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Ce qui est en train de se produire à Montreuil est une situation très en lien avec ce que connaît toute la région Ile-de-France.Elle met également en évidence la relation entre le local et le global. En effet, le logement dans ces villes franciliennes est profondément malade de la globalisation financière qui nous affecte particulièrement . Sur la dernière décade, Montreuil a connu une augmentation considérable des de ses valeurs immobilières (+140%). On ne peut pas penser que ça n’aura aucun impact sur le vivre-ensemble de Montreuil. En 2012, c’est un enjeu qui va être discuté, notamment à propos de la restriction de financement du logement social mené par Nicolas Sarkozy depuis 12 mois. Cela rend délicat pour les acteurs locaux de définir une démocratie locale qui tienne le choc face au poids de la financiarisation du logement.
Il faut préciser quelques éléments pour faire avancer le débat .Le phénomène de gentrification ou de transformation urbaine n’est pas rapide, il existe, mais il n’est pas récent.
Déjà en 84, une enquête détectait qu’il y avait une inter-dépendance et que Montreuil n’était pas un isolat. La crise que l’on connaît à Montreuil reflète sa ramification avec l’Ile-de-France. Il y a 400 emménagements en parc social aujourd’hui, c’est la conséquence d’un double étouffement : la construction de logements est obligée de payer la flambée du foncier et la flambée de l’immobilier générale, alors qu’en même temps, les départs des locataires du parc social qui sont alimentés : jusqu’à 900 à 1000 attributions de logements il y a 10 ans ce qui veut dire 2 fois et demi de plus que cette année. C’était à l’époque la possibilité pour un certains nombre de locataires du parc social d’aller ailleurs, voire d’accéder à la propriété. Ceci a quasiment disparu dans le fonctionnement général des marchés de l’immobilier francilien. Ce qui veut dire que le parc social a été rétréci. Il est concentré sur trois secteurs à Montreuil, sa diffusion sur l’ensemble de la ville est un impératif social économique et de solidarité. Il va faut réaliser qu’il va falloir pour cela construire des politiques à contre-courant des marchés tout en gardant en mémoire que le marché trie, exclut et renforce les inégalités.
Les inégalités entre les Montreuillois vont dans un rapport inter-décile de 1 à 9 à Montreuil ( les chiffres étant un petit peu plus élevés sur toute la région IDF et allant de 1 à 7 pour la France). Mais après les dépenses contraintes de logement, d’eau et d’énergie, cet écart est multiplié par 3. Ce qui veut dire que globalement, aujourd’hui en France, le logement est un facteur d’accentuation très grave des inégalités sociales.
Le logement social de Montreuil et du Bas-Montreuil n’a pas disparu aujourd’hui malgré l’image d’une forte conquête, il continue à exister et c’est un ballon de respiration pour un certain nombre de populations qui ne vivent pas forcément dans de bonnes conditions mais dont il est préférable qu’elles vivent là que pas du tout.
L’appel de la fondation Abbé Pierre nous conforte dans l’idée qu’une politique alternative au marché doit être menée. Pour cela il faut une régulation des marchés plus importante que celle instituée dans les lois nationales, l’outillage n’est pas suffisant et la gouvernance doit se faire avec une mobilisation citoyenne.
Je sui persuadé qu’il faut plusieurs types de régulation : une réglementation des loyers du secteur privé (car les effets de la crise n’ont pas encore fini de frapper) mais également inventer une taxe de solidarité sur les plus-values immobilières.
La seule grande question qui se pose si on veut continuer le « vivre-ensemble » : c’est d’avoir du parc social un peut partout, mais il nécessitera un payeur qui sera logiquement le marché (dans une logique de réparation des dégâts qu’il a causé), tout en servant une politique urbaine dans l’ensemble des quartiers.