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Billet de blog 19 février 2023

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William Morris, un artiste et socialiste à redécouvrir

La Piscine, musée d’art et d’industrie de Roubaix, consacre une magnifique exposition à l’œuvre de William Morris (1834-1896).

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Illustration 1
Portrait de William Morris, par George Frédéric Watts 1870

Comme les chats, William Morris a eu sept vies. Peintre, écrivain, tisserand, imprimeur, décorateur, traducteur (de l’islandais) et architecte, ce britannique d’origine galloise a eu une immense influence dans l’Europe du XIX° siècle. Engagé, il joue un rôle déterminant dans la fondation de la Socialist League en 1884. Pour lui : « Si nous nous débarrassions de la “taxe de gaspillage” qui finance le système de classe actuel, nous mettrions fin à la pauvreté dans la surproduction en même temps qu’à toutes les dichotomies entre le pratique et le beau, l’utilitaire et le poétique, ce qui s’utilise et ce qui se conserve. Le luxe insensé serait remplacé par le luxe communal, ou l’égalité dans l’abondance ».

William Morris s’investit dans la redécouverte et la protection du patrimoine celte et médiéval, notamment dans ses dimensions populaires. Il est également précurseur de ce qu’on appellera plus tard l’écologie. Proche des peintres de l’école préraphaélite, il développe par ailleurs une œuvre considérable rapprochant les arts et l’artisanat, amorce du mouvement Arts and Crafts. William Morris est étrangement peu cité en France, alors même qu’une dizaine de ses ouvrages sont disponibles. Mentionnons « Comment nous vivons, comment nous pourrions vivre » et « L'Art et l'artisanat » publié chez Rivages poche, « L'Age de l'ersatz » (Encyclopédie des nuisances »… et de beaux textes littéraires comme « La Défense de Guenièvre » (Libertalia) ou « Nouvelles de nulle part » (L'Altiplano).

Illustration 2

En 1972, les Editions sociales ont publié un gros ouvrage de Paul Meier « La pensée utopique de William Morris ». Il est aujourd’hui introuvable. Entre cent citations, on trouve la suivante extraite de « Art et travail» : "Il faut comprendre que les arts, la peinture, la sculpture, l'architecture... ne sont qu'une partie de l'art qui inclut, dans le sens que je donne à ce mot, bien davantage; c'est la beauté produite par le travail de l'homme, aussi bien physique que mental; c'est l'expression de l'intérêt que l'homme porte à la vie de l'homme sur terre, avec tout ce qui entoure cette vie; en d'autres termes, le plaisir humain de la vie est ce que j'entends par art". Un beau livre, publié par Snoeck Publishers, accompagne l’exposition de la Piscine à Roubaix dont il reprend l’intitulé « William Morris : l’art dans tout ». L’ouvrage de référence est « William Morris : Romantic to revolutionary » de l’historien Edward Palmer Thompson, par ailleurs auteur de l'ouvrage de référence « La formation de la classe ouvrière anglaise ». Une traduction serait un apport culturel précieux pour les pays de langue française. 

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