Le poète grec Hésiode a écrit ses œuvres au VII° siècle av JC. Nous ne savons que peu de choses sur sa vie. Ses parents sont venus d’Ionie pour s’installer en Béotie, dans le Nord de la Grèce, sur des terres pauvres. Moins célébré que Homère, qui vivait à la même époque, il est pourtant l’auteur de deux œuvres magistrales. La « Théogonie » et « Les travaux et les jours ». Rédigées bien sûr sous les auspices des Muses.
La « Théogonie » (Naissance des Dieux, en grec) est une généalogie fabuleuse. Elle s’appuie sur des récits populaires antérieurs et donne une puissante forme littéraire à des mythes fondateurs. Du Khaos primordial, à la fois Etre et Non-Etre, surgissent Eros, l’Amour, le Désir, Gaïa, la Terre « à la belle poitrine », Ouranos, le Ciel. Celui-ci s’accouple avec Gaïa mais enferme leur progéniture. Chronos, un de ses enfants, se rebelle et l’émascule. Une foule d’êtres mythiques surgissent à cette occasion. Pour conserver le pouvoir, Chronos dévore ses propres enfants. Zeus y échappe et finit par détrôner son père. Une série de batailles se déroule contre les Titans et les Géants. Les Dieux finissent par l’emporter et s’installent sur le mont Olympe. Leurs noms nous sont familiers : Héra, Aphrodite, Apollon, Héphaïstos, Poséidon… La mythologie grecque reste une ressource littéraire et anthropologique d’une grande profondeur.
Dans « Les travaux et les jours », Hésiode décrit le monde des Hommes après celui des Dieux. Il montre une proximité entre les deux mondes qui n’existe pas dans les religions monothéistes. Les Dieux grecs n’assignent pas un sens à la vie. Le bien et le mal restent relatifs. Il n’y a pas de livre saint, mais des récits mythiques dans lesquels on peut se retrouver. Pas d’ennemi absolu et pas de guerre sainte. Hésiode distingue deux formes de lutte. D’une part une lutte qui est « le combat et la guerre lugubre ». Les hommes l’abhorrent, souligne-t-il. L’autre lutte est « l’ardeur au travail… Aller aux labours… partir aux semailles ». Telle est la meilleure des luttes, insiste Hésiode.
Les mythes de Pandore et des cinq « races » (Or, argent, bronze, héros et fer) sont exposés. Mais c’est surtout l’exposé d’un véritable guide de l’agriculture qui est frappant. Le calendrier (les « Jours ») à respecter dans les travaux, le rappel des bons usages, les conseils pour améliorer ses pratiques, voire des exemples de sagesse populaire… Cette bonne lutte quotidienne est au cœur de l’ouvrage. Ce poème qui se présente comme des paroles d’Hésiode à son frère Persès s’adresse en fait à l’humanité toute entière. Un message toujours vivant 28 siècles après avoir été écrit… Il est bon de s’y replonger aujourd’hui.
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