Dans la jungle de l'orientation, voici un webdocumentaire utile, évolutif, et participatif. Disons d'emblée que ce qui nous séduit dans la Cité orientée, c'est qu'il ne s'arrête pas au parcours balisé par l'éducation nationale et qu'il n'attend que les demandes et les interrogations des 15-27 ans pour s'enrichir, proposer d'autres témoignages, organiser d'autres rencontres, d'autres parcours.

Réalisée par Jean Rousselot avec la maison de production Vanglabeke films et diffusé sur France Télévisions, ce webdocumentaire propose une ballade urbaine dans l'orientation. Une ville donc, avec ses quartiers qui amènent vers des secteurs d'activité (social, commerce, chantier naval, beaux-arts, presse…). A ce jour, une quinzaine “d'habitants” y vivent. Ce sont de “vrais” adolescents et jeunes adultes qui confrontent leur vie, leurs souhaits, leurs doutes, leurs capacités, aux réalités du marché du travail et de l'emploi.
La maison de production qui les a d'abord entendus, leur a ensuite trouvé un stage, et un conseiller d'orientation les a aiguillés dans leur parcours. On peut donc les entendre, tiraillés parfois entre leurs désirs et ceux de leurs parents, entravés par les contraintes économiques, limités par la question du genre des métiers… Ainsi Chloé, 15 ans, qui après avoir vu le film Polisse, se verrait bien à la brigade des mineurs ; ou Sihame, 18 ans, qui souhaite devenir professeur de sports ; ou encore Nicolas, 27 ans, diplômé d'une école de commerce, qui a un temps touché à l'audiovisuel, et aujourd'hui sort d'un contrat en alternance de plombier.
L'intérêt du webdocumentaire n'est pas seulement de raconter la belle histoire d'un jeune homme (ou d'une jeune fille) qui sait ce qu'il/elle veut. D'autres vidéos montrent aussi Nicolas en stage, en train de rénover un appartement avec son patron, ou donnent l'analyse de la conseillère d'orientation qui a suivi Nicolas sur sa réorientation.
Le tout agrémenté pour chaque personnage de fiches métiers qui renvoient vers l'Onisep ou le Cidj eux-mêmes renvoyant sur des sites plus spécialisés. Et pour personnalier davantage les recherches, chaque internaute peut sélectionner à l'aide de mots-clés les situations qui lui ressemblent le plus.
Avec seulement quinze personnages aujourd'hui, le choix des métiers est pour l'instant limité. On peut regretter aussi l'absence de jeune “désorienté”, pour reprendre le titre de ce beau film Philippe Troyon, diffusé en octobre par Mediapart et toujours visible ici. Mais tout l'intérêt de cette plaforme est qu'elle est censée intégrer pendant cinq ans de nouveaux parcours. Chacun peut d'ors et déjà envoyer son témoignage, sa vidéo de stage et s'inscrire sur la plateforme pour tenter de décrocher l'aide d'un tuteur ou d'un conseiller. Et dès avril prochain, quatre classes de Paris et Seine-Saint-Denis vont intégrer l'outil dans leur programme. Vanglabeke films s'engage à intégrer quelques élèves dans son webdocumentaire.