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Billet de blog 16 septembre 2010

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MEXIQUE : Copala, un pas de plus vers l’horreur

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La politique de répression du gouvernement mexicain contre les communautés indigènes atteint des degrés extrêmement préoccupants. Il semble que les autorités du pays à tous les niveaux, de l’Etat fédéral à l’échelon local (municipal), en passant par les états régionaux à forte population indienne (Chiapas, Oaxaca, Guerrero, Michoacan, etc.) prennent de moins en moins de gants pour appliquer des plans politiques, économiques et sociaux qui s’apparentent à un véritable ethnocide.

Une série d’événements récents sont particulièrement significatifs.

1/Au Chiapas, 170 tseltals, bases de soutien zapatistes, ont été brutalement expulsés de leur village, San Marcos Avilés (Municipio de Chilón), par des individus armés, membres des partis liés aux différents niveaux du pouvoir politique : PRI, PRD et « Parti Vert Ecologiste Mexicain ». Leur crime est d’avoir ouvert une école autonome... Par ailleurs, dans le même état du Chiapas, les provocations se multiplient contre les communautés zapatistes et celles qui sympathisent avec l’Autre Campagne et l’EZLN, afin d’imposer la construction d’une autoroute, qui traversera les terres de ces communautés. L’ « Armée de Dieu » et autres groupes paramilitaires se font de plus en plus menaçantes, comme à Mitziton, près de San Cristobal de Las Casas. L’objectif est de pousser l’EZLN à réagir violemment, afin d’ouvrir la voie à une intervention massive de l’armée fédérale, dont les bases sont disposées stratégiquement, pour perpétrer un véritable massacre contre les communautés zapatistes de la forêt lacandone et des Altos du Chiapas.

2/ Dans l’Etat du Michoacan, les opérations combinées entre la marine mexicaine, qui investit les villages à la recherche d’armes, et les pistoleros du narco-trafic, enlevant et assassinant les villageois, ont créé ces temps derniers une situation dramatique dans la région de Santa María Ostula, sur la côte pacifique.

3/ Les enlèvements et meurtres de migrants, ceux de jeunes femmes dans les zones de maquiladoras (usines de montages) du nord du pays, se poursuivent dans l'indifférence officielle. Les liens entre les cartels (celui du "Golfe", la "Famille", ou encore les "Zetas", formés d'anciens membres des forces spéciales), les partis politiques, l'armée et la police restent quasiment inextricables.

4/ Dans l’Etat de l’Oaxaca, enfin, il est absolument urgent de réagir à l’ultimatum paramilitaire contre les triquis de San Juan Copala. Deux groupes paramilitaires, l’UBISORT et le MULT, financés et protégés par le gouverneur Ulises RUIZ ORTIZ, viennent en effet de prendre d’assaut la mairie de la commune autonome de San Juan Copala. Ces individus exigent de tous les habitants du village qu’ils quittent les lieux dans les 24 heures, sans quoi ils seront éliminés. Au moment même où les autorités mexicaines fêtent en grande pompe le deuxième centenaire du début du soulèvement populaire pour l’indépendance, cette bande d’assassins agit en toute impunité. La vraie guerre dans le pays est celle que mènent l’Etat fédéral avec ses militaires, les gouvernements locaux avec leurs polices, les groupes paramilitaires et leurs complices des cartels de la drogue contre les communautés indigènes et la paysannerie en général, afin de transformer les terres nourricières en une immense machine à fric (cultures d’exportation -avocats, agrumes, tomates- plantations destinées aux "biocarburants", mines à ciel ouvert, méga-barrages, projets touristiques...). La résistance des populations à ce véritable génocide, qui est réelle, nous concerne tous. Leur culture, appuyée sur un profond respect du vivant, l'exigence de dignité et une pratique concrète de la solidarité et de la démocratie, est l'un des derniers remparts d'une humanité à la dérive.

Il faut soutenir la commune autonome de SAN JUAN COPALA !

Jean-Pierre Petit-Gras

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