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Billet de blog 21 septembre 2012

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L'impact du barrage de Belo Monte augmente sur les populations indigènes.

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Illustration 1

L'indien José Arara, 65 ans, pointe le lit du fleuve du doigt, des pierres affûtées à la main et dit, d'un ton provocateur : « Une fois le fleuve bouché, qu'allons-nous devenir ? Je ne dis pas ça pour moi, car je suis déjà brisé par les années, mais et mes enfants, mes neveux, cousins ? Le vieil indien Juruna, du village Paquiçamba, redoute le futur qui sera imposé au village avec le barrage du fleuve Xingu.

Sur cette partie, le fleuve doit être asséché. Il y a du mécontentement entre les indiens en relation à la compensation qui doit leur être donnée pour avoir interrompu leur mode de vie avec la construction du barrage hydroélectrique de Belo Monte. Pour les indiens, le consortium Norte Energia, responsable des travaux, parle la langue «des blancs», ce qui veut dire qu'on n'a pas pu lui faire confiance jusqu'à présent.

« Ils ont fait beaucoup de promesses qu'ils n'ont pas tenu » résume le chef Manoel Juruna. «Mais, au final, ce que nous savons c'est qu'il n'y a pas d'argent qui puisse compenser la destruction qu'il sont en train de faire ou vont faire. Si il arrive que le barrage soit terminé, le fleuve va sécher et le poisson va mourir.» dit-il. Le village Paquicamba est situé sur les berges du fleuve et si le fleuve n'a pas encore été asséché certaines parties sont en train de sécher. Le nombre d'habitants du village ne dépasse pas les 19 familles éparpillées dans des maisons faites de bois et de paille.

La pêche est devenue plus difficile. «Il n'y a presque plus de poisson» se plaint Jerciléia. Elle range son canöe, avec son fils en bas âge sur les bords du fleuve. Elle rentrera les mains vides, aucun poisson. Aucune moule, voilà le résultat d'une après-midi de pêche. Jerciléia sera sauvée par l'arrivée d'un groupe de jeunes indiens qui sont arrivés avec cinq tortues. Elle en reçoit une pour le dîner.

L'arrivée au villa Paquicamba ne se faisait que par le fleuve. Depuis le centre d'Altamira (Etat du Pará), il y a presque 7 heures de parcours en barques munies de petits moteurs. Il y a eu un changement de parcours ses dernières semaines. Une route est en train de se construire dans la forêt. Elle se termine en face d'un petit stade de football en face du village. Deux heures de voiture sur un parcours encore difficile.

PRESENCE
Et quand on perçoit la présence du consortium Norte Energia d'une façon brutale, avec ses arbres déracinés et les engins de chantier lourds qui ouvrent des tranchées au travers de la forêt et creusent le passage, dans un scénario digne d'un film de science fiction. A côté, des plantations de cacao ont été divisées comme des frontières fragiles. Ou des arbres gigantesques déracinés et encore fumants qui indiquent qu'ils ont été brulé récemment.

Maria Félix Juruna n'aime pas ce qu'elle a vu. Ses cheveux blancs ne se sont pas encore habitués à la possibilité de changer de mode de vie. «Nous nous sommes construits ici», dit-elle, alors qu'elle amène son neveu par la main qui vient de sortir de son bain.

Les autres villages ont senti de près les altérations à leur mode de vie apportés par les chantiers de Belo Monte. Des nutritionnistes de l'Université Fédérale du Pará (UFPA) ont fait des études sur les altérations alimentaires survenues dans les villages affectés par le contact avec les équipes de Norte Energia. Le cadre commence à devenir préoccupant.

«En général, il y a beaucoup de déchets non organiques dus au don périodiques d'aliments industrialisés par Norte Energia. «Certains de ces aliments arrivent dans les villages déjà presque périmés», relate dans son rapport un chercheur qui est resté récemment en contact avec huit villages, six appartenant aux indiens Arawete et deux aux Asurinis.

«l'obésité apparaît, surtout chez les femmes, car elles consomment quotidiennement plus de deux litres de soda par personne. Dans un futur très proche des cas de diabète vont faire leur apparition», alerte-t-il.

Les impacts sur les indiens sont analysés dans une perspective satisfaisante, selon l'entreprise Norte Energia. Dans une note, l'entreprise affirme que les consultations ont été réalisées en conformité avec la législation du pays et elle rajoute que, pour auditionner les communautés indigènes de la région du Xingu, 38 réunions dans 24 villages ont été réalisés en collaboration avec la Funai (Fondation Nationale de l'Indien) entre décembre 2007 et octobre 2009.

Ces consultations, en attendant, sont l'objet de controverses. Le 23 août, les travaux ont été paralysé par décision de justice eu égard à la nouvelle initiative du Ministère Public Fédéral. Les juges du Tribunal Régional Fédéral de la Première Région, basée à Brasília, ont conclu que les indiens n'avaient pas été consulté avant l'autorisation de la mise en chantier et que cette consultation ne pouvait être réalisée que par le Congrès National. Ni l'Ibama, ni la Funai n'avaient ce pouvoir.

L'impasse a été levée par voie judiciaire.
L'Etat brésilien au travers de l'Advocacia Geral da União (procureurs de la république) a déposé une réclamation devant le Tribunal Fédéral du Brésil (STF). l'AGU est entrée avec un recours pour suspendre la paralysie des travaux de l'usine hydroélectrique de Belo Monte. Le procureur général de la République a relevé le fait que la décision qui ne devait pas être rendue publique est donc considérée caduque.

La réclamation de l'Etat a été bien-fondée avec une demande finale qui demande l'annulation de l'accord du Tribunal Régional Fédéral de la première Région qui a suspendu les travaux. Le procureur de la République a ajouté qu'il n'y a pas eu de décision du Tribunal mais «qu'il y a eu à peine une décision singulière de la Présidente du Tribunal Suprême Fédéral».

Dans le document envoyé au Tribunal Suprême fédéral le procureur de la République dit que la consultation des populations indigènes, en ce qui concerne les mesures administratives et législatives qui peuvent les affecter, est une conséquence logique de son autodétermination, ce qui veut dire, de la possibilité de s'approprier, libres de toute interférence externe, leurs projets de vie.

Ce qui est aussi le découlement logique de l'autodétermination des populations indigènes, idée forte d'une société plurielle, préconise que la consultation soit antérieure. La consultation postérieure, une fois déjà consumé le sujet sur lequel ont veut discuter, est telle une coquille vide, incompatible avec les libertés d'expression et de gestion de son propre destin aussi bien au regard de la constitution, qu'à celui de la convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail qui les assurent», conclu le document.

«Il n'y a pas de vice de forme a Belo Monte», dit le consortium Norte Energia. Le projet a été étudié pendant plus de 35 ans, passant par des changements qui ont mené à la réduction des impacts environnementaux et sociaux. En relation aux audiences publiques, l'entreprise réitère que les consultations ont été faites conformément à la législation brésilienne. Quant aux questions judiciaires, elles sont liées aux répercussions de la construction et elles sont traitées avec les instances compétentes», explique l'entreprise.

Publié le 16 septembre 2012 sur xinguvivo.org.br - Diário do Pará (source)

http://www.xinguvivo.org.br/2012/09/16/2631/

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