Billet de blog 22 mai 2008

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Sortir le Cambodge du silence

L'information nous réserve souvent d'étranges télescopages. Au moment où le passage d'une tempête tropicale meurtrière remet en pleine lumière l'infâme comportement, envers leur propre peuple, d'une bande de militaires paranoïaques en Birmanie, s'ouvre au Cambodge le procès "pour crimes contre l'humanité" d'Ieng Thirith, 76 ans, que l'on a appelée la "première dame" des Khmers rouges.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'information nous réserve souvent d'étranges télescopages. Au moment où le passage d'une tempête tropicale meurtrière remet en pleine lumière l'infâme comportement, envers leur propre peuple, d'une bande de militaires paranoïaques en Birmanie, s'ouvre au Cambodge le procès "pour crimes contre l'humanité" d'Ieng Thirith, 76 ans, que l'on a appelée la "première dame" des Khmers rouges.

Pour insupportable qu'elle soit, la dictature par le chantage permanent des généraux birmans n'atteint pas (pas encore? mais qui sait pour combien de temps?) l'horreur infligée par Pol Pot et ses complices au Cambodge entre 1975 et 1979: des millions de morts, des millions de personnes en fuite, des milliers de familles dispersées à travers le monde, coupées pour longtemps (pour toujours?) de leur pays, de leur culture, de leurs origines, de leurs racines.

Comme toujours, les vagues déferlantes de l'actualité vont repousser dans le silence les souffrances actuelles du peuple birman, d'ici quelques jours, d'ici quelques semaines. Comme ce fut le cas pour le Cambodge assassiné par les Khmers rouges.

Le procès de quelques-uns, qui ont survécu, de ces fous sanguinaires va peut-être faire parler de nouveau du Cambodge. Peut-être... Un peu... Car les années 70 sont si loin, le Cambodge est si loin que nos journaux, nos radios, nos télés n'y accorderont guère d'attention. Ce sera juste "pour mémoire" (expression bien cruelle en l'occurrence).

Pour faire vivre le souvenir, le vrai, un journaliste-écrivain, "mediami" parmi d'autres dans le Club mais très discret, vient de publier un court roman qui, avec une émouvante sensibilité, "interroge la mémoire d'une famille cambodgienne, encore déchirée et traumatisée par les crimes commis par les Khmers rouges".

Lisez le livre de Loïc Barrière, Le choeur des enfants khmers (Seuil, Collection Réflexion).Vous deviendrez les soeurs et les frères de Rotha, de Vannak, de Josué et d'Edith. Lisez-le si vous voulez sortir du silence qui oblitère, qui noie dans des brumes lointaines, qui détruit le passé.

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