Comme Obélix tombé tout petit dans la potion magique, Jacqueline de Romilly a été fascinée dès sa sortie de l’Ecole normale par la civilisation grecque grâce à la lecture de « La guerre du Péloponnèse » de Thucydide. Née en 1913, décédée en 2010, elle a consacré 50 ouvrages et 150 articles à la Grèce antique, unique objet de sa passion. Plusieurs de ses livres sont des succès de librairie. Elle reste la meilleure spécialiste de Thucydide qui a relaté avec rigueur le conflit entre Sparte et Athènes en l’assortissant de réflexions perspicaces. Parmi celles-ci : « La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens ».
Membre éminente de plusieurs institutions culturelles prestigieuses, Jacqueline de Romilly est réputée conservatrice, notamment en matière de pédagogie. Mais ce qui nous intéresse ici est son travail d’helléniste au service des Humanités. Pour commencer, on pourra déguster l’agréable petit livre qu'elle a intitulé « Pourquoi la Grèce ? » (Le livre de poche). On y trouve toute la beauté de l’Antique, aussi bien esthétique qu’éthique. Les six ouvrages réunis dans le recueil « Émerveillements » l'illustrent de diverses façons. La plupart datent de la deuxième partie de sa carrière durant laquelle elle tend à passer de l’érudition à la volonté de toucher le grand public cultivé. Deux biographies ouvrent le bal : celle du héros troyen Hector et celle de l’athénien Alcibiade, aussi brillant qu’amoral. Son petit livre précis consacré à Homère et publié dans la collection Que sais-je ? (PUF) est intégralement reproduit.
Son étude de « La Grèce antique à la découverte de la liberté » est fondamentale. Elle y démontre comment « l’idée de la liberté nous vient de la Grèce, où elle a été découverte et proclamée avec force, pour la première fois et de façon durable ». C’est la liberté de leur Cité qui garantissait la liberté des Grecs. Rien ne montre plus l’actualité et la nécessité de la source grecque aujourd’hui. Jacqueline de Romilly analyse la beauté morale des sentiments et affections exprimées dans les grandes œuvres de l’Antiquité. Avec deux ouvrages. L’un recense sur 400 pages « La douceur dans la pensée grecque ». On y retrouve aussi bien les adieux d’Hector à son épouse Andromaque que la douleur d’Achille à la mort de son cher ami Patrocle. L’autre « Patience, mon cœur ! » part d’une pensée d’Ulysse refrénant son désir de vengeance envers les servantes qui ont trahi Pénélope. Ce recueil court sur plus de 1300 pages.
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