Billet de blog 8 juillet 2025

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Commission d’enquête TikTok : 5 influenceurs devant les députés

Ayant un comportement problématique, ces 5 influenceurs ont été convoqués pour une commission d’enquête visant initialement à dénoncer les effets nocifs de TikTok sur les plus jeunes, notamment causés par son algorithme très addictif et les personnes postant du contenu sur cette plateforme.

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Ayant un comportement problématique, ces 5 influenceurs ont été convoqués pour une commission d’enquête visant initialement à dénoncer les effets nocifs de TikTok sur les plus jeunes, notamment causés par son algorithme très addictif et les personnes postant du contenu sur cette plateforme. La commission a très vite pris une tournure tout autre avec des questions plutôt intrusives et assez hors sujet.

Convoqué pour exhiber trop souvent sa haine des femmes, Alex Hitchens ose quitter la commission d’enquête.

Alex Hitchens est bien connu pour ne pas se cacher sur ce qu’il pense à propos, particulièrement, des femmes. Ses vidéos sont connues, notamment avec le ton qu’il emploie en s’exprimant et qui renforce le côté absurde de ses propos. Ses vidéos sont cash et il assume très clairement son point de vue dans ses vidéos.

« Je pense que cette plateforme, de manière générale, est néfaste », « TikTok est à bannir », a déclaré M. Hitchens.

Il a aussi ajouté qu’il ne gagne aucun revenu sur TikTok, tous ses revenus viennent des formations douteuses qu’il vend sur son site. Pour augmenter la visibilité de ses formations, il met le lien de celles-ci dans ses vidéos TikTok. Il existe aussi des faux comptes qui mettent aussi le lien de sa formation dans leur vidéo, mais contrairement à Alex, ceux-ci gagnent la rémunération de leurs vidéos. Il a expliqué qu’il y a environ 50 faux comptes de lui qu’il n’approuve pas.

Quand madame la rapporteure lui a demandé quel type de contenu perçait le plus, Alex a répondu que « ce qui fonctionne le mieux, c’est le contenu qui choque ». « C'est celui qui va attirer le plus d’attention. »

« Je ne trouve pas que mon contenu soit problématique », a dit M. Hitchens en répondant à propos de son statut d’homme problématique.

M. Hitchens n’a visiblement pas aimé les questions qu'Arthur Delaporte lui a posées et a donc fait une tempête émotionnelle et quitté l’appel plus tôt que prévu. Il a en même temps coupé la parole au chef de la commission.

Star de la télé-réalité devenu acteur de films pour adultes, AD Laurent lisse son image.

AD Laurent était autrefois un candidat de télé-réalité. Il s’est reconverti en acteur porno et a aussi un compte OnlyFans et MYM. Il a affirmé générer des revenus conséquents sur ces deux plateformes. Celui-ci a été convoqué pour son hypersexualisation des femmes et ses vidéos TikTok qui encouragent ses followers à se diriger vers ses plateformes privées. Cela pose problème au vu du nombre de mineurs présent sur cette plateforme, même avec la charte officielle de TikTok interdisant aux mineurs de moins de 13 ans d’y accéder.

AD a déclaré faire des lives environ 5 fois par semaine où il invite quelques uns de ses followers. Il appuie et répète le fait qu’un mineur ne peut pas accéder à ses lives. Cependant, Arthur Delaporte a contesté cette affirmation en disant que, pour que ses lives soient interdits aux mineurs, il fallait appuyer sur le bouton restreindre avant de lancer le live. Il n’avait visiblement pas connaissance de cette fonctionnalité et a pesté que ses lives étaient, de toute façon, rigolos et bon enfant.

« Je ne diffuse aucun, je dis bien aucun contenu érotique sur TikTok » AD Laurent lors de sa présentation

AD a qualifié son contenu comme non-problématique même s’il poste des TikTok avec des allusions sexuelles évidentes et en mettant la femme en position d’objet. Quand un adolescent en pleine construction voit ce genre de vidéos, il va inconsciemment prendre exemple sur celles-ci.

À ce propos, AD assume son titre d’acteur de films pour adultes en désignant ce métier comme un art, pareil à un cinéaste, par exemple : « Je suis fier aujourd’hui d’être AD Laurent. » Il a d’ailleurs déclaré qu’il n’aimait pas le portrait que l’on faisait de lui dans les médias et que ce n’était pas parce qu’il était acteur porno qu’il ne pouvait pas avoir une parole sensée et réfléchie. Il a clairement lissé son image et heureusement pour lui que des vidéos vraiment problématiques qu’il a postées ne sont pas apparues dans cette commission, mais comme a dit Arthur Delaporte, « Le but de cette commission n’est pas de vous juger ». « Ce n’est pas un tribunal » M. Delaporte ne voulait sûrement pas remuer le couteau dans la plaie. Si son compte n’était pas banni, beaucoup de ses contenus vraiment problématiques seraient ressortis. Lors de ces prises de parole, AD s’exprimait comme si les contenus plutôt sexistes qu’il avait postés n'avaient jamais existé.

Un couple d'influenceurs qui attend que les plateformes leur disent quoi faire

Manon et Julien Tanti ne connaissaient visiblement pas les lois mises en place pour le droit à l’image des mineurs. « On respecte les lois qu’on nous donne », a répondu Julien Tanti à Arthur Delaporte à propos des lois sur les placements de produits avec mineurs.

Surtout que ce couple s’affiche presque tous les jours avec des émissions de télé-réalité ou avec des stories Snapchat. Leur méconnaissance des lois sur les réseaux est surprenante compte tenu de leur visibilité. Manon Tanti est en plus très active sur les réseaux et elle le dit elle-même : « J’ai tout dit à ma communauté » « Notre communauté nous a suivis depuis le début de notre relation jusqu’à maintenant ». Leurs 2 enfants sont donc aussi forcément exposés au monde magnifique des réseaux. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons pour lesquelles ils ont été convoqués.

En plus, Julien Tanti ne se considère pas comme un influenceur puisqu’il rappelle à l’assemblée qu’« un influenceur est quelqu’un qui travaille son contenu depuis des années, qui a une communauté ». Il ajoute aussi : « Je ne suis pas un influenceur, je n’influence personne. » « Je suis quelqu’un qui fait de la télé-réalité ». Pourtant, quelques instants avant cette déclaration, Julien a lui-même proclamé faire « des pubs 3 ou 4 fois par semaine ».

Arthur Delaporte a bien rappelé, surtout à Manon qui en fait beaucoup, qu’une loi influenceur existe : « Lors d’une promotion, il ne doit pas y avoir d’enfants qui y sont, sinon il faut un contrat et contractualiser avec une agence de mannequinat. » Manon a répété encore et encore que ce placement de produit est le seul qu’elle a fait avec sa fille et a qualifié l’apparition de sa fille de « bateau ». « Je ne me sers pas de mes enfants pour faire de l’argent. » « Avec ou sans enfants, je gagne ma vie », a protesté Manon Tanti quand Arthur lui a reproché de mettre sa fille en avant dans ses promotions.

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