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Billet de blog 18 août 2013

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Belo Monte : Expropriations et relogement dans des cubes fissurés avec dates de péremption ...

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Illustration 1
cube en béton fissuré à la place de la maison vantée par la pub...

Bienvenue dans le monde merveilleux du développement durable pour tous ...

Norte Energia, GDF-Suez, Vinci même combat. Que ce soit à Belo Monte, à Jirau ou à Notre-Dame-des-Landes, les pratiques des bétonneurs et des États qui les protègent restent les mêmes. Expropriations forcées, indemnisations minables, relogement dans des maisons en béton pourries, arnaques en tout genre, utilisation des appareils répressifs de l’État (police, armée, tribunaux, amendes) pour faire plier les contestataires. Un texte édifiant sur les pratiques de l'entreprise publique brésilienne Norte Energia qui réinvente le concept du relogement des personnes expropriées par son barrage de merde : le cube fissuré avec date de péremption...

Des indemnisations dérisoires et des maisons avec "date de péremption" font peur aux habitant.e.s d'Altamira.

publié le 17 août sur Xingu Vivo (les titres en italique ont été rajoutés par mes soins)

La semaine dernière, Norte Energia, responsable pour la construction du Barrage de Belo Monte, a initié une nouvelle phase d'expropriation à l'aide d'indemnisations dérisoires, cette fois-ci dans la zone urbaine d'Altamira (ville à 40 km du chantier). Cette pratique qui concerne les habitant.e.s des zones rurales depuis 2010 a déjà engendré 40 actions en justice contre l'entreprise.

Illustration 2

La première famille a avoir été expulsée par la force dans la zone urbaine était propriétaire d'un terrain de 356,48 mdans un quartier de la ville. Selon Eliel Xavier de França qui habite là depuis 25 ans, le terrain abrite une villa construite par ses parents et sept petites maisons qui rapportent un loyer de 3200 R$ (1000 euros) à sa mère dona Edith. "J'habite dans une des maisons et ma mère loue les 6 autres. Il y a quelques temps un ingénieur d'une boite privée se pointe à la maison en disant que Norte Energia avait besoin du terrain pour faire des travaux de tout à l'égout. Un peu plus tard arrive l'équipe de Norte Energia qui propose de suite un prix fixe pour le terrain de 160 R$ (50 euros, la famille étant relogée par Norte energia). Imaginez un terrain qui vaut au minimum 800 R$ (250 euros) et encore c'est un minimum", affirme Xavier.

Justice, Norte Energia, même combat...

Vu les pressions exercées sur Xavier et ses sept frères, la famille finit par faire une contre proposition de 500 R$ mais Norte Energia refuse de négocier et attaque en justice. La semaine dernière, le juge Sergio Wolney de Oliveira Batista Guedes a ordonné l'expulsion de Xavier et sa mère, leur donnant cinq jours pour quitter le terrain.

"Nous avons fait appel de la décision, mais notre situation est très précaire. Si nous perdons tout, où allons-nous aller ? J'aurais voulu être déplacé ailleurs si j'avais eu le choix, mais ils ne nous ont pas donné cette option. Le prix des maisons et des terrains à Altamira est très élevé, nous n'aurions jamais pu retrouver quelque chose d'équivalent, et inutile d'imaginer qu'il resterait de l'argent pour construire autre chose", dénonce l'habitant qui travaille comme artisan ambulant. Le revenu des loyers reçus par sa mère n'a pas été pris en compte par Norte Energia.

De plus en plus de familles à déplacer...

En décembre 2012, le Ministère Public Fédéral a finalisé une étude qui pointe que le nombre de personnes déplacées, dans la ville d'Altamira, à cause de l'inondation provoquée par le barrage de Belo Monte pourrait être bien plus important que les 16 mille familles prévues par l'entreprise.

Selon les propres chiffres du MPF (Ministère Public Fédéral), plus de 25 mille familles sont concernées, nombre que l'entreprise a été obligée de prendre en considération par décision de justice.

Norte Energia propose ses maisons réservées aux populations déplacées à grand renfort de publicité mensongère : "l'Usine Belo Monte va amener le tout à l'égout, construire des maisons, des écoles et des hôpitaux pour ces communautés..."

5.000 famílias de Altamira receberão novas casas © UHE Belo Monte

La proposition de Norte Energia pour réinstaller les familles concernées a généré son nouveau lot de protestations entre les personnes impactées. Selon la coordinatrice du mouvement Xingu Vivo, Antonia Melo, l'entreprise avait annoncé au début qu'il y aurait trois modèles de maisons : 63 m2, 69 m2 ou 78 m2, en fonction de la taille des familles, avec un terrain de 300 m2. Toutes les maisons seraient en briques et construites à 2 km de nos domiciles actuels. En 2011, Norte Energia sort un spot publicitaire diffusé dans les principaux aéroports du pays (sic) illustrant le modèle de relogement urbain qu'ils allaient réaliser.

Pas de maisons de rêves mais des cubes de béton fissurés à plus de 8 bornes avec des dates de validité comme sur les yaourts...

“Ce que nous avons maintenant, en fait, c'est des constructions cubiques de ciment dans des camps de fortune comme le Jotobá et le Santa Clara, à plus de 8 km du centre d'Altamira. Pire, les cubes auraient une date de validité de 5 ans selon l'entreprise. Mais depuis quand il y a des dates de validité pour des maisons ? C'est du jamais vu !" dénonce Antonia. De fait, les maisons en construction présentent un grand nombre de fissures avant même d'être achevées (c'est le cas de le dire...), comme le témoignent les photos envoyées.

Le gouvernement et Norte Energia se fichent de notre gueule...

"En 2010, je me suis entretenu avec l'évêque Don Erwin et le président Lula, qui avait promis des logements dignes pour la population. Qu'est qu'il y a de digne là-dedans ? Ils se sont fichus de notre gueule. Le pire c'est que le gouvernement de Dilma Roussef et du PT le fait avec nous", se confie la coordinatrice de Xingu Vivo.

Selon elle, les réclamations de la population impactée, formulées lors des nombreuses réunions et audiences publiques, ont été exclues de la documentation que Norte Energia a présenté à l'Ibama (institut brésilien de l'environnement), responsable pour l'accord d'une licence de réinstallation." Ce fait est lui aussi questionné comme l'est le gouvernement", informe Antonia Melo.

Source publiée le 17 Août 2013 sur http://www.xinguvivo.org.br/2013/08/17/indenizacao-irrisoria-e-casas-com-prazo-de-validade-assustam-moradores-de-altamira/

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