Les premières séances des « Entretiens de Montreuil « ont ouvert le débat sur deux questions majeures qui interpellent fortement l’identité et l’avenir de notre commune.
«Comment faire vivre la ville monde ? » : les relations quotidiennes entre populations ayant des dizaines d’origines et de trajectoires différentes produisent les éléments d’une nouvelle culture urbaine « composite », alternative au modèle français d’intégration traditionnelle comme à la simple juxtaposition anglo-saxonne de communautés. Elles connectent de fait notre ville à une multitude d’autres territoires sur la planète. Ainsi contribue-t-elle à l’invention d’une autre pratique de la « métropole globale » et au rééquilibrage d’un modèle francilien tourné à l’excès vers l’offre standardisée de services à la mondialisation économique.
« Quel pacte urbain pour qui et avec qui ? » Au processus « gentrifiant » qui expulse et qui sépare, on oppose à Montreuil la perspective de l’alliance des classes moyennes et des classes populaires, des populations nouvelles et des anciennes et de toutes les générations, autour d’un usage renégocié de l’espace, des services, et des temps de la ville.
Dans la continuité des deux premières, la troisième séance, ayant pour thème « la nature en ville » se présente comme le moment de leur mise en perspective avec les opportunités et les contraintes liées aux effets de la crise écologique.
Affectation socialement équitable de l’espace entre usages et usagers, valorisation et reconquête d’une degré plus élevé de biodiversité, - faune et flore- contribution de la première couronne à la limitation de l’étalement urbain et de la déprise agricole, promotion de la ville compacte et énergétiquement sobre dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, réduction et prévention des pollutions, qualité écologique du bâti nouveau et de la rénovation de l’ancien, autant de sujets généraux que la séance se propose de resituer dans le contexte montreuillois …
Au delà de sa géographie et de son environnement particulier (En plateau, colline et plaine sans cours d’eau ouvert) et par différence avec la plupart des villes de la première couronne dont les processus urbains sont quasiment achevés, notre commune présente en effet, des caractéristiques propres :

- Forte proportion d’espaces bâtis pouvant encore muter sur tout le territoire de la commune.
- Présence significative de friches ou d’espaces urbains en déshérence, héritage de l’histoire industrielle et horticole, avec l’enjeu stratégique des murs à pêches et de la requalification de l’autoroute et des espaces libres dans le haut Montreuil.
- Répartition assez équilibrée, s’agissant des espaces non construits hors friches , entre usage privé (pavillonnaire), usage mutualisé ou collectif (habitat social ou résidentiel, stades) et usage "universel" (parcs et jardins, parterres de rues, passages et venelles)
- Diversité des fonctions assignées à ces espaces : loisirs, sports, éducation, jeux, promenades, décoration, insertion, maraichage, auto production alimentaire, et par conséquent grande variété des utilisateurs.
- Homogénéité des phénomènes stressants sur les « écosystèmes » locaux : pollution et artificialisation forte des sols ,ravinement, circulation automobile, hydrocarbures, polluants persistants, piétinement, détritus, panneaux publicitaires, mauvaise régulation de l’animal domestique en ville, plantes invasives, risques d’effondrement…
La gestion de la « nature montreuilloise », loin d’être, en bout de course ce qui reste à faire dans l’espace quand on a traité des questions d’accès équitables à l’habitat ou aux équipements publics, se présente au contraire comme un enjeu majeur de régulation et d’arbitrage dans la gouvernance de la question sociale elle même….
Une stratégie écologiste de changement soutenable fait à partir de là évoluer l’idée de « la nature en ville » vers celle de « la ville naturelle »
Elle renvoie à la mise en mouvement coordonnée de politiques complémentaires. Elle implique qu’on rénove des outils et règlements d’urbanisme, d’aménagement et de planification des équipements. Qu’on pense dans le même temps la « naturation » des nouvelles constructions neuf, et la « renaturation » des friches et de l’ancien.
La mise en œuvre par les services municipaux qui entretiennent l’espace, du maximum de bonnes pratiques (fin de l’usage des pesticides, plaines urbaines, diversification des plantations, gestion différenciée des espaces, recyclage des végétaux) et la construction d’équipements collectifs exemplaires (écoles, piscine) sont dans cette perspective le socle des dynamiques positives d’acculturation partagée et d’éducation à l’environnement.
Elle complète et accompagne l'actionnement des différentes catégories de populations, des acteurs associatifs et entrepreneuriaux, des bailleurs,

autour d’objectifs négociés, identifiés et évalués : végétalisation participative, composteurs en pied d’immeubles, jardins partagés, entretien des mares, comité d’usagers des parcs, trocs de graines et plantes...Elle incite, sur le territoire de la commune, à la mise en cohérence et en continuité progressive de toutes ces actions (les trames et corridors, le partage des moyens d’action et d’observation, l’agenda 21)
Enfin, elle appelle à un partenariat serré avec les territoires voisins pour organiser les interrelations, les frontières, les chevauchements et les continuités.
A partir de l’accumulation de mesures prises depuis plusieurs années dont le propos initial était la mise à niveau minimale, il est désormais possible d’envisager à Montreuil la définition d’ « un pacte de la nature », plus global et mieux partagé..
C’est in fine la réflexion sur la construction de ce contrat communal écologique, son imaginaire et sa gouvernance démocratique, qui fera l’objet de cette séance.
Les trois axes du premier paquet d’entretiens consacré a la ville ayant ainsi été ouverts , il est suggéré au cours de l’année 2011 d’en ouvrir un second consacré aux "pratiques urbaines de la démocratie."