Charles Conte (avatar)

Charles Conte

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Les Cercles Condorcet

Suivi par 57 abonnés

Billet de blog 21 mars 2025

Charles Conte (avatar)

Charles Conte

Chargé de mission à la Ligue de l'enseignement

Abonné·e de Mediapart

Norouz

Serge Piel, président du Cercle Condorcet de la Meuse, nous offre un poème en prose: Fêtons Norouz – pour une ode - laïque - à la vie !

Charles Conte (avatar)

Charles Conte

Chargé de mission à la Ligue de l'enseignement

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Une enfant célébrant le Norouz à Palangan, un village en Iran. Mars 2017.

Ce jour, jeudi 20 mars, diverses communautés du Moyen-Orient, au pays d’Alexandre Le Grand vont fêter Norouz - le germe du jour nouveau – dans les pas, depuis 3000 ans, de racines zoroastriennes.

En ces temps de dualisme entre le bien et le mal, entre la nuit et le jour, entre la vie et la mort, sous l’arbitrage de Ahura Mazda…

Au 19° s. : « Ainsi parlait Zarathoustra » ! Friedrich Nietzsche.

C’est le nouveau jour, la nouvelle lumière, pour des Nowruz Mobarak (félicitations), quand dans la Perse antique, le jour commençait au coucher du soleil, puis ultérieurement au lever du soleil… pour le triomphe final de la Vérité ?

C’est le moment du grand nettoyage de printemps de la maison.

C’est le moment de se parer de nouveaux vêtements.

C’est le moment de faire un nœud à son mouchoir, et demander au premier passant de le défaire, afin d’éloigner la malchance.

C’est le moment des cadeaux échangés.

Illustration 2
La tradition principale de Norouz est la mise en place des Haft Sîn (les sept 'S').

C’est le moment de décorer la table avec des jacinthes et des tulipes, par la mise en place des Haft Sin (sept objets dont le nom commence par la lettre S, Sin de l’alphabet persan). C’est le moment de partager le Sabzi Pola Mahi (poissons cuisinés à l’ancienne, avec un riz particulièrement cuit et parsemé d’odorantes herbes)

Pour se retrouver treize jours plus tard (jeudi 3 avril) à Sizdah betar pour pique-niquer, qui, au bord du Der, qui, dans les jardins du Jard, qui, …

C’est le moment que choisi Haji Firûz, de rouge vêtu et de noir enduit, (renaissance de Dumuzi, le dieu sumérien du sacrifice) pour, accompagné d’enfants, frapper sur des casseroles, et faire dans la rue, un joyeux charivari.

C’est évoquer Kawa le forgeron, affligé aux épaules de deux serpents, qui se nourrissaient de cervelle humaine !

Mais par un subterfuge, elle sera remplacée par de la cervelle de mouton ; de ces milliers de rescapés, devenus fugitifs, serait né le peuple Kurde !

A Persépolis, les témoins de la renaissance et du renouvellement de la nature sont un lion et une vache.

Le lion symbolise la chaleur du soleil, la vache symbolise le froid de la nuit.

De cette bataille entre le lion et la vache, le lion est sorti vainqueur.

Les rayons du soleil peuvent à présent réchauffer et faire éclore …

Par la symbolique de la graine germée, en écho au culte d’Osiris en Egypte ancienne, plus proche de nous, en écho aux célébrations du solstice d’été en Sardaigne, en écho à Sainte Barbe dans le Liban maronite…

Quand sautant au-dessus du feu, pour éloigner la maladie et les miasmes, en échange de vie et d’horizons « sourilleux », les participants crient « je te donne mon jaune, tu me donnes ton rouge » ; se rappellent les quatre éléments du zoroastrisme : le feu, l’eau, la terre et le vent, pour un commencement…

Illustration 3

Retenons, parmi ses rubâ’iyât, ces deux quatrains de Omar Khayyam, poète persan des XI° – XII° s.

« Au moment où la violette teint sa robe – où le vent du matin entr’ouvr la rose.

Le sage vide sa coupe, et la brise sur la pierre… »

Mais

« Le nuage printanier a lavé la face du coquelicot.

Lèves toi.

Allonge la main vers la coupe de vin.

Cette verdure que tu contemples aujourd’hui, demain fleurira sur ta poussière »

Acquiesçant avec Hâfez de Chiraz – XIV°s., le jardinier de l’amour, dont les Ghazals jettent un camaïeu de lumière sur les mystères du monde.

De son diwân, retenons :

« Par mon corps, je ne puis m’attacher.

Le meilleur de mon âme est poussière au seuil de ta porte… »

Sachant qu’un forgeron est toujours en embuscade :

Héphaïstos chez les grecs, Vulcain chez les romains, Tubal-caïn dans le monde hébraïque … et au pays du Septentrion, au pays d’Imago Mundi (palladium de l’œuvre de Sibélius), Ilmarinen a forgé le Sampo (un moulin mystique ? à l’image de celui d’un chapiteau de la basilique de Vézelay ?).

Les sons du kantele (harpe finnoise taillée dans la mâchoire d’un brochet), annoncent le printemps :

« La lune sortira du rocher ; le soleil quittant la pierre… »

La dernière des 22 795 runes du Kalevala - La Terre Des Géants.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.