Il y a beaucoup à dire sur cette chanson.
Écrite pour rendre hommage aux bénévoles des Restos du coeur qui tentent au moins de faire quelque chose et qui sont par là même respectables, elle apporte aussi une explication au mouvements des gilets jaunes déclenché quelques années plus tard : "des familles à la ramasse, et des soupes à la grimace", "Encore des mots sans cesse, des serments, des promesses, nos illusions qui s'envolent au vent des belles paroles". Manifestement nos gouvernants (et leurs relais médiatiques) sont tellement peu intéressés par le sort des pauvres qu'ils n'ont même pas pris le temps d'écouter ce texte. S'ils avaient pris ce temps, il ne continueraient pas à essayer de comprendre depuis plusieurs mois le pourquoi du comment de tous ces mouvements sociaux.
Ceci étant dit, et malgré tout le respect que j'ai pour Jean-Jacques Goldman (respect immense moi qui lui suis fidèle depuis 1981), j'avoue ne pas le rejoindre dans cette aventure des Restos du coeur. En effet, s'il est vrai que grâce à eux des gens peuvent se nourrir un peu, c'est quand même dans la honte car oui, c'est dégradant d'aller chercher son repas aux Restos du cœur. De plus, depuis près de 30 ans, les Restos distribuent chaque année davantage de repas, preuve que ça ne fonctionne pas. Quand on tente quelque chose et que la situation se dégrade toujours plus, c'est que le remède n'est pas le bon. Il faut alors se remettre en question et tenter d'autres choses.
Les Restos du cœur sont à l'inverse du proverbe de Confucius : "Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson". Les Restos donnent du poisson mais ne permettent pas aux gens de sortir de la misère. Et pourtant, avec tous les millions recueillis par les Restos depuis toutes ces années, il y aurait eu tellement d'autres choses à faire.
Par exemple, au lieu de distribuer des repas, les Restos auraient pu permettre de financer un média indépendant, des rachats d'entreprises, des programmes d'éducation populaire ou encore de financer une candidature collective de "gens du peuple" pour les élections présidentielles. Et ce ne sont que quelques idées parmi tant d'autres qui auraient à mon sens été plus utiles et surtout plus efficaces et pérennes. Ce genre d'actions aurait permis une prise de conscience collective qui aurait peut-être pu amener les gens à comprendre plus tôt, à réfléchir ensemble, et à prendre le pouvoir. On serait peut-être aujourd'hui en voie de sortie du capitalisme, capitalisme ravi d'ailleurs que les dons des particuliers donnent à manger aux pauvres. Pendant qu'on s'occupe de ça on ne remet pas en question le système et la légitimité de ceux qui le manipulent.
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