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Billet de blog 14 novembre 2019

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Cannes 1939 Sur un film suédois et deux courts métrages luxembourgeois

"Nous deux" du réalisateur suédois Schamyl Bauman, et deux courts métrages luxembourgeois, projetés le 13 novembre, font l'objet de deux recensions dues à notre envoyée spéciale Flora Fiszlewicz.

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"Nous deux"

Sture Ahrengren, architecte et employé du professeur Hagstam à Stockholm, souhaite avoir un enfant avec sa femme Kristina. Cette dernière préfére attendre que son mari gagne davantage et soit à son compte. Pour ce faire, il participe à un concours. Suite à un conflit avec son employeur, il démissionne et rencontre un ancien ami Baltsar Ekberg qui travaille aussi comme ingénieur. Baltsar lui propose de travailler sur un projet d'agrandissement d'une villa avec lui. Sture rencontre ainsi la femme de Baltsar Héléna envers qui il éprouve du désir. Il s'avère que ce désir est réciproque. Le mariage de Sture tiendra t-il?

Illustration 1
Vi Två, l'affiche originale du film de Schamyl Bauman (version française: "Nous deux")

Ce film est une adaptation du roman La femme de votre voisin, de Hilding Östlund (1936). S'inscrivant dans le genre de la comédie de remariage (très populaire à Hollywood durant les années 30-40), ce film montre des scènes de la vie quotidienne d'un couple marié. Osant, contrairement à Hollywood, montré les obstacles à affronter (l'adultère, le désir, les relations sexuelles) pour parvenir à une forme de félicité conjugale, ce film a longtemps été censuré. C'est aussi dans ce film que se trouve la première scène de nudité de l'histoire du cinéma Suédois.
Schamyl Bauman, le réalisateur, a pour projet de faire des films de grand divertissement, populaire mais dans lequel certaines questions sont posées. Il voit ce film comme une sorte de divertissement intelligent pour adulte et ne veut pas faire des films « intellectuels » ce qui ne correspondait pas à l'attente du public à l'époque.
Sofia Norlin, présentait ce film et nous rappelle que la Suède ne fait pas de recherches sur son histoire audiovisuelle ni n'aborde encore le sujet de la 2nde Guerre Mondiale, le pays ayant fait le choix de prospérer et de fournir les armées Allemandes en fer durant toute la guerre. Elle, aussi s'interroge donc sur la transmission du patrimoine et de l'histoire aux générations suivantes. C'est tout le fil conducteur de ce festival et sa plus grande difficulté.

"La chanson de l'eau" et " Circulez!" 

Paul Lesch, directeur de la cinémathèque du Luxembourg a présenté les deux courts-métrages de ce pays à la sélection de Cannes 39 le 13 novembre 2019. Ces deux courts-métrages sont les seules productions de l'époque fait par un professionnel, le Luxemboug ne disposant pas alors d'industrie cinématographique. Ils sont donc fait avec très peu de moyen. Des techniciens français dont Raymond Legrand (père de Michel Legrand) travaillent sur ces films. Une vraie connexion avec la France est alors établie.
Le premier « La chanson de l'eau » est un film touristique sur les merveilles du Luxembourg (ses châteaux, ses paysages, son vin...) et suit donc trois jeunes filles parcourant le pays à la rencontre de ses habitants et de sa culture, Le commentaire est en français et le film dure 9 min.
Le second « Circulez! » est sur le code de la route, l'année 1938 ayant apparement été meurtrière en terme d’accident de la route. Sur un ton humoristique (limite cartoonien), le commentateur explique les mauvais gestes fait par les usagers de la route (voiture, piéton, transport en commun) au fur et à mesure d'une journée. C'est le premier film en langue luxembourgeoise, il dure 11 min et est résolument pédagogique. Les situations dangereuses sont tournées en ridicule et les bons gestes sont alors expliqués (comme par exemple de descendre à l'arrêt du tramway, de traverser en ligne droite ou encore de ne pas courir sur la route).

Si ces deux films ont été envoyés au festival, c'est avant tout pour une raison politique. Cannes 1939 est censée être le « festival des nations libres », le Luxembourg souhaite donc y être représenté. Depuis 1933, le pays affiche une position anti-fasciste et une volonté d'indépendance. Conscient que si la guerre est déclarée, le pays sera annexé par l'Allemagne, le discours d'indépendance et de nation est caché mais présent dans ces deux films.

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