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Jean-Michel Ducomte, enseignant à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse, ancien avocat à la Cour d’appel de Toulouse, président de la Ligue de l’enseignement durant quatorze ans, a rédigé un texte qui prolonge la table ronde organisée le 4 octobre par le Cercle Condorcet de Nantes. Le voici.
Les leçons du Puy du Fou
Repérer le combat politique et culturel de l’extrême droite et y répondre
Il n’est, aujourd’hui, plus nécessaire de démontrer la logique idéologique qui sous-tend les spectacles présentés au Puy du Fou par la famille de Villiers. La mise en scène d’un roman national détaché de toute vérité historique et construit à partir des présupposés que martèlent les officines de l’extrême droite et ses relais médiatiques. Une même grille d’analyse pourrait, tout aussi utilement, être appliquée aux spectacles et manifestations financées par Pierre-Edouard Stérin ou d’autres soutiens d’une extrême droite identitaire, cléricale et xénophobe. On peut constater que cette offre culturelle vise essentiellement à divertir les spectateurs de la réalité qu’ils vivent pour les inviter à la reconstruire en s’appropriant une vérité alternative mise au service d’un combat politique.
Cet état de fait n’est pas inédit, comme l’a si bien décrit Honoré de Balzac dans « Illusions perdues ». L’histoire française, depuis la Révolution de 1789, est traversée, régulièrement de poussées conservatrices plus ou moins longues et intenses. Toutefois, situation actuelle présente des caractères qui la rendent particulièrement préoccupante.
Un divertissement
Il s’agit d’abord d’un stratégie de divertissement au sens où Blaise Pascal entendait ce concept. En effet, s’il est, bien sûr question d’amuser, de séduire, fut-ce en piétinant la vérité historique, le propos est surtout de détourner le peuple de l’appréhension des aliénations religieuses, économiques, sociales, informatives qui font obstacle à sa capacité, comme l’écrivait Fernand Pelloutier à la fin du XIXe siècle, « d’avoir la science de son malheur ». A cet égard la stratégie des fondateurs et gestionnaires du « Puy du Fou » rejoint cette que tente de développer - heureusement avec quelques maladresses – Pierre-Edouard Stérin, fondateur de Smartbox, avec des initiatives telles que « la Nuit du bien commun », le label « les plus belles fêtes de France » et le projet Périclès qui constitue l’acronyme revendiqué de ses engagements. L’un et l’autre ont le soutien et bénéficient de la visibilité que leur offre la galaxie obèse des médias, presse, radio, télévision, édition, production et diffusion cinématographique, détenue par Vincent Bolloré.
Un véritable combat culturel est aujourd’hui engagé par une extrême droite xénophobe, réactionnaire, catholico-centrée ; doté de moyens financier considérables et qui capitalise sur un certain nombre d’effondrements démocratiques à l’œuvre, en Europe (Hongrie, Italie, Slovaquie, République tchèque, Pays-Bas), aux Etats-Unis, en Argentine, au sein du continent Africain, etc.
Cette stratégie de divertissement qui incite les citoyens à détourner leur attention des périls réels qui les menacent, tout en leur désignant ceux qui porteraient la responsabilité des difficultés qu’ils vivent, s’accompagne d’un appauvrissement du débat politique, réduit à des slogans, à des insultes ou à des mensonges, le tout étant soutenu par une idéologie identitaire, clairement raciste et acrimonieuse.
Bien qu’inquiétant cet état de fait n’est pas totalement inédit...
Voici le texte intégral de la conférence:
JEAN-MICHEL DUCOMTE. LES LECONS DU PUY-DU-FOU