Théâtre Juliette Récamier. Une inauguration prometteuse.

Intervention Hélène Lacassagne, présidente de la Ligue de l’Enseignement

Mme la Ministre de la Culture, Madame Rachida Dati, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires
Mesdames et Messieurs les élus des collectivités
Mesdames Messieurs les représentants des services de l'État
Mesdames et Messieurs les représentants des services des collectivités
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités
Mesdames et Messieurs

Chers ami.es

J'ai l'honneur et le bonheur d'introduire cette soirée d’inauguration du Théâtre Juliette Récamier.
Et, il me revient d’excuser devant vous, les personnalités retenues ce soir par d’autres obligations :
Madame la Ministre de l’Éducation Nationale, Madame Elisabeth Borne,
Madame la Ministre des Sports de la jeunesse et de la vie associative, Madame Marie Barsacq,
Madame la Présidente de la Région Ile de France, Madame Valérie Pécresse
Madame la Maire de Paris, Madame Anne Hidalgo
Monsieur Thierry Beaudet, président du CESE,
Ainsi que Madame Ariane Mnouchkine, qui mit en scène son Fracasse, dans cette salle, il y a quelques années.

Propriété de la Ligue de l'enseignement ce théâtre devait être rénové. C’est aujourd'hui chose faite. Nous nous en réjouissons !
Merci à toutes celles et tous ceux qui ont apporté leur soutien et marqué leur bienveillance pour ce projet. Je ne peux que repenser ici aux visites du chantier par 19 fonctionnaires du ministère de la culture. Je me souviens de nos échanges ici quelques semaines plus tard avec Monsieur le Directeur Régional des Affaires Culturelles d’Ile de France et ses services. Je revois aussi notre discussion, sur ce plateau même, avec la Fédération de Paris de La ligue de l’enseignement et la Mairie de Paris. Et enfin, j’ai à l’esprit les relations très constructives, avec la mairie du 7 ème arrondissement y compris pour que nous réglions les derniers préparatifs avant cette inauguration ! Merci à tous les partenaires qui soutiennent, au-delà, les actions de La ligue.

Comment ne pas évoquer la décision des élu.es du Conseil d’administration de La ligue de l’enseignement qui en 2016, ont fait le choix de conduire cette rénovation, considérant qu’il était du devoir de La ligue, fabrique de citoyens, intégrant les arts et la culture à son projet émancipateur, de donner une seconde vie à ce théâtre. Parmi eux se trouvait Jean-Marc Roirant, alors secrétaire général de la confédération, qui se trouve ce soir parmi nous. Merci.

Cette décision était bien sûr prise en assemblée générale de La ligue. 
Le pari était audacieux, et il était pertinent. Pour le réussir, la ligue de l’enseignement s’est organisée en fondant avec sa Fédération de Paris, et avec l’APAC, son groupe assurantiel mutualisé et intégré, la Société d'Exploitation du Théâtre Récamier, SETR. J’ai grand plaisir à saluer Eric Favey, son président, Paul Casabianca, président de la Fédération de Paris. Et, l’actuel président de l’Apac étant ce soir excusé, je salue son prédécesseur, Roger Evrard.

Aujourd'hui ce chantier, très conséquent, est achevé. 
Merci à l’ensemble des entreprises qui ont mis leur expertise au service de ce projet. Au premier rang desquelles, le « cabinet 3,14 architecture/ Yvan Puatti ». Merci à vous de nous livrer ce magnifique outil artistique et culturel.

Merci enfin aux équipes professionnelles des structures membres de la SETR pour le travail préparatoire assumé ensemble. Et, en qualité de présidente de la ligue je tiens à adresser un coup de chapeau particulier aux équipes du centre confédéral de La ligue, à l’œuvre hier aujourd’hui et demain, avec un formidable professionnalisme.

La ligue de l’enseignement, mouvement laïque d’éducation populaire, « fait de l’émancipation solidaire l’enjeu central du travail de la culture, qui nourrit l’autonomie des individus, leurs interactions et leurs coopérations ainsi que les relations pacifiques entre les peuples qui les rassemblent. Elle se donne pour objectif d’engager résolument la bataille de l’imaginaire, divers, créatif, multiple pour tenir à distance les risques de standardisation des esprits et contribuer à faire reculer la fatalité sociale. »

Voilà finalement ce qui fonde le projet de ce théâtre. Il se construit avec les artistes. Parce que les œuvres nous « augmentent » au sens où l’entendait Jean Vilar (qui a travaillé dans cette salle). Les œuvres nous augmentent, et elles augmentent notre humanité. Il est essentiel de permettre à chacune et chacun, de fréquenter ses émotions, de les accueillir en vivant cette expérience de spectatrice ou spectateur confronté.e intimement à l’œuvre, se sentant appartenir à ce collectif, disons... singulier, qu’est un public pluriel.

Et dans cette période où les vérités alternatives et les négationnismes semblent l’emporter, comment ne pas interroger collectivement ce qui relève du sentiment, ou bien de l’opinion, ou bien du savoir ? C’est notre question de congrès de Rennes juin 2025 : « Pour une Ligue de l’enseignement éduquant à l’esprit critique ! »

Notre ligue accueillera en son théâtre, lieu de l’éducation populaire : spectacle vivant, éducation artistique, conférences, débats d’idées, paroles sensibles, paroles citoyennes ... Alice Simon, responsable du pôle Arts et culture de La ligue, et en charge de la programmation, vous donnera dans la soirée quelques repères sur les premiers rendez-vous !

La suite de l’histoire s’invente, ici, maintenant, avec une place singulière donnée aux imaginaires, aux émotions, aux arts, et aussi ... avec les scientifiques, et ... avec nos compagnonnages citoyens.

La ligue relève ce défi, choisissant de s’ouvrir à de nombreux partenaires, associés dans leur diversité, qui est une richesse, et nous le souhaitons, sans exclusivité aucune !

Ce soir, ce théâtre retrouve son souffle.
Il vit.
Et c’est le temps de l’émotion.
Parce que nous le rêvons ensemble, ce théâtre.
Parce que nous construisons ensemble.
Maintenant. Nous. Nous qui sommes indéfectiblement fraternels, et si conscients des brutalités qui meurtrissent le monde.

Comment l’exprimer mieux que par la voix de Patrick Chamoiseau :
Je cite : « Ce que nous voulons pour Gaza, pour l’Ukraine, la Palestine, les Antilles, les Comores le Tibet, la Kanaky, toutes les misères du monde, tous ces effondrements, toutes ces vieilles sociétés où l’éthique républicaine se retrouve offensée, ce n’est rien que des visites de la beauté. Elles sont d’autant plus urgentes, d’autant plus nécessaires qu’elles paraissent impossibles. D’autant plus vitales qu’elles semblent impraticables. Nous voulons, non plus un grand récit, mais des puissances narratives neuves, protéiformes, des organismes créateurs où se rencontrent les histoires, les mémoires, les présences humaines et non humaines du monde, dans de joyeuses saisies, toujours tremblantes, de leur refus des certitudes. »

Voilà !
Nous sommes prêts.
Déterminés.
La suite de l’histoire s’invente aujourd’hui.
C’est notre responsabilité.
Et je veux partager avec vous notre enthousiasme !

Longue vie au Théâtre Juliette Récamier.