Non, il ne s'agit pas de foot... Cela se tient dans les locaux de l'Athénée Libertaire de Bordeaux1, en Aquitaine. Une exposition, riche de photographies, textes, gravures, sérigraphies, collages. Mieux qu'un livre, mieux qu'un film, pour aborder l'histoire incroyable de la Commune d'Oaxaca. Cette belle ville du Sud-Est mexicain, capitale de l'état éponyme, dont la population, en 2006, s'est soulevée contre un gouverneur tricheur et criminel. Ulises Ruiz Ortiz avait envoyé des tueurs réprimer les manifestations des 70.000 maîtres d'école, en lutte depuis des années pour tenter d'obtenir une amélioration des conditions de vie et d'étude de leurs élèves, enfants de l'une des régions les plus appauvries du Mexique. La population de la ville, inspirée et soutenue par les nombreuses communautés indigènes de l'état, avait alors chassé les politiques et leurs sbires de la ville, et déclaré nules et non advenues les institutions de l'exécutif, du législatif et du judiciaire... Pendant plusieurs mois, elle avait pris son destin en main, organisant d'en bas les conditions d'une vie plus digne, désirable et joyeuse. Approvisionnement alimentaire, santé, éducation, information (avec la prise des radios et de la chaîne locale de TV) ont fonctionné sans autre pouvoir que celui d'un auto-gouvernement profondément démocratique, à l'image de la culture et des pratiques ancestrales des villages zapotèques, mixes, triquis ou mixtèques.
Certes, la force brutale a depuis repris ses droits, ceux des plus forts, et une répression impitoyable, le terrorisme d'état ont mis un terme sanglant à cette belle aventure.
Mais, et c'est une des grandes qualités de l'exposition sur la Comuna de Oaxaca que de savoir nous le montrer, le mouvement populaire des oaxaqueños n'a pas été anéanti. Les semences de la révolte contre l' injustice, la consommation aliénante et la violence capitaliste, ont refleuri, et en même temps cette puissante aspiration à vivre autrement, à reconstruire une histoire collective basée sur l'autonomie, la solidarité, l'intelligent retour vers la terre mère...
Manu, le « père » de cette superbe expo, et le jeune représentant mexicain du mouvement VOCAL (Voix Oaxaquègnes Construitant l'Autonomie et la Liberté) vous donneront envie de partir là-bas, ou en tout cas de discuter avec vos voisins : si on se faisait une petite commune ?
En attendant, c'est samedi 10 et dimanche 11 avril, à Bordeaux, en Aquitaine.
Jean-Pierre Petit-Gras
1 L'Athénée se trouve au 7 rue du Muguet 33000 Bordeaux, France 05.56.81.01.91 www.atheneelibertaire.net