Régulièrement des nouvelles des détenus politiques zapatistes, ou appartenant au mouvement de l'Autre Campagne, viennent nous rappeler qu'avec l'organisation et l'instrumentalisation de groupes paramilitaires, avec le déploiement de stratégies sophistiquées de division entre familles et communautés, le harcèlement contre le mouvement zapatiste passe aussi par l'arbitraire judiciaire le plus total... Le nouveau président de la République fédérale mexicaine, élu en juillet dernier dans des conditions éminemment suspectes (de graves accusations et preuves de fraudes multiples ont été publiées -vainement- dans une partie de la presse)s'appelle, rappelons-le, Enrique Peña Nieto. C'est sous son mandat, alors qu'il était Gouverneur de l'Etat de Mexico, qu'a eu lieu la violente agression contre les habitants des villages d'Atenco, qui s'opposaient à la construction d'un aéroport sur leurs terres. Cette attaque, menée par 2500 policiers, s'était soldée par l'assassinat de deux jeunes (l'un de 14 ans, l'autre de 21 ans), le viol d'une trentaine de femmes au cours de leur transfert en prison (des préservatifs avaient été distribués par les gradés à leurs hommes, la veille de l'opération), de nombreux blessés, des destructions et le pillage de dizaines de maisons... mais aussi par des peines de prison extrêmement lourdes à l'encontre des porte-parole des paysans. 112 ans pour Ignacio del Valle et deux de ses compagnons ! Leur innocence(suivie de leur mise en liberté), n'avait pu être établie qu'à la suite d'une intense campagne de solidarité. Les paysans d'Atenco ont en outre bénéficié des rivalités entre Peña Nieto et le président aujourd'hui sortant, Felipe Calderón. Son successeur, et avec lui le P.R.I. (parti de la révolution institutionnelle), ont les mains libres pour tenter d'écraser définitivement les résistances ouvrières, paysannes et indigènes devant les politiques d'industrialisation brutale, les exploitations minières et les méga-projets massivement destructeurs dont le capitalisme a besoin pour se développer et survivre à la fois.
Chiapas: Alberto Patishtán, Rosario Díaz et Francisco Sántiz, toujours enfermés… L’indigène tsotsil Alberto Patishtán purge un peine de 60 ans de prison pour « des délits qu’il n’a pas commis » La cour suprême de justice de la nation accuse réception d’une lettre d’Amnesty International en soutien à Alberto. L’opération chirurgicale qu’il a subi récemment à Mexico lui a permis de récupérer 70% de sa vision. Selon un accord publié par la première salle de la cour suprême de justice de la nation, celle-ci accuse réception d’une lettre d’Amnesty International (AI) en soutien à Alberto Patishtán Gómez, laquelle n’a pas été encore rendue publique – a informé Leonel Rivero – avocat du Professeur tzotzil condamné à 60 ans de prison pour des délits qu’il n’a pas commis et pour lesquels il a déjà purgé 12 ans de prison. Patishtán Gómez, membre de l’organisation des prisonniers « la Voix de l’Amate » dans la prison de San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, est en convalescence dans un hôpital de Tuxtla Guitérrez depuis le 18 octobre, suite à une intervention chirurgicale subie à Mexico en raison d’une tumeur cérébrale. « L’opération lui a permis de récupérer la vision. Selon ses propres commentaires « la lumière est revenue », pas complètement mais à 70%. « Je peux lire et écrire » a-t-il transmis via le collectif IK, qui suit le cas. Cependant « Alberto ne devrait pas être hospitalisé car sa sortie a été autorisée par son médecin traitant à l’institut National de Neurologie et Neurochirurgie (INNN) », comme l’a informé le neurologue de l’hôpital Isstech-Vida Mejor au Chiapas. Les groupes solidaires de Patishtán signalent que la prison n’est pas l’endroit adéquat pour son rétablissement. « Il a besoin d’être pris en charge par des personnes de confiance, lui même a demandé aux autorités pénitentiaires que lui soit accordé une prise en charge de la part des amis qui l’ont suivi à San Cristóbal » . Son prochain rendez-vous à l’Institut de Neurologie aura lieu fin novembre. D’autre part, le prisonnier Rosario Díaz Méndez, lui aussi membre de « la Voix de l’Amate » et adhérent de l’Autre Campagne de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), enfermé dans la prison de San Cristóbal, a dénoncé que la résolution de son cas a été reportée encore une fois par le juge de Simojovel, qui aurai dû résoudre sur son cas depuis la semaine dernière. Díaz Méndez ajoute que « la juge Isabella Álvarez Ramos, du tribunal de Simojovel de Allende, a changé encore une fois la date de l’audience, repoussée au 7 novembre. J’ignore leurs intentions car ils savent parfaitement que je n’ai pas commis l’homicide dont ils m’accusent. La personne supposée être la victime, Rogelio Gómez García, a lui même plaidé pour ma liberté. De la même façon les témoins de l’accusation ont signalé mon innocence concernant l’homicide et le vol perpétrés à Huitiupán, en 2005 ». Il demande à la juge « de se prononcer en faveur de ma liberté immédiate » et au gouvernement de Juan Sabines Guerrero « qu’il donne les instructions nécessaires pour que mon droit à la justice me soit rendu ». Parallèlement, des collectifs solidaires des communautés zapatistes en Inde, en Colombie ou en Grande-Bretagne demandent aux gouvernements de Felipe Calderón et de Juan Sabines Guerrero la libération de Francisco Sántiz López, base d’appui de l’EZLN et originaire de Tenejapa. Depuis le 4 décembre dernier, Sántiz López se trouve « injustement incarcéré sur de fausses accusations suite à des affrontements à Banavil, Tenejapa ». Bien que plusieurs témoignages penchent en faveur de son innocence, « les autorités chargées de rendre la justice refusent de prendre en compte ces témoignages clés ». Ces derniers confirment que Sántiz López, l’accusé, n’était pas présent sur les lieux lors des faits. De la même manière, le Conseil de Bon Gouvernement du Caracol Oventic et le Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de Las Casas ont signalé « l’impunité gagnée par les véritables responsables de l’assassinat et des agressions commises à Banavil ». Hermann Bellinghausen Journal la Jornada Source: http://www.jornada.unam.mx/2012/10/31/politica/016n1pol