Quand on dénonce la dictature de Monsieur Bouteflika, une des réponses qui nous vient souvent pour le soutenir est qu'il représente un rempart contre les intégristes....Ce qui va suivre démontre que les intégristes peuvent se réjouir de voir la justice algérienne appliquer leurs principes.
" S'ils ont mangé durant le ramadan ou ils ont choisi une autre religion,c'est leur problème avec leur Créateur!Que viennent faire la police et la justice?" proteste un vieillard près de la mosquée de Aïn El Hammam. C'est dans cette ville qu'Hocine Hocini et Salem Fellak, deux chrétiens poursuivis pour avoir mangé pendant le mois de ramadan dans un lieu discret sur un chantier. L'un deux, Salem Fellak rappelle lors du procès les propos de l'adjointe du procureur lorsqu'il a été présenté au parquet." Si tu es chrétien, tu n'as qu'a changé de pays."
Rassemblement populaire devant le tribunal
Des centaines de personnes s'étaient rassemblées devant le tribunal." La population locale regrette cet épisode survenu avec une incroyable incongruité dans une localité qui se caractérise par une ouverture d'esprit et une tolérance aux antipodes de l'esprit inquisiteur qui habite encore certains démembrements des institutions officielles" note le quotidien algérien El Watan.
Un collectif d'avocats assure bénévolement la défense
Le procureur se réfère à l'article 114 bis 2 du code pénal pour demander la peine minimale soit 3 ans de prison ferme. Les avocats de la défense souligne que les hôtels d'Alger sont ouverts durant le mois de ramadan, qu'il n'y a pas eu de mandat de perquisition pour arrêter Hocine et Salem, que la Constitution algérienne garantit la liberté de conscience. Verdict: Un non-lieu car pour le juge "aucun article de loi ne prévoit de poursuite dans le non-respect du jeûne durant le ramadan"
Condamnations et poursuites contre déjeuneurs pendant le ramadan.
Et pourtant,Bouchouta Farès, un autre algérien déjeuneur pendant le ramadan a été condamné à deux ans de prison ferme et 100000 dinars(1000 euros) d'amendes pour "atteinte à un précepte de l'islam.
Un autre procès est prévu pour le 8 novembre en petite Kabylie contre neuf musulmans non-jeûneurs.
Il est étrange de voir la justice algérienne aussi rapide pour faire le procès à la liberté de conscience quand on connaît son absence concernant les affaires de corruption.
SOS Libertés.
"Talibanesque", "inquisition", "pratique médiévale de procès en sorcellerie", ce sont les mots employés dans le communiqué du collectif SOS Libertés. Ce mouvement estime que "la multiplication" de ce type de procès montre qu'il s'agit d'une "opération planifiée à un niveau supérieur.
Pour le Collectif SOS Libertés, la liberté de conscience est synonyme du droit de chaque citoyen de pratiquer le culte de son choix, ou de ne pas pratiquer".
SOS Libertés est un collectif citoyen de résistance aux agressions récurrentes contre les libertés. Composé d'avocats, de journalistes,d'universitaires et d'écrivains, ce regroupement informel dénonce les mesures autoritaires et les opérations liberticides en matière de religion, liberté synbdicale, liberté de la presse...
L'écho à l'indignation dans les journaux algériens El Watan et Liberté.
Ces journaux ne manquent pas de soulever la question de l'intolérance religieuse à commencer par les caricatures d'Ali Dilem dans le journal Liberté ou le relaie de la campagne internationale de soutien aux déjeuneurs dans les colonnes d'El Watan ou en donnant la parole aux membres du Collectif SOS Libertés.
"Face à l’alliance national-islamiste qui se renforce au détriment des aspirations démocratiques de la société, le devoir de lucidité impose une extrême vigilance. (...)nous formerons les bataillons de la dignité, armés de la force de nos convictions, pour partir à la reconquête de nos libertés bafouées" écrit le journaliste Arezki AÏT-LARBI dans une tribune publié au journal El Watan par laquelle il l'introduit par cette citation de Voltaire:"
«N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages n’en aient pas ?»