L’IMPARFAIT DE HOPPER
Exposition Hopper au Grand Palais
La peinture de Hopper raconte.
Même si des histoires, de l’histoire majuscule et minuscule, la peinture n’a cessé d’en raconter avec ses tableaux d’histoire, ses scènes de genre, ses sujets et ses thèmes jusqu’à la peinture se racontant elle-même, sans compter les récits imaginaires qu’elle murmure à chacun dans son intimité, même si Hopper participe aussi de ces histoires-là, quelque chose d’autre y apparaît, qui relève ordinairement de l'écriture.
Un récit sous-jacent se déroule après ou avant la toile qui découpe une silhouette dans un couloir d’hôtel, un coin de rue anonyme, une femme esseulée dans un bar, des maisons vides, des passants en attente, lumière arrêtée. Que s’est-il passé, que va-t-il se passer, qui sort du cadre, qui précède ou suit le moment saisi dans le tableau comme si ce qu’il représente était toujours l’avant ou l’après de la véritable scène ? Il ne s’agit pas seulement de ce récit imaginaire que peut engendrer une peinture et aussi bien La serveuse de bocks de Manet, le Tres de Mayo de Goya que la pigmentation du dripping de Pollock ou les surfaces de Rothko, mais d’un déplacement du regard : ce que les tableaux d’Hopper invitent à regarder n’est pas là, jamais là, s’est perdu dans le temps. Comme si ses toiles étaient peintes à l’imparfait.
Ce n'est pas qu'elles figurent un moment passé ni même qu'elles introduisent le sentiment de la durée, d’autres le font aussi, c'est le décalage entre le présent obligé d’un tableau et une manière qui semble l’effacer. Le sentiment nostalgique, la mélancolie, liés au passé, n'existent pas seulement chez Hopper, mais la peinture s’y énonce au présent. Même si l’image renvoie au disparu, la toile dit « je suis » et non pas « j’étais ». Celles de Hopper semblent se conjuguer à l’imparfait. Comme si un regard passé regardait l’ensemble du déroulé du temps.
Ce n’est pas ce qui apparaît dans le présent du regard qui est passé, c'est le regard lui-même qui est mis au passé.
Parmi ses publications en poésie et en théâtre:
La Mort n’est jamais comme (Prix International de poésie Ivan Goll), L’Inachevé de soi, Méditations de lieux Sinon la Transparence, La Prima Donna suivi de L’Auteurdutexte, Orphée Market, Monologue du preneur de son pour sept figures, Ed. de l’Amandier, Vues de vaches, Éd. de l’Amourier, Lieu des Epars, Ed. Gallimard etc.
A cela s’ajoutent livres d’artistes, publications collectives et nombreuses parutions en revues, sites et anthologies dont Couleurs femmes, Métamorphoses, Anthologie Poésie de langue française, Anthologie Bipval 2011 Action Poétique etc...
Des études universitaires et des revues, dont récemment Nu(e) n° 51, ont été consacrées à son écriture.
Agrégée de Lettres, elle a enseigné les lettres et la philosophie en lycée et en université puis occupé des fonctions académiques et nationales; elle intervient actuellement à Sciences Po. et à la Sorbonne et donne de nombreuses lectures et conférences en France et à l’Etranger rassemblées dans Libres Paroles II et Aux dires de l’écrit Ed. Chèvre Feuille Etoilée. Membre d’associations pour le développement de la culture, de l’éducation et la défense des droits humains, dont le Forum Femmes Méditerranée UNESCO, elle a été décorée de la Légion d’Honneur pour l’ensemble de son parcours.
