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Billet de blog 24 avril 2023

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Nikolaï Frederik Grundtvig, le Jean Macé du Nord !

Si en France l’on retient en général le nom de Jean Macé comme référence « fondatrice » de l’éducation populaire, c’est dans les pays scandinaves le pasteur danois Nikolaï Frederik Grundtvig (1783-1872) qui s’impose. Un article de Jean-Claude Richez.

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Illustration 1
Nikolaï Frederik Grundtvig en 1843

Aujourd’hui son nom est surtout connu dans notre pays à travers le programme européen d’éducation tout au long de la vie qui porte son nom. Jean Macé et Nicolas Grundtvig, a priori tout les oppose : un pasteur d’un côté, de l’autre l’une des figures pionnières de la laïcité. La référence commune à l’éducation populaire et le rôle respectif qu’ils ont joué dans son histoire dans leur pays les rapproche cependant. Grundtvig fut en effet à l’origine du grand mouvement d’éducation populaire scandinave.

Né en Seeland en 1783 dans un pays dont une partie est encore sous domination allemande après avoir fait des études de théologie à Copenhague Grundtvig s’intéresse d’abord à la culture populaire danoise et à ses traditions folkloriques ainsi qu’à ses mythologies anciennes. Il fut également l’auteur de poésie et d’hymnes religieux. Sa réflexion autour de la création d’universités populaires (folkshojskole) s’inscrit directement dans le cadre du développement du mouvement national danois. La première université fut ouverte à Rodding par un de ses disciples en 1844. Le parti pris de Grundtvig était particulièrement radical. « Suivre un cours, expliquait-il, ne servira à rien de tangible : ce cours ne formera pas à un métier, il ne donnera des compétences d’aucune sorte (…) on y subit aucune épreuve, on en sort sans diplôme ». Son but est en effet « éveiller et nourrir l’amour de la patrie, enseigner à connaître la vie, guider les jeunes vers une culture qui porte sa récompense en elle-même, qui n’aboutit à aucun gagne-pain ».

Illustration 2
Education populaire à Oure Danemark.

La pédagogie de Grundtvig fait une large place à l’environnement de l’individu, le monde tel qu’il est et vise le sens du bien commun. Même si il est pasteur, Grundtvig n’est pas clérical. Son opposition au clergé officiel lui valut son hostilité. Parmi les inspirateurs de Grundtvig figurait aussi bien l’humaniste tchèque Comenius (1592-1670), le nom aujourd’hui également d’un programme européen, que de Condorcet et de son rapport sur l’organisation générale de l’instruction publique. A la mort de Grundtvig en 1872 il y avait 52 universités pour une population d’un million cinq cent mille habitants. Son modèle inspira largement ses voisins norvégien et finlandais mais eut aussi un impact en Allemagne et bien au delà jusqu’aux Etat-Unis où il inspire notamment la Highlander Folk School de Myles Horton au Tennessee (1932) qui a joué un rôle décisif dans le développement du mouvement des droits civiques dans les années soixante.

Jean-Claude RICHEZ

Illustration 3
Nicolaj Grundtvig en 1867.

Pour aller plus loin:

La revue "Nordiques" a publié une recension de l'anthologie "Nicolaj Frederik Severin Grundtvig, L’école pour la vie"
Vrin (Philosophie de l’éducation), 2018. Les textes rassemblés font l'objet de présentations par des spécialistes de la vie et de l'oeuvre de Nicolaj Grundtvig. La recension est due à Michel Forget. 

La "Revue internationale d'éducation de Sèvres" a publié un article de Ove Korsgaard, professeur des Universités émérite, faculté des arts, Université d’Aarhus au Danemark "Grundtvig et la formation des adultes en Scandinavie : une innovation radicale".

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