Le 5 Juillet 2017, Complément d’enquête révèle que des mineurs sont employés dans une plantation de palmiers dans des conditions déplorables (gants troués, pas de sécurité, habitations vétustes) par une organisation sous-traitante de Bolloré.
En plus de rappeler les heures les plus sombres de la colonisation, ce fait témoigne de l’importance titanesque qu’a pris le milliardaire breton dans les anciennes colonies françaises, notamment au travers de son entreprise Bolloré Africa Logistics.
Ce n’est pas la première fois qu’il est impliqué dans une affaire douteuse en Afrique ; en 2009 il avait utilisé son empire de communication Politique (Havas) sous-facturé pour influencer les élections en faveur des candidats Alpha Condé et Faure Gnassimbé, respectivement guinéen et togolais.
En échange, il lui cédèrent d’importantes concessions sur le ports de Conakry et de Lomé, il reconnaîtra être coupable de corruption en 2021.
Il a aussi utilisé son empire médiatique (Direct 8, Matin plus) au service du président sénégalais en 2007 pour obtenir des concessions sur le port de Dakar et en 2004 même la Banque Mondiale est sortie de sa neutralité pour dénoncer l’opacité de la transaction qui lui a permis de contrôler le port d’Abidjan (alors que la guerre civile faisait rage).

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Cette entreprise de Bolloré visant à contrôler les ports africains et à s’enrichir sur les ressources de l’Afriques commença dans les années 80.
À cette époque, grâce à la réputation et au capital amassé par sa famille et par ses opérations qui détenait notamment la marque de papier de cigarette OCB, il a pu racheter à de nombreux pays africains des entreprises issues de la colonisation.
Pour le faire, il a notamment bénéficié de la vague de privatisation imposée par les instances financières internationales.
Ça lui a permis de récupérer la Sitarail, une agence ferroviaire de côte d’ivoire et du Burkina Faso ainsi que la Camrail une compagnie de train camerounaise.
Sa gestion est critiquée car ces entreprises transportent plus les marchandises de Bolloré que les passagers.
Comme l’a révélé Libération, Vincent Bolloré a aussi acheté 40% du groupe Socfinal qui détint près de 80% des palmeraies camerounaises grâce à de nombreuses sous-traitances et qui sont connus pour payer leurs employés une misère ou pas du tout et pour menacer de mort les responsables syndicaux.
Ces sociétés sont en outre mises en cause pour exploiter les ressources naturelles (Hévéa, bois, huile de palme…) au mépris des populations et des forêts locales, tout en bénéficiant du label FSC.
Cette entreprise a également récupéré d’importantes plantations d’ hévéa au Libéria auprès de Charles Taylor alors que celui-ci venait de prendre le pouvoir par la force.
Charles Taylor a plus tard été condamné pour crime de guerre par les tribunaux internationaux.
D’après le monde diplomatique, l’ ONU a mis en cause le groupe Bolloré dans l’exploitation du coltan au Kivu, ce qui impliquerait des accords avec les groupes armés présents sur place.
Cette entreprise appartient au groupe Rivaud, qui est lui aussi un acteur important de la Françafrique et possède de nombreuses filiales exploitant le continent africain.
Le groupe Rivaud est également un reliquat de la colonisation qui avait de nombreuses entreprises au Luxembourg et en Belgique détenant des exploitations en Asie et en Afrique.
Son fonctionnement est très opaque notamment à travers un réseau d’actionnaires : les sociétés se possèdent entre elles, les dividendes tournent en rond et se perdent.
Bolloré a obtenu ce groupe avec la promesse de clarifier ses pratiques douteuses mais aujourd’hui il a tout simplement pris le contrôle, partagé les filiales avec les autres actionnaires et continué ses activités.
Tout les mandats importants de ce réseau sont aujourd’hui cumulés par Bolloré ou ses proches, leur permettant de garder l’ensemble des entreprises dans leur giron.
En plus de contrôler les trains, les routes et les ports il a aussi eu un temps sa propre compagnie maritime le groupe Delmas-Vieljeu, rachetée en 1991, ainsi qu’une compagnie de transports routiers, Bolloré transports et Logistics.
Bolloré contrôlait donc tout, de la plantation jusqu’au bateau.
Avec d’autre conglomérats il pouvait décider quelle marchandises sortent ou rentrent en Afrique.
En 2006, un ancien membre du groupe Bolloré disait :
« L’Afrique est comme une île, reliée au monde par les mers.Donc, qui tient les grues tient le continent »
À coup de corruption, de manipulation d’élections et de rachat forcé d’entreprise, Vincent Bolloré a repris le flambeau de la privatisation de la colonisation et, comme Elf et Jacques Foccart avant lui, a soutenu les dirigeants qui lui plaisaient pour obtenir des ressources naturelles.
En mars 2022, Bolloré a vendu son empire en Afrique pour la modique somme de 5,7 milliard d’euros à un autre groupe, la compagnie suisse MSC, ce qui lui a permis de faire le ménage pour assurer sa succession.