"La loi du Nord" de Jacques Feyder "A la frontière" de Alexander Ivanovet ont été projetés le 12 novembre à Orléans.
"La loi du Nord" de Jacques Feyder a été réalisé en 1939.
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Robert Shaw, u et n riche milliardaire new-yorkais, assassine l’amant de sa femme. Durant le procès, il est déclaré fou et envoyé à l’hôpital psychiatrique. Il parvient à s'en évader avec l'aide de sa maîtresse et amante Jacqueline (interprété par Michèle Morgan). Ils font alors route vers le Canada, vers le Nord et ses étendues désertiques afin d'échapper à la police. Pour ce voyage, ils embauchent un trappeur, Dumontier (Jacques Terran), en se faisant passer pour une équipe de tournage. Ce dernier tombe amoureux de la jeune femme, tout comme l'agent de la police montée canadienne Darlymple. En découvrant qui ils sont réellement, Darlymple part à leur poursuite dans le grand Nord Canadien.
Le synospis tourne principalement autour d'un quator amoureux (trois hommes sont amoureux de la même femme). Tourné en Suède afin que les conditions climatiques puissent convenir à l'ambiance, ce film fut le résultat d’une longue et coûteuse production.
La première projection en salle sera en 1942 et il sera alors rebaptisé « la piste du Nord ». Rarement projeté, très peu vu, les critiques l'ayant considéré comme un « film mineur », il a pu être visionné lors du festival en copie 35 mm dans un état médiocre. Un appel aux cinéphiles pour décider de sa place dans l'histoire audiovisuel français a été lancé. Est-ce un grand film avec un réalisateur et des acteurs majeurs? Les spectateurs ont la parole...
"A la frontière" de Alexander Ivanov a été projeté en version originale sous titrée en français. Tourné dans la nature, esthétiquement très beau, il se déroule à la frontière entre l’URSS et le Mandchoukouo, une région du nord-est de la Chine sous occupation japonaise entre 1932 et 1945. Après avoir fui l’URSS lors de la Guerre Civile, une poignée de contre-révolutionnaires (blancs, aristocrates, officiers de l’armée impériale…) s’est retranchée dans un village chinois. Avec le soutien de Numata, un capitaine de l’armée japonaise, ils acceptent d’effectuer diverses missions en territoire soviétique.
Mais la rive opposée est entre de bonnes mains, protégée par le commandant Tarassov et ses garde-frontières, ainsi que par Stepanida Vlassova et sa fille Varvara, bolchéviques chevronnées et téméraires. Ensemble, ils neutralisent quatre bandits puis découvriront que d'autres complots sont à venir... Les Japonais s'apprêtent à les attaquer en employant les grands moyens.
Le scénario provient de l’oeuvre de Piotr Pavlenko, écrivain, correspondant de guerre et collaborateur de nombreux scénarii (il travaille notamment à celui d’Alexandre Nevski avec Sergei Eisenstein en 1938). Exemple typique de « film de défense », genre spécifique aux années 1930, À la Frontière démontre la puissance militaire de l’URSS. Le message est limpide : face à une éventuelle agression militaire, qui prend ici la forme d’un affrontement avec le Japon, la mobilisation en URSS sera universelle et immédiate. « L’ennemi ne passera pas. Mais nous, s’il le faut, nous passerons ! », tonne Tarassov. Ce message est très explicite dans ce film et répété plusieurs fois.
Néanmoins, ce « film de défense » est atypique. Bien qu'encensant les combats, la gloire, le patriotisme, ce film montre aussi des personnages effrayés par les combats (lors du mariage, ils entendent les coups de canon, de mitraillette et tous se figent pétrifiés, craintifs). Aucun personnage n'est montré comme un surhomme ou une surfemme contrairement à beaucoup d'autres films de ce genre dont les tractoristes, comédie musicale ukrainienne tournée en 1938 et encensant le travail des femmes, la fibre patriotique et surtout qu'il faut vivre et être prêt à partir le sourire aux lèvres à la guerre. A la frontière est un film de propagande , un film d'action réaliste mais dans lequel Alexander Ivanov, le réalisateur, réussit à y apporter sa fibre artistique.