportement, d’éducation, de racisme dans notre pays. »
Une condamnation ferme qui tranche avec le discours du président de la Liga Javier Tebas. Il s’en est directement pris à l’attaquant sur Twitter, l’accusant de ne s’être pas présenté aux deux rendez-vous pour évoquer le protocole anti-discrimination. « Encore une fois, au lieu de critiquer les racistes, le président de la Liga apparaît sur les réseaux sociaux pour m’attaquer », lui a répondu le joueur.
Ce lundi, la presse espagnole a fait ses gros titres, et les politiques se sont confondus en condamnations diverses : le gouvernement espagnol demande « une réponse ferme », alors que le président brésilien Lula a réclamé depuis le Japon, en marge du G7, une réaction forte des instances: «Nous ne pouvons pas tolérer que le fascisme et le racisme s’installent dans les stades de football.»
Si Vinicius ne pourra pas jouer le prochain match du Real Madrid en raison de suspension, sa détermination à ne plus rien laisser passer semble totale. « Je suis fort et j’irai jusqu’au bout contre les racistes. Même si c’est loin d’ici », a-t-il posté sur Instagram.
Fodié Gassama