Le mardi 5 décembre, le ministre de l’Éducation nationale s’est exprimé au sujet du rapport PISA qui met en évidence la baisse du niveau des élèves en France. Notre pays, placé en deuxième partie du classement, semble souffrir d’une détérioration du niveau, principalement en français et en mathématiques, notamment chez les collégiens.
Alors que le brevet n’est pas aujourd’hui obligatoire pour la suite du parcours scolaire des élèves de troisième, il le deviendra dès les sessions de 2025 pour passer au lycée.

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En effet, lors d’une conférence de presse, Gabriel Attal, a résumé devant les caméras le constat du rapport des enquêtes PISA, (Programme international pour le suivi des acquis des élèves, qui est un ensemble d'études menées par l'Organisation de coopération et de développement économiques, visant à mesurer les performances des systèmes éducatifs des pays) qu’il juge accablant. En effet, les résultats des élèves français sont au plus bas depuis le commencement de ces enquêtes en 2000. On remarque une baisse de 21 points en maths entre 2018 et 2022 et une perte de 32 points est observée sur la période 2012-2022 en compréhension de l’écrit, selon Éric Charbonnier, analyste éducation à l’OCDE. Cette année, la France perd 21 points en maths, 19 en lecture et 6 en sciences. (Tableau ci-contre)
Pour contrer ce phénomène, le ministre Gabriel Attal a présenté des mesures visant à créer « un choc des savoirs » et ainsi relever le niveau des élèves. De cette manière, le gouvernement veut rétablir cette tradition du jour J et redonner de son importance à ce diplôme qui est aujourd’hui sans incidence sur la suite de la scolarité des élèves. Le brevet sera donc obligatoire pour entrer en seconde. Pour ceux qui n’obtiendraient pas le diplôme, ils seraient scolarisés en classe « prépa-lycée » pendant un an pour « consolider les savoirs fondamentaux avant le lycée ». Nous verrons ici deux mesures qui concerneront les futurs élèves de troisième d’ici à 2025.
Pour « redonner au diplôme du brevet la valeur d’un véritable examen national », le ministre a décidé de « réaliser une refonte de son contrôle continu : ce seront désormais les notes qui compteront (pour 40 % de la note finale et 60 % pour les notes d’examens) » et non plus le partage moitié-moitié entre le contrôle continu et les notes des épreuves. Pour finir, le ministre compte rehausser le niveau d’exigences de l’examen.
Alors qu’un collectif de personnalités politiques et d’enseignants (dont Laurence de Cock, Marine Tondelier et Boris Vallaud) s’exprimant dans une tribune du Monde estiment que « Les mesures inhérentes au “choc des savoirs” préconisé par Gabriel Attal vont à l’encontre de tout espoir de démocratisation scolaire », et que Révolution Permanente qualifie le choc des savoirs de « mise à mort du collège unique », nous avons le sentiment qu’encore une fois, par des mesures prises par le gouvernement, ce sont les élèves issus de milieux défavorisés et/ou populaire qui vont en faire les frais. Cela va en conséquence créer encore plus d’inégalités scolaires, comme l’estime la majorité des syndicats d’enseignants.
Le SNES-FSU, (premier syndicat d’enseignant des collèges et des lycées généraux et technologiques), par exemple, « s’oppose fermement à la transformation de ce diplôme en examen conditionnant l’entrée au lycée ! » Ils expliquent que : « Le transfert d’élèves ayant échoué au brevet dans une classe de « prépa-lycée », aboutirait à la mise en place d’une classe de relégation, stigmatisante et n’offrant surtout aucune garantie sur le fait que ces élèves puissent poursuivre les études de leur choix en seconde générale, technologique ou professionnelle. »
Pour mieux comprendre l’avis des personnes qui sont directement touchées par les mesures, j’ai décidé d’interviewer deux élèves de troisième, en voici donc le résumé.
Pouvez-vous vous présenter chacune ?
- Je m’appelle Mayra Carneiro et je suis au collège Jeanne d’Arc à Colombes.
- Je suis Salomé Moyen, je suis en troisième au collège Blois-Vienne à Blois.
Les deux mesures principales qui sont traitées dans cet article sont d’abord la modification du contrôle continu qui est revu à la baisse, et l’obligation d’obtenir le brevet pour entrer en seconde. Que pensez-vous de ce dernier changement ?
Mayra : Je pense que ce n’est pas une si bonne idée parce que certains élèves sont très bons toute l’année et que le jour de l’examen, ils paniquent un peu et ils ratent leur épreuve...
Salomé : Moi, je pense que ce n’est pas forcément une mauvaise idée parce qu’il y a des élèves qui sont en difficulté mais qui passent au lycée quand même, et finalement perdent confiance en eux puisqu’ils n’ont pas le niveau.
Qu’est-ce que vous pensez de l’abaissement de la valeur du contrôle continu (qui est expliqué plus tôt dans l’article) ?
Mayra : Pour être honnête, le fait que le brevet s’obtienne grâce au contrôle continu, qui offre la moitié des points de l’examen, c’était un peu beaucoup ! Mais maintenant que le brevet est obligatoire pour le lycée, le contrôle continu est tout de même important. J’aurai préféré que le contrôle continu soit revu à la baisse, comme ils l’ont fait, mais ils auraient dû ne pas rendre le brevet obligatoire pour la seconde. Ça va créer plus d’élèves qui iront en « prépa-lycée ».
Salomé : De baisser la valeur du contrôle continu, c’est, je pense, une pas si bonne idée car, certains élèves ratent les épreuves à cause du stress de l’examen mais ils pouvaient se rattraper avec le contrôle continu, donc maintenant qu’il est revu à la baisse, et que le brevet est obligatoire pour la seconde, ça serait comme une double peine pour les élèves qui ratent l’épreuve.

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Ce papier a été écrit par Adame Malaisé à l’occasion de son stage de troisième à Mediapart en décembre 2023.