KÖCHEL 467
La souffrance et la joie pèsent tout à fait le même poids
Tomas Tranströmer
Mozart sourit un peu à la maison
Le piano ce matin m’écoute et veut bien me répondre
Rire serait de trop pour ce bureau
Mozart ne juge rien et ne fait pas non plus la moue
Mais il taquine l’air de rien les émois qui se faufilent
Puis les console d’un câlin
Et à nouveau compréhensive la musique sourit
La grande sœur nôtre qui sait tout
Et la maison s’adoucit qui accepte en visite le soleil et ses lampes
Un pas plus loin nous savons bien que c’est le drame
Avec le sol qui craque au-dessus de la mort
Et moi qui comprends si peu comment va la lumière
En tremblant je m’en vais avec elle jusqu’au dernier accord
Qui déjà m’avait tout pardonné
*
ART POETIQUE
Mozart sans poids entre deux pleurs a tant aimé le monde qu’il y laissa frémir la place de Dieu parmi les rires. À peigner si amoureusement la plate-bande terrestre et nos passions, il écrivit entre nos ruses et le plaisir le nom imprononçable. La cruauté continuait d’aller auprès de masques et d’amandes.
Divin Mozart : d’inexplicables perles volaient sous le nuage, une fontaine heureuse nous comblait. A être si bien lavés, nous nous sentions bénis au centre du sarcasme, ce qui n’empêchait pas la morsure sans rouerie de la mort de nous accompagner de son imperceptible méthode.
Quand nous reviendrions plus tard de ces voyages de brumes de vivants, il nous faudrait encore subir l’ordre et le droit de la jubilation et ce serait aidés de guirlandes de roseaux mortels rajeunis par le vent.
Je les reçus noués à un sanglot qui reprenait l’heure et le tact de notre premier baiser.
A propos de l'auteure:
Gabrielle Althen habite à Paris et dans le Vaucluse. Professeur émérite de Littérature comparée de l'Université de Paris X-Nanterre, elle se consacre désormais à son œuvre.
Outre sa création propre, (poèmes, nouvelles et un roman), elle mène une réflexion sur la poésie et sur l'art et se livre à ce qu'elle considère comme des essais de critique méditative. Elle s’intéresse à la musique dont elle a une pratique privée et à la peinture. Elle a écrit sur l'œuvre d'un certain nombre de peintres ( Lorris Junec, ou la décision de la lumière, Edouard Pignon : Catalogue de l’exposition qui s’est tenue de février à avril 1985 aux Galeries Nationales du Grand Palais, Javier Vilato, Jean-René Sautour-Gaillard etc.)
Elle est membre du jury du prix Louise Labé.
Nouvelle(s) parution(s)
Chuchotis La lune bleue (2013)
Vie saxifrage Al Manar (2012)