Billet de blog 27 janvier 2011

Entretiens de Montreuil

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Les Entretiens de Montreuil : Gentrification, populations nouvelles et anciennes, les défis d'un urbanisme écologique et populaire.

La seconde séance des Entretiens de Montreuil se tiendra samedi 5 février de 14h à 17h dans la salle Maria Casarès à Montreuil. Elle réunira Dominique Voynet, Edwy Plenel, Roland Castro, Pierre Mansat, Anaïs Collet et Thierry Paquot autour du thème de la gentrification.

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La seconde séance des Entretiens de Montreuil se tiendra samedi 5 février de 14h à 17h dans la salle Maria Casarès à Montreuil. Elle réunira Dominique Voynet, Edwy Plenel, Roland Castro, Pierre Mansat, Anaïs Collet et Thierry Paquot autour du thème de la gentrification.

Explications:

Depuis quinze ans, le thème de la « gentrification » alimente le débat théorique urbanistique et sociologique en Europe, en Amérique du Nord ou en Australie.

Un processus repéré dans toutes les métropoles et notamment en Ile de France

Il concerne aussi bien la transformation des centres villes anciens, que des territoires plus périphériques, leur point commun étant d’avoir été modelés à l’ère industrielle à des fins de production (usines), de stockage (docks, entrepôts, voire décharges) ou de logement ouvrier (immeubles de rapport).

Il désigne l’arrivée dans ces espaces urbains populaires, au bâti dégradé et dévalorisé, d’une population de niveau social plus élevé, ainsi que l’ensemble des mécanismes et phénomènes qui s’ensuivent : l’appropriation des espaces et la réhabilitation du bâti par les nouveaux habitants, la destruction massive de logements populaires au profit d'un habitat plus huppé, la remontée en gamme des services et notamment l’élargissement de l’offre culturelle, la transformation qualitative des commerces et des paysages de la ville.

L’accroissement exponentiel des valeurs immobilières, la propension des ménages « arrivants » à se comporter comme des spéculateurs / promoteurs individuels, ont pour corollaire l’impossibilité à terme pour les couches populaires traditionnelles de demeurer sur place ou de s’installer, l’enkystement interstitiel de certaines populations très pauvres dans des logements insalubres, notamment les immigrés.

A beaucoup d’égards, l’histoire urbaine récente des arrondissements périphériques de Paris et désormais des villes de la première couronne parisienne, s’apparente à ces processus « d’embourgeoisement ».

Les « gentrifieurs » sont, dans ces cas d’espèce, des ménages plutôt jeunes, appartenant aux couches moyennes, à fort niveau de diplôme, placés par la hausse des prix de l’immobilier dans l’impossibilité de continuer à se loger autrement qu’à l’étroit dans la capitale, mais plutôt désireux, en raison de leurs modes d’insertion professionnelle et de leurs standards de consommation, de ne pas s’ « expatrier » vers des banlieues trop lointaines.

Y a-t-il une singularité montreuilloise ?

Montreuil connaît ou subit depuis une vingtaine d’année des phénomènes de cette nature dont il apparaît cependant à la fois qu’ils ne sont ni complets ni achevés sur son territoire et qu’ils revêtent des formes spécifiques diverses et contradictoires qui tiennent aux particularités historiques, culturelles, sociales et politiques de la ville.

- Ainsi en est il des prix du foncier supérieurs à ceux constatés en moyenne dans des villes comparables du nord est parisien et de l’érosion simultanée des composantes populaires, en particulier des jeunes ménages. Les politiques pratiquées par le passé, censées contrarier les processus spéculatifs, ont dans les faits, en stérilisant ou en différant l’usage du foncier, contribué à les entretenir. Par exemple : le choix d’installer en limite de Paris des milliers de mètres carrés de bureaux plutôt que du logement, la destruction systématique d’ilots populaires, la localisation des logements sociaux dans le haut de la ville, puis le blocage presque complet de leur construction sous couvert de maitrise démographique, le gel par le POS d’espaces à vocation industrielle devenus, du coup, de forts enjeux sur le marché immobilier.

- Ainsi, et contradictoirement en est il de l’attractivité particulière de Montreuil, pour des groupes sociaux dont le mode de vie et les aspirations s’affichent comme s’inscrivant dans la continuité d’un imaginaire « faubourgeois » et convivial de la ville... Et cela en raison de ses caractéristiques urbaines « in progress » : surfaces importantes à rénover, originalité des logements anciens ou des maisons de ville, présence d’ateliers à réaménager, existence d’espaces naturels et de rencontre.

Une nouvelle alliance à construire

Au plan politique et pour une municipalité de gauche et écologiste qui hérite d’une situation qui s’est emballée depuis longtemps, la question en dernière analyse, est de savoir s’il est nécessaire, souhaitable et s’il est encore temps d’installer durablement l’alliance des strates nouvelles et des anciennes, des générations, des couches populaires et des classes moyennes telles qu’elles entendent les unes et les autres habiter Montreuil.

- L’hostilité affichée pour les populations nouvelles ou en voie d’installation, le lamento et le pathos sur le Montreuil d’antan, les tentatives de blocage malthusien de la démographie ne constituent pas une politique... En réalité, l’illusoire croyance selon laquelle on pourrait suspendre le cours du temps rend justement irréversible les évolutions en cours : elle désarme l’action et démobilise la politique.

- A contrario, la fuite en avant ou l’accompagnement pur et simple des mutations sans tenter de les maitriser, de les réguler pour les orienter positivement, ne sont ni désirables au plan social ni acceptables d’un point de vue environnemental. L’embourgeoisement et l’étalement urbain sont les deux faces d’un même processus : la ségrégation territoriale et l’épuisement de la ressource écologique.

L’action forte pout bloquer plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés de nouveaux bureaux, la révision du POS, l’adoption du PLU, le lancement sur toute la ville d’une audacieuse politique de construction de logements sociaux, le projet d’ecoquartier des Hauts de Montreuil, une démarche active de réhabilitation sous pilotage public de l’habitat dégradé, constituent à ce jour des premières alternatives à ces deux formes d’abandon.

La seconde séance des Entretiens visera donc à mettre en débat les valeurs, les outils et les politiques qui président au pilotage systématique à Montreuil d’un urbanisme écologique, ouvert et populaire...

La cohérence d’une politique urbaine et la performance des outils.

Il s’agira de se poser par exemple la question de la capacité de la puissance publique :

A anticiper et à orienter les mutations foncières. A encadrer la réhabilitation du bâti ancien. A contrôler les prix de sortie du neuf et le les prix à la revente. A influer sur le prix des loyers. A assurer la mixité sociale à la parcelle voire à la cage d’escalier. A imposer ou à négocier avec tous les aménageurs et les acteurs, de fortes exigences quant à la qualité et la diversité du bâti, et in fine quant à la réduction de la profitabilité de leurs opérations. A maintenir dans le tissu urbain des activités productives à forte intensité technologique et à fort potentiel d’emploi local. A organiser une véritable diversité du commerce et des marchés forains.

Il s’agira d’examiner comment les politiques d’équipement publics et l’offre éducative peuvent contribuer autant à réduire l’échec des uns qu’à contenir les stratégies avérées d’évitement des autres. Comment la politique culturelle doit viser à briser l’ « entre soi » et à dépasser la simple cohabitation de groupes sociaux qui ne se rencontrent pas vraiment...

Bref de mettre au ban d’essai la cohérence d’une action globale dont la logique ne peut s’extraire du contexte et de l’avenir des territoires dans lequel s’inscrit notre commune :

- L’action de la capitale pour le logement social et l’arrêt de l’hémorragie de ses classes moyennes.

- Les coopérations possibles au sein de Paris Métropole et d’Est Ensemble pour maintenir la mixité sociale d’habitat et la mixité d’activité.

- Les prescriptions du Schéma directeur de l’ile de France pour favoriser la multipolarité et réduire la pression sur la première périphérie

- Les grands projets de transports de capacité.

Après la première sur les connexions métropolitaines de Montreuil dans la ville monde, cette seconde séance formera donc une intéressante transition vers la dernière de ce premier cycle consacré à la ville et qui aura pour objet « l’aménagement de l’espace et la nature en ville ».

Inscriptions : entretiensdemontreuil@montreuil.fr ou 01 48 70 64 95

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