Billet de blog 8 juillet 2025

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Francois Bayrou : un père et premier ministre peu fiable

L’affaire Bayrou-Bétharram, un maire et Premier ministre qui ignore les accusations et échappe au scandale par déni et mensonges, à cause de l’incompétence des représentants de Notre-Dame de Bétharram et de leurs réactions aux plaintes d’agressions et viols sur mineurs.

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L’affaire Bayrou-Bétharram, un maire et Premier ministre qui ignore les accusations et échappe au scandale par déni et mensonges, à cause de l’incompétence des représentants de Notre-Dame de Bétharram et de leurs réactions aux plaintes d’agressions et viols sur mineurs. Mediapart a révélé la face de la vérité avec une enquête sur le calvaire qu’ont vécu ces enfants.

L’audition de Bayrou, 5 heures pour pas grand-chose

Lors de l’audition de François Bayrou sur la commission d’enquête de l’affaire Bétharram du 14 mai 2025, le Premier ministre maintient durant cinq heures ses mensonges. Celui-ci énonce que la commission est importante pour lui et pour les victimes. Cependant, il affirme que les violences sexuelles lui étaient inconnues ou que ces événements se sont produits il y a 30 ans et qu’il ne se souvient plus, après avoir juré sous serment. Par ailleurs, le travail des rapporteurs a été minutieusement effectué et les preuves qui accusent François Bayrou de connaître de longue date ces accusations sont présentées. Mis en difficulté, le Premier ministre a gagné du temps en remettant en cause leur travail. Il s’exprime ensuite en tant que victime d’attaques sur les réseaux sociaux et des lanceurs d’alerte « honteux ». Selon lui, les cyberattaques l’empêcheraient de publier ses preuves. Son audition n’a apporté aucune nouvelle information. Ces cinq heures ont été longues pour peu et Bayrou était « sur la défensive » pour les rapporteurs, selon la présidente de la commission d’enquête socialiste Fatiha Keloua-Hachi.

Notre-Dame de Bétharram, là où les traumatismes débutent

L’institution Notre-Dame de Bétharram est un lycée catholique fondé en 1837 dans la ville de Lestelle-Bétharram; c’est un établissement reconnu qui accueillent à ce jour environ 520 élèves à l’année, encadrés par des prêtres et surveillants. Parmi ces élèves, 80 sont en internat du collège au lycée. Les élèves reçoivent tout au long de leurs scolarités une éducation stricte et dure, jugée conforme au manque de discipline des élèves selon la direction. Jusqu’aux années 1980, les conditions de vie au sein de l’internat étaient indignes. Les rapports effectués sur l’hygiène des sanitaires, l’absence de chauffage dans les dortoirs et les restrictions alimentaires démontrent l’envers du décors de l’établissement. Cependant, la première accusation date de bien plus tôt. En effet, la première agression sexuelle connue remonte à 1957, année durant laquelle un enfant âgé de 10 ans a été victime d’abus sexuels à maintes reprises par le Père Henri Lamasse.

L’affaire Bayrou dans l’affaire Bétharram

François Bayrou, Premier ministre depuis décembre 2024, est un parent d’élève à Bétharram, où il a rencontré sa femme qui était professeur de catéchisme. Ses enfants ont été scolarisés là-bas, il s’y rend régulièrement, et il y est une figure appréciée et respectée. Malgré les enquêtes de Mediapart et autres journaux, François Bayrou reste fidèle à cette institution qu’il affectionne et qu’il défend alors que ses enfants y furent scolarisés, et que sa fille a été violée et agressée sans qu’elle n'en ait informé son père à l’époque. En 1993, il est nommé ministre de l'Éducation nationale par Édouard Balladur. À ce moment-là, il est alerté par la professeure Françoise Gullung sur les violences sur les élèves causées par les surveillants et les prêtres. Suite à cela, François Bayrou ne réagit pas. Au contraire, lors d’un conseil général, dirigé par lui-même, il accorde une subvention à Bétharram de 300 000 francs pour une reconstruction des locaux. Les plaintes et inquiétudes des parents d’élèves ont beau se multiplier, le ministre s’abstient d’agir et de se préoccuper du sujet. Ce n’est qu’en 1996, presque 40 ans après la première agression, qu’un inspecteur est envoyé pour interroger des élèves et surveillants sur les « rumeurs » des violences physiques. Avec un reportage publié la même année qui affirme les violences avérées, François Bayrou, chargé de la protection des enfants, ne se prononce pas et garde la casquette de défenseur de Bétharram. Tout au long des prochaines années, les plaintes continueront d’être déposées, le ministre quant à lui poursuivra de défendre Bétharram jusqu’à aujourd’hui et de conserver leur statut d’établissement reconnu, car Bétharram n’a pas fermé et des élèves y sont encore scolarisés.

Le scandale de l’affaire Bétharram : nous sommes censés faire confiance à un établissement religieux reconnu quand même le Premier ministre croyant et pratiquant se tient complice du scandale des agressions sexuelles sur mineurs avérées ces derniers mois. Pourquoi Bayrou maintient-il son opinion sur Bétharram, après que sa fille Hélène Perlant a été agressée à l’âge de 14 ans, que plus de 200 plaintes ont été déposées, que les preuves ont aussi été prouvées et vérifiées, et qu’il a été alerté de ces violences ? C’est un homme croyant, qui aurait pu dénoncer les pratiques violentes de l’institution et il aurait pu garder un statut de sauveur pour les victimes. Au lieu de ça, il a juré devant la justice qu’il ignorait ses délits, comme Mediapart l’a bien défini : « 3 mois de mensonges et 5 heures de déni ».

Quand ce genre d’affaire sort au grand jour, les parents croyants pensent à leurs enfants et imaginent que cela peut arriver à n’importe qui. Vivre avec un traumatisme comme un viol, quand un enfant est confronté à un prêtre, il perd la foi en Dieu et en grandissant c’est compréhensible d’éprouver une peur de laisser ses enfants dans des établissements religieux quand ces agressions arrivent fréquemment dans plusieurs institutions.

L’établissement avant ses résidents.

Dans cette affaire, Bétharram cherchait à protéger son institution plutôt que ses élèves victimes d’abus sexuels. L’établissement et les parents des élèves résidents qui font entrer leurs enfants dans l’école ferment les yeux sur la pédocriminalité. Dans cette affaire, plus de 200 victimes gardaient le silence de peur et de honte, pourtant petit à petit, quand les plaintes commençaient à apparaître en masse, un mouvement solidaire s’est créé, des sensibilisations se multiplient pour réduire ces violences faites aux enfants dans beaucoup d’autres établissements.

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