À droite de la droite, le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a été élu président du parti Les Républicains ce 11 décembre 2022. Il l’emporte face au chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau avec 53,7 % dans un second tour d’un congrès aux teintes de l’extrême droite.
Un projet aux formes de l’extrême droite
Éric Ciotti avait participé en automne 2021 au congrès de LR pour devenir leur candidat à l’élection présidentielle de l’année suivante. Il avait, lors de sa compagne, incarné une ligne très proche de celle de l’extrême droite en souhaitant un fort contrôle de l’immigration et en affirmant en outre sur LCI « si il faut parler de grand remplacement, je parle de grand remplacement » utilisant le langage martelé par Éric Zemmour et d’autres acteurs de l’extrême droite en voyant les migrants comme un problème pour la vitalité de la France basant leur projet sur d’évidentes thèses racistes.
Il avait créé la surprise en terminant en tête du premier tour du congrès mais avait perdu au second tour face à Valérie Pécresse. Cette dernière a fait une campagne présidentielle sur une ligne semblable à celle de Ciotti en utilisant le therme de « grand remplacement » dans son meeting au Zénith de Paris confirmant le rapprochement entre LR et l’extrême droite. Cette ligne n’a pas séduit les électeurs donnant Valérie Pécresse à 4,78 % des voix à l’élection présidentielle, derrière Éric Zemmour (7,07 %) et très en dessous de Marine Le Pen (23,15 %).
Cet automne 2022, le député des Alpes-Maritimes a décidé de se présenter au congrès LR désignant le président du parti. Il a fait campagne sur les mêmes thèmes que l’année précédente, il ne se distingue finalement peu de son adversaire et de son homologue du RN sur ces thèmes. Cependant il souhaite, en opposition avec Bruno Retailleau, supprimer les primaires chez LR et soutenir la candidature de Laurent Wauquiez pour l’élection présidentielle de 2027.
La fin du « barrage républicain »
« Personnellement je ne voterai pas Emanuel Macron » a annoncé Éric Ciotti sur le plateau de TF1 à la suite de premier tour de la présidentielle de 2022 se refusant par conséquent au « barrage républicain » instauré par son camp politique 20 ans auparavant.
En 2002, suite à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, presque toutes les formations politiques et surtout l’UMP, ancêtre des Républicains, appellent à faire battre le Front National. Ce parti fondé par des SS et majoritairement antirépublicain est encore perçu comme un danger pour la majorité de la population française. Mais aujourd’hui le projet de ce parti devenu Rassemblement National est normalisé dans un grand nombre de médias qui relaient systématiquement les paniques racistes, islamophobes et conservatrices de l’extrême droite. Et, alors que Jaques Chirac avait décidé de ne pas débattre avec Jean-Marie Le Pen, le débat d’entre 2 tours opposant Macron et la fille du dirigeant frontiste à bien lieu en 2017 et 2022 sans que ne soit évoquer que le projet du RN est a minima problématique pour notre république.
En suivant aveuglément les discours de l’extrême droite et en propageant dans les médias des discours racistes, Ciotti et les LR actent la dédiabolisation du RN en laissant mourir le barrage républicain car pour eux le projet n’est plus de « faire barrage » contre une extrême droite de plus en plus forte mais de suivre le sens du vent pour survivre même si pour cela il doivent épouser les formes du RN en abandonnant la République.