Sur "La barque silencieuse", on croise tour à tour, et dans le désordre: Ninon de Lenclos, Saint Augustin, Bellérophon, Obaku, ou François le Picard... On apprend que Jésus le Nazaréen s'est suicidé: "Ma vie personne ne me l'enlève (nemo tollit eam a me vitam) mais moi je m'en dessaisis moi-même (sed ego pono eam meipso) car j'ai le pouvoir de la prendre (et potestatem habeo ponendi eam)."
Déjà, elle s'éloigne, blanche parmi l'écume et les nuages, elle disparaît, la barque...
Il reste quelques mots, figures noires de l'irreprésentable de la naissance au monde, d'où nous vient cette solitude qui marche sur le sable et laisse des empreintes précaires:
"Le livre ouvre l'espace imaginaire, espace lui-même originaire, où chaque être singulier est réadressé à la contingence de sa source animale et à l'instinct indomesticable qui fait que les vivants se reproduisent
"Chaque lecteur est comme saint Alexis sous l'escalier de son père. Il est devenu aussi silencieux que l'écuelle qu'on lui porte. Seul la lettre placée au devant de ses lèvres peut attester que son souffle n'est plus. Quelque chose parvient à se faire entendre dans l'expression écrite au moyen de lettres sans qu'il soit besoin de les articuler. Celui qui lit la lettre a perdu le soi, le nom, la filiation, la vie terrestre. Dans la littérature quelque chose résonne de l'autre monde. Quelque chose se transmet du secret."
"Le large a inventé une place partout sur cette terre. Ce sont les livres. La lecture est ce qui élargit."
"Parce que la solitude précède la naissance, il ne faut pas défendre la société comme une valeur."
Etc.