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Billet de blog 16 novembre 2019

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D' "Au revoir Mr Chips" à "Robert et Bertrand"

Quand un film américain et un film polonais cohabitent au Festival Cannes 1939... par Flora Fiszlewicz.

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Au revoir M. Chips est un film réalisé par Sam Wood (USA) en 1939 et est inspiré d'une nouvelle du même nom, publiée par James Hilton en 1934 à partir de la vie d’un professeur qu’il a lui-même connu. Cette production britannique fait partie de la Metro-Goldwyn-Mayer British, créée dans la seconde moitié des années 1930. Ce film commence en 1933. Mr. Chipping (Robert Donat), un professeur à la retraite âgé de 80 ans, a attrapé froid et est contraint de garder la chambre. Il s'endort et se met à rêver de sa longue carrière qui a duré 58 ans et a donc commencé en 1870. Ce film plutôt mélodramatique - c'est la chronique racontée en flash-back de la vie d'un professeur d'un collège huppé anglais, depuis ses débuts hésitants et maladroits jusqu'à sa mort évoque un sujet repris dans plusieurs autres films dont Le cercle des poètes disparus, Capitaine Holland et Les choristes lui-même étant le remake d'un film mélodramatique de Jean Dréville réalisé en 1945, et intitulé La cage aux rossignols. Il a aussi inspiré de nombreux autres auteurs et réalisateurs dont J.K Rowling et les différents réalisateurs d'Harry Potter. En témoigne toutes les scènes se passant à l'école (le thé avec les professeurs, les décors, la salle commune, les dortoirs, etc...). Cette école préfigure le collège Poudlard et beaucoup de ces scènes s'y déroulant. Ce professeur atypique qui marque les vies de ses élèves et devient une institution de cette école a très souvent eu le père, le grand-père, voir l'arrière grand-père de ses élèves et il se souvient de tous le monde.

Illustration 1
Une scène d' Au revoir Mr Chips

Réné Bizet explique très bien comment est montrée la temporalité dans ce film. « Du particulier, c’est-à-dire de l’aventure après tout assez banale qui compose les jours d’un professeur, nous arrivons sans nous en apercevoir au général, c’est-à-dire à l’histoire de l’âme et de l’esprit collectifs d’un établissement d’éducation et d’instruction, j’allais dire à l’histoire d’une classe de la société anglaise. Je sais bien que, par un touchant atavisme, les meilleurs films sur l’Angleterre ont été faits aux États-Unis ; je sais aussi que, très consciencieusement, Sam Wood est venu tourner aux environs de Londres toutes ses scènes collégiennes, mais ces renseignements ne me font qu’admirer davantage la simplicité du moyen par quoi le metteur en scène me montre à la fois les changements extérieurs que les générations successives apportent dans la respectable maison et la survie des traditions essentielles de la culture de l’esprit et du cœur. Des jeunes gens qui passent, vêtus et coiffés selon la mode de l’époque, et disent leur nom au professeur, lui-même coiffé et vêtu selon les modifications qu’impose l’évolution des moeurs professorales, les mêmes noms qui frappent l’oreille une fois, deux fois, cinq fois, parce que, de père en fils, on vient faire ses études dans le vieux collège, il n’en faut pas davantage pour effeuiller le calendrier de cinquante années, pas davantage pour créer l’atmosphère jeune et antique de l’établissement. Comment ne pas admirer l’imagination de celui qui fit cette trouvaille qui, pour moi, domine dans ce film, imagination merveilleusement visuelle, donc cinématographique.» « La meilleure leçon de Mr. Chips », par René Bizet, Pour Vous, n°584, 24 janvier 1940

Robert Donat nous montre tout ses talents d'acteur en réussissant à interpréter un personnage qui vieillit non seulement physiquement, depuis environ l'âge de 20 jusqu'à celui de 80 ans, mais aussi psychologiquement, sous l'influence des gens qu'il rencontre, dont surtout sa femme. Sa composition, tout à fait crédible, saisissante et très souvent émouvante, lui valut de remporter l'Oscar du meilleur acteur à Hollywood. Ce film peut-être vu comme un plaidoyer pour la paix. Mr Chips rappelle régulièrement le poids humain dans une guerre (ici celle de 14-18). Plusieurs professeurs et élèves vont perdre la vie et il citera les noms de tout le monde y compris celui de Max Staefel, son ami Autrichien qui a un rôle dans l'intrigue du film en l'emmenant avec lui en vacances dans son pays natal. Les élèves ne comprennent alors pas pourquoi les noms des ennemis sont également cités. Néanmoins, bien que critiquée, la guerre est considérée comme acceptable si elle sert des causes juste comme la défense de la patrie (Mr Chips punira un élève qui se révolte contre les professeurs n'étant pas partis au front). Film sur un anti-héros attachant c'est avant tout un hommage humaniste et très délicat que nous propose la Metro-Goldwyn-Mayer British. A voir et à revoir sans restriction aucune!

Robert et Bertrand raconte l'histoire de deux vendeurs de cravates devenus associés. Accusés de vol, ils finissent en prison où ils rencontrent Irena, jeune héritière qui souhaite écrire des romans policiers. Cette dernière se fait passer pour une voleuse auprès des deux compères qui décident alors de la suivre pour la remettre sur le droit chemin. Film tourné en 1939 de Mieczyslaw Krawicz c'est un des deux films polonais de la sélection de Cannes 1939 (projeté le 16 novembre). Comédie burlesque, très inspirée par les critères du muets, ce film n'existe malheureusement plus aujourd'hui. Les différentes copies ont été détruits durant la guerre, et, avec un travail titanesque, des petits bouts de pellicule sont retrouvées de temps en temps et sont donc remontées. Le film actuel dure environ 1 h (soit moitié moins que le temps initial). Beaucoup de coupure qui peuvent dérouter le spectateur et empiéter sur l'intrigue. Mais certains gags sont heureusement encore bien présents, y compris le tango des voyous, la scène la plus connue du film et dans lequel les trois acteurs excellent. Cette scène a été retrouvé dans les archives de Londres il y a deux ans. Avis aux personnes intéressées pour participer à ce chantier.

Le cinéma Polonais a eu une coupure cinématographique suite à la guerre et contrairement à d'autres pays, ils n'ont pas réussi à avoir une continuité audiovisuelle. Le cinéma dit de la « belle époque » est celui de l'avant guerre. Nombre de comédiens dans ce films et le réalisateur sont mort durant la seconde guerre mondiale. Les survivants n'ont pas réussi à repercer par la suite.Ce duo (Eugeniusz Bodo et Adolf Dymsza) fonctionne très bien et rappelle d'autres duos tels que Laurel et Hardy par exemple. Ils miment, sont complices, les gags et les quiproquos s'enchaînent très bien et ont l'air fluides. C'est un film rare et une petite perle du cinéma burlesque pour les amateurs du genre.

Illustration 2
Robert i Bertrand

Bertrand, un fonctionnaire au chômage, vend des cravates en province. Il fait par hasard la rencontre de Robert, lui aussi vendeur de cravates ambulant, avec qui il décide de s’associer. Pour lancer leur entreprise, Robert et Bertrand se rendent . un mariage dans un village voisin, mais au cours de la fête, de l’argent disparaît et, accusés de vol, les deux comparses se retrouvent en prison. Irena, une jeune romancière novice issue d’une famille aisée, participe à un concours de roman policier. En qu.te d’inspiration et de sensations, elle décide de se faire passer pour une d.tenue . la prison locale. Par hasard, elle se retrouve enfermée dans la même cellule que Bertrand. Celui-ci la prend pour la voleuse qu’elle prétend être et essaye de la remettre sur le droit chemin. Irena, qui le prend également à tort pour un criminel, a les mêmes intentions le concernant. Ils tombent amoureux. Quand Irena disparaît de la prison, Robert et Bertrand sont persuadés qu’elle s’apprête à commettre un nouveau larcin. Ils parviennent à s’enfuir et se rendent à Varsovie, où il découvre qu’Irena a l’intention de se rendre à une grande fête chez Ippel, qui n’est en fait autre que son propre père. Convaincus que la jeune femme s’y rend pour voler des bijoux de grande valeur appartenant . la sœur de l’hôte, ils se rendent également à la fête. Mais ils sont de nouveau pris pour des voleurs et renvoyés en prison. Irena seule comprend qu’ils sont venus à la fête pour l’empêcher de commettre ce vol. Elle les retrouve, et la vérité éclate enfin au grand jour : Irena n’est pas plus une voleuse que les deux vendeurs de cravates. Elle parvient à les faire libérer, et plus rien ne s’oppose désormais au bonheur du jeune couple.

Robert et Bertrand est une comédie polonaise sortie en 1938, adaptée d’un vaudeville de la fin du XIX.me siècle écrit par Johann Nestroy, lui-même inspiré d’une farce de 1856 de l’auteur allemand Gustav R.der d.j. intitulée Robert et Bertrand. Le film réunit deux des acteurs les plus populaires de l’époque : Eugeniusz Bodo (Bertrand) et Adolf Dymsza (Robert). Mieczyslaw Krawicz avait déjà réuni les deux acteurs dans son film précédent, Pavel et Gavel, réaliséla même année (1938). La participation de ce duo célèbre assura la réussite des deux films. Le film voit aussi la participation de Mieczyslawa Cwiklinska, surnommée Linska ou Amiette, dans le r.le de la tante d’Irena, actrice polonaise phare des années 1930 et 1940. La musique, avec les chansons interprétées par Bodo et Dymsa, contribua aussi largement au succès du film.

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Illustration 3

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