Billet de blog 2 janvier 2024

Salomé Moyen

Abonné·e de Mediapart

La langue de Molière en constante évolution pour le meilleur et pour le pire…

La langue française a toujours été considérée comme très riche. Cependant, on peut constater une certaine simplification et une sorte d’« appauvrissement » du langage chez les jeunes en particulier.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’époque où cette langue, servant tantôt à conquérir le coeur de demoiselles, tantôt à défendre son honneur, lors de pièces de théâtre en prose si symboliques de l’ère de prestige du français, est, on le sait loin, de nous. Depuis cette période, le français continue d’évoluer au fil des siècles. Mais la tournure que prend cette évolution actuellement est-elle souhaitable et profitable pour cette langue ?

L’origine de la langue française :

À l’origine, la langue française provient particulièrement du latin, langue parlée dans le bassin méditerranéen à l’Antiquité. Le plus vieil écrit en latin a été trouvé lors de fouilles archéologiques en 1887 dans le Latium, il se trouvait sur la Fibule de Préneste (un petit objet) et daterait du 7ème siècle avant J.-C.

Illustration 1
Portrait de l'Abbé Grégoire par Pierre Joseph Célestin François @wikipedia

 Au fil, des siècles le latin passa du gallo-roman au français classique en passant par l’ancien français jusqu’à arriver au français que nous connaissons désormais, le français moderne. Toutes ces évolutions ont toujours eu pour but de trouver une langue comprise par l’ensemble de la population. En effet, peu avant la Révolution française de 1789, on estime que seulement un quart de la population parlait le français. Les langues régionales prenaient donc le pas sur cette langue idéalisée par les dirigeants comme étant la langue représentant le pouvoir de la France et une sorte de symbole de l’union nationale.

Par exemple, l’abbé Grégoire en juin 1794, expliqua que l’on ne parlait français dans « exclusivement » une quinzaine de départements sur quatre-vingt trois à l’époque, et trouvait insupportable cette idée. Le 20 juillet de la même année, un décret imposa ces termes : « Nul acte public ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire français, être écrit qu'en langue française. »

Depuis, le français s’est très fortement développé et est actuellement la langue parlée partout en France excepté dans certaines régions où des patois restent parlés par une faible partie de la population. En effet, le ministère de la culture explique que « seuls 2 % de la population de France métropolitaine maîtrise une ou plusieurs langues régionales ».

Le français que les jeunes se sont approprié :

En tant que collégienne, j’ai pu remarquer et analyser comment le français est utilisé par la jeunesse de nos jours. Tout d’abord, selon moi, le langage est de plus en plus vulgaire, les phrases de moins en moins complexes, voire même pas entières. J’estime que le vocabulaire est souvent très pauvre, par conséquent, la description de sentiments ou des émotions est beaucoup moins représentative de la réalité. Les relations entre les gens me paraissent donc beaucoup moins authentiques, dans un certain sens, plus superficielles et basées sur des normes imposées par la « mode » du langage le moins riche et développé possible.

Illustration 2
Étude du CNL. Les jeunes français et la lecture. @ Infographie / CNL

On peut imaginer que cette tendance est en partie due au désintérêt croissant pour la littérature et la lecture chez les adolescents. Le CNL (Centre national du livre) a mené une étude avec Ipsos en 2022 nommée Les jeunes français et la lecture. Les objectifs de cette étude sont de « mesurer, comprendre et identifier les pratiques, leviers et freins à la lecture chez les jeunes de 7 à 25 ans ». Cette étude révèle que 89 % des 10-12 ans lisent pour le plaisir tandis que ce nombre diminue à 68 % parmi les 13-15 ans (chez les garçons).

Ce défaut d’expression des sentiments implique, à mon avis, que la communication est plus compliquée et que l’action est plus développée.

Des visions contraires :

Au moment de discuter de mon sujet d’article avec mes collègues-stagiaires, ils m’ont presque tous dit qu’il n’existait pas d’appauvrissement du langage français. Comme exemple ils m’ont expliqué que de nouveaux mots entraient dans le dictionnaire tels que « covidé », « greenwashing » et que d’autres en « franglais », comme « week-end », « challenge », « brunch », existaient déjà…

Ils m’ont rappelé que « la société devenait très anglicisée, qu’il y avait également de nouveaux phénomènes scientifiques et/ou politiques nécessitant de nouveaux noms. L’arrivée de ces nouveaux mots permet l’ouverture des esprits des jeunes aux nouvelles cultures ».

Ces remarques m’ont permis de comprendre que le sujet n’est pas tant l’appauvrissement de la langue française en elle-même mais plutôt l’appauvrissement de sa maîtrise par les jeunes.

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