"Faire mieux que la télévision. Roger Louis et l'aventure Scopcolor (1968-1976)" Tel est l'intitulé d'une journée d'étude organisée le 2 décembre 2024 à la Sorbonne Nouvelle - Campus Nation par l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel (IRCAV)
PROGRAMME
Agrandissement : Illustration 2

"Certifié exact": La vingtaine d’émissions réalisées entre 1969 et 1972, sur une périodicité mensuelle puis trimestrielle, constitue une production audiovisuelle unique, à la croisée du reportage de société, du documentaire politique et du document pédagogique, sur des sujets de fond qui, partant de l’actualité immédiate, intéressent l’ensemble de la société (le travail, la santé, l’alimentation, la jeunesse, la ruralité, la pollution, l’information, etc.). L’originalité de Scopcolor tient à la volonté de dépasser l’information en « circuit fermé » de la télévision en proposant « un outil de travail conçu pour, élaboré avec, diffusé auprès de tous les groupes préoccupés d’action sociale et culturelle ». Disponibles sur abonnement auprès des organisations syndicales, des mouvements coopératifs et d’éducation populaire, les numéros de Certifié exact bénéficient ainsi d’autant de relais dans le circuit non commercial (comités d’entreprises, sections syndicales, foyers socio-éducatifs, maisons de jeunes, associations de quartier) que de lieux de débats et d’échanges avec les spectateurs.

Si Scopcolor se définit comme la propriété collective de ses membres, professionnels de l’audiovisuel et organisations partenaires, son initiative revient à un homme, Roger Louis (1925-1982).
Ancien enseignant, fondateur des premiers télé-clubs ruraux, reporter du célèbre magazine d’information télévisé Cinq colonnes à la une et producteur novateur à l’ORTF, Roger Louis présente un parcours atypique dans la télévision française des années 1960, qui trouve ses origines dans l’éducation populaire. « Journaliste de rencontre » (P. Desgraupes) et « médiateur pédagogique » (B. Jeannin), il incarne une figure pour qui « qualitativement, il n’y a pas de différence entre un travail d’information et un travail d’éducation ». Dès le mois d’avril 1968, il imagine avec Marcel Trillat et la Ligue de l'enseignement un espace de réflexion disposant d’une relative autonomie au sein de l’ORTF et accueillant des gens d’images, des chercheurs, des représentants syndicaux et des spécialistes de l’action culturelle : le Centre de recherche pour l’éducation permanente et l’action culturelle (CREPAC).
Se voulant une réponse aux « exigences modernes de l’information » et au contrôle des médias par le pouvoir politique, le Crepac entend « poser un problème beaucoup plus général et beaucoup plus fondamental, celui de la place et du rôle de la télévision dans la diffusion des idées au sein d’une société comme la nôtre. » À la fois société de presse et société de production, Scopcolor sera l’outil désigné pour mettre en œuvre ce projet. L’aventure Scopcolor s’est jouée en dehors du cadre institutionnel, journalistique et télévisuel de l’ORTF. Son histoire reste encore à écrire et ses films à découvrir.
La journée d’étude est organisée conjointement par l’association Dodeskaden, laboratoire de diffusion affilié à la Ligue de l'enseignement des Bouches-du-Rhône, et l’Université Sorbonne Nouvelle, en partenariat avec la Cinémathèque universitaire et l’Institut national de l’audiovisuel.