Mardi 06 mars 2012 :
J’ai beau avoir bien argumenté la veille, Vincent ne veux vraiment pas m’apporter le petit déjeuner au lit ! Je suis donc bien obligé de me lever à 7 heure et demi du mat, lorsque Edouard me réveille. Nous rejoignons la salle commune de la communauté d’Emmaüs pour partager le repas. Tartines et thé. Nous repartons ensuite dans nos chambres pour ranger nos affaires. Cela fait, alors que les marcheurs s’évertuent à débattre pour je ne sais quoi dans les couloirs pendant pas mal de temps, je me replonge dans mon sommeil. Peu de temps car Adrien et Alejandra me réveillent pour partir. Nous rejoignons tous la caravane pour y placer les affaires. La Marche se met alors en route, après que nous nous soyons mis d’accord sur le lieu du repas : Saubrigues. Gaëlle et moi les laissons partir, nous les rattraperons au lieu de halte, avec la nourriture dans ma carriole. En attendant nous allons à l’atelier et au magasin d’Emmaüs pour différentes missions. Après avoir trouvé les responsables, qui étaient en réunion, nous remplaçons la vis manquante sur le second vélo à l’atelier, puis dans les magasins et débarats, nous récupérons quelques chaises pliantes, une dizaine d’assiettes en plastique, trois couvertures et deux ponchos, le tout sans débourser un centime de l’argent collectif. Nous remercions mille et une fois les gens de la communauté pour leur générosité, et discutons quelques temps avec eux.
Après avoir chargé ce nouveau matériel dans la caravane, Gaëlle fait un peu de rangement dans celle-ci, puis aménage le porte bagage enfin réparé comme elle le souhaite. Enfin prêt, nous prenons la route. Nous commençons par longer la D817, allant vers Peyrehorade, puis obliquons vers le Nord à St Martin de Seignanx. De là, nous attrapons la D54, une jolie petite route qui nous fait traverser les petites collines qui s’étendent entre l’Adour et la Plaine des Landes. Quelques belles décentes, autant de bonnes montées (Gaëlle passe la dernière pied à terre pendant que je zig-zag pour avancer. De beaux paysages, St-André-de-Seignans, d’autres beaux paysages, et nous ratrapons les marcheurs, trois kilomètres avant Saubrigues. Quelques mots avec eux, distribution des K-Way pour ceux qui n’en ont pas, puis nous les devançons pour aller chercher un coin pour le pique-nic. Nous nous posons tout d’abords, devant la mairie, mais les giboulés de Mars nous contraignent à chercher un endroit abrité. Nous ne trouvons rien d’autre que le porche de l’église, entouré d’un cimetière. Les marcheurs nous rattrapent et tout le monde s’installe, pour le repas. Nous partageons la nourriture, déchargée de ma carriole, et les discutions se font, en français et castillan. La devanture du bâtiment Catholique se voit ainsi assignée à une utilisation peu Orthodoxe.
Deux heures sonne au clocher lorsque la Marche se remotive. Je place les restes du pique-nic dans la remorque, puis reprend la route. Gaëlle reste avec les marcheurs afin de prendre des photos, tandis que je trace rejoindre l’équipe déjà à Saint Vincent de Tyrosse. J’y rejoins Yannick au point d’information, alors qu’il discute avec un homme des renseignements généraux et un voyageur à vélo. Ce dernier est équipé d’une bicyclette de la poste à laquelle est attaché une remorque. Sur celle-ci est apposé un article de journal de Sud-Ouest, parlant de son voyage depuis Bayonne dans le but d’arriver à Paris en ayant recueilli le maximum de doléance. L’homme me dit se nommer « Silence ». Je rejoins ensuite à la caravane Vincent, Edouard, Xavier et Daniel (ces deux derniers ayant rejoint la Marche le matin même, mais trop tard pour avoir pu faire l’étape du jour à pied). Un bon quart d’heure posé dans la caravane, puis je repars au point info. Je fais pars à Yannick de ma motivation pour aller faire un tour à un supermarché tout proche. Il me confie au passage 10 euros pour prendre une chaine et un cadenas afin de pouvoir verrouiller la caravane. J’y vais donc. Le supermarché est en fait bien plus loin que j’avais pensé, et je marche bien dix minutes aller. Silence, partant sur la même route que moi, sur son vélo, roule aussi vite que je march! Pas pressé! Une fois à la grende surface, je suis tellement fatigué par la journée que je tourne dans les rayons sans savoir ce que je cherche. Au bout d’une demi-heure, je parvins tout de même à trouver une trousse de toilette, une brosse à dent et un cadenas. Je me procure la chaine au magasin de matériel en face, puis prends la route du retour en trainant la patte.
J’avais mis l’antivol sur mon vélo. Personne ne pouvait le bouger. Je remercie donc Yannick d’être resté au point info (alors démonté) pour le garder. Ce dernier et Adrien se chargent de récupérer les dernières affaires, et nous nous rendons au campement. Celui-ci se situe juste derrière le village, à côté d’une école. Le site est un beau parc municipale, sur une grande bute. Les tentes sont montées en haut de celle-ci, tout prêt de la petite route. Les arbres nous surplombant se sont délaissés de leurs glands au-dessous d’eux, et c’est donc tout un tapis de boulettes marrons qui s’étale sous nos pieds, et donc nos tentes. Nous installons nos affaires, puis nous divertissons en attendant dix-huit heure (le terme de « glander » est on ne peut plus adéquate). Certains sortent un jeu d’échec, d’autres une gratte, d’autres encore dorment. Voyant Javier s’amuser à planter un tourne vis dans le sol, je sors mon opinel et on se fait un partie de « pichenette ». La situation tourne ensuite à la bataille générale de glands, et se poursuit plus ou moins jusqu’à la fin du temps de repos.
Vers dix-huit heure trente, une partie des marcheurs part à une rencontre avec des branches syndicales locales, alors que Yannick et moi partons à une rencontre/débat entre association, à Dax. C’est un militant de la Ligue des Droits de l’Homme, habitant à St Vincent de Tyrosse qui nous y conduit en voiture. Durant le trajet, la discution s’anime entre Yannick, convaincu que le président, qu’il soit de droite ou de gauche, ne changera rien à la donne, et le conducteur qui voit en François Hollande un mince espoir de changement, mais qu’il faut cependant absolument soutenir. Je préfère ne pas intervenir dans le débat, et écoute les arguments en observant le paysage. Une fois à Dax, nous rejoignons une salle de réunion. Les organisateurs de la rencontre sont des militants de la L.D.H, d’A.T.T.A.C, des Amis de la Terre et d’autres associations, formant le collectif C.A.C (Collectif pour un Audit Citoyen, qui est un collectif national). Ici, c’est la branche landaise de ces associations qui organise la soirée, ce qui donne le nom plutôt comique de C.A.C 40. Tous ces gens sont attablés autour d’un diner convivial et participatif (où chacun apporte son plat. Ils nous invitent au repas, et malgré le fait que nous n’ayons rien apporté, ils sont ravis de voir à quel point nous apprécions les mets présents : pizzas, cake au thon maison, jambon, pâté, cornichons, rillettes… Personnellement, j’ai surtout l’impression de passer pour un crève-la-dalle !
La conférence commence. Son sujet : la dette. Les intervenants : Jean-Marie Harribey, ex président d’A.T.T.AC France, actuel co-président des Economistes Attérés, et Guillamue Duval, journaliste économique et rédacteur en chef du magazine Alternatives Economiques. Ils ont tout d’abord une demi-heure de prise de paroles chacun. M. Harribey prend la parole en premier, et j’arrive à suivre toute sa demi-heure, malgré ma fatigue. Cependant, lorsque le second intervenant commence, sa voix calme et peu portante (malgré le micro), me fait penser que je ne tiendrais pas éveiller encore longtemps. Je me concentre sur ses explications économiques, mais mes paupières, trop lourdes, se ferment toutes seules. J’écoute donc la conférence en mode radio… A la fin de la demi-heure de prise de parole, les applaudissements me réveillent en sursaut ! Vint ensuite une heure de questions/réponses entre le public et les intervenants. Mon petit repos me permet de tenir éveillé, et j’arrive à reporter mon attention sur le débat. Hélas, je retiens surtout que les intervenants nous expliquent bien d’où vient la dette, comment nous devrions la laisser passer, et nous invitent à espérer vivement que la chère « classe politique » effectue le changement du système éspéré. Yannick me fait remarquer que les conférenciers ont devant eux des gobelets en plastique jetable et une bouteille d’eau minérale. Vive la voix de l’alternative ! Dormez-bien petits citoyens !
Une fois la conférence finie, nous remontons dans la voiture de l’homme qui nous a amené. Mais il raccompagne aussi M. Duval, l’un des deux conférenciers. Nous discutons un peu de la soirée, et nous nous plaignons de n’avoir pu poser les questions qui nous travaillaient. En effet, il ne fut donné la possibilité de s’exprimer qu’à six personnes de la salle. Je profite donc de ce moment en voiture avec l’un des conférenciers pour lui poser ma question. Celle-ci porte sur la situation de l’Islande, qui a refusé la dette, et ne connais donc pas la crise économique mondiale. De la rapide réponse de M. Duval, je n’entends juste que le début, où il parle du niveau de vie des Islandais, assez bas, mais cependant en progression. Le reste de ces mots se perd dans le bruit du moteur, et malgré le fait qu’il soit juste devant moi, je ne saisis pas la fin. Le sujet de l’Islande est donc évité, pour ne pas trop changer. L’homme de la L.D.H nous pose au campement vers vingt-trois heures trente. La plus part des marcheurs ont finis leur réunion avec les syndicats, et sont couchés dans leur tente. Je me pose avec Yannick le temps de discuter de la soirée, et partager un cône. Esmeralda nous rejoins et raconte leur réunion. Ils ont pu débattre correctement, et exprimer nos revendications. Le message a donc été bien reçu par les syndicalistes, autant concernant les actions du premier mai, que celle du douze. Nous partons ensuite nous coucher dans nos tentes respectives. Rodrigo Y Gabriela dans les oreilles, je fait planer mon esprit puis rejoint mon duvet.
Mercredi 07 mars 2012 :
C’est Adrien qui s’occupe de venir me réveiller. J’ai bien entendu le camp de se lever, mais je n’avais jusqu’alors pas trouvé la motivation pour sortir du duvet. Il ne faut pas trop abuser non plus, je décide donc de sortir de mes rêves. Rangement de la tente. Rangement du camp. Les marcheurs partent. Je récupère le pique-nic que je dois leur apporter. Rangement du vélo et de la carriole. Les voitures et la caravane partent. Gaëlle et moi partons enfin. Nous nous arrêtons peu après au Mc Donnalds pour une mini mission Occupy Mc Do. Pour un café, nous profitons des toilettes, de la chaleur du lieu et je publie l’article sur lundi, accompagné des photos de Gaëlle. Nous repartons ensuite rejoindre les marcheurs, qui sont surement déjà arrivés à la halte prévue pour midi. Sept kilomètres sans arrêt (sauf un petit pour s’enlever une veste), et nous les apercevons traversant le pont de l’autoroute, juste avant l’endroit désigné à la pause casse-croute.
Lorsque nous les rejoignons, des marcheurs nous font part d'une question qu'ils se posaient: les cyclistes se sont ils arrêtés faire des tricycles! Nous nous posons pour partager le repas sur une bande de terre, entre l’autoroute, le pont, et la petite route que nous devons suivre. Lorsque je replace les restes dans ma carriole, on me confie un énorme sac de foie offert sur la route par un boucher. Puis nous reprenons la route, vers une heure de demi. Le tracé est plutôt facile : suivre la petite route longeant l’autoroute, sur huit kilomètres, jusqu’au bourg de Magescq, où nous devons dormir. Je laisse les marcheurs à leur rythme, et roule jusqu’au village étape. Une fois sur place, je trouve facilement la caravane, devant laquelle sont dépliées la plus part des tentes. Edouard, et Vincent patientent dans la voiture en attendant le médecin, car le second souffre de douleurs au bas du ventre. Ils m’indiquent avoir déplié les tentes pour les faire sécher. Je rencontre aussi Cyril, habitant d’Orléans, ayant participé à l’occupation de la Défense, qui rejoint notre marche après avoir passé quelques temps à Barcelone. Un local nous a été ouvert pour la nuit, et j’y entre donc mon vélo. Christo s’occupe de cuisiner un plat de pâtes en attendant les marcheurs. Je partage un peu d’inspiration avec ce dernier et Cyril, puis détache l’accordéon de mon vélo pour aller en jouer sur la petite place toute proche.
C’est en percevant le son de Karl que Yannick nous trouve. La marche est en effet entrée dans Magescq par l’est, alors que si j’avais repéré facilement la caravane, c'est parce que j'étais entré par le sud. Il repart donc chercher les marcheurs à la place de l’église. Lorsque ceux-ci arrivent, je remarque que devant la caravane se trouve une ambulance des pompiers. Vincent, n’en pouvant plus de ses douleurs, les a fait venir. Je continue à pianoter un moment, puis repars dans la salle. Nous nous installons. Des tables sont montées pour poser les prospectus. Je m’occupe d’en monter d’autres pour poser la nourriture, et ainsi décharger le bar devant la cuisine, et une autre pour un plan de nettoyage des couverts. Nous partageons ensuite le plat de pâtes de Christo. Chacun vaque ensuite à ses occupations, et je débute l’écriture de cet article. A dix-sept heure trente, tout le monde se réunis à l’extérieur pour une assemblée interne. Vers dix-neuf heure viennent un militant de l’association Les Amis de la Terre, un de la confédération paysanne, et deux femmes interpellées par la présence de la Marche. Nous débattons donc deux heures durant de l’état de la Terre au niveau local, national, européen et mondial, de l’agriculture industrielle, des bio-carburants, de la souveraineté alimentaire, des crises de la faim, etc… Le débat est pationant, et y participent même nos amis Espagnols
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La rencontre terminée, nous installons la grande table du diner, pendant que d’autres cuisinent. Riz, accompagné du foie récupéré à midi. Tous n’aiment pas le foie, beaucoup n’arrivent pas à finir leur riz. C’est donc avec joie que je m’occupe de manger la part des autres une fois la mienne terminée. Nous partageons les bouteilles de vin pour l’occasion, car nous fêtons les vingt et un ans d’Alejandra! Je débouche, à la fin du repas, la bouteille de Grapa (liqueur de raisin Italienne), que je conservais depuis Rome pour boire avec la marche Bayonne. On éteint les lumières, vingt et une bougies sur un cookie illuminent la pièce quelques secondes, jusqu’à ce que le souffle d’Alejandra ne laisse plus que fumée s’échappant des mèches. La soirée se poursuit ensuite jusqu’à deux heures du matin. Guitare, accordéon, harmonica, chansons révolutionnaires, bouteilles que l'on vide et nous sommes pleins ! Les marcheurs se couchent au fur et à mesure. Les rescapés se retrouvent dehors à siroter une dernière bouteille de cidre, dans des débats franco-espagnols accompagnés d’un dernier « poro ». Puis chacun rejoint enfin sa couche. L’onirique me saisit facilement!
Photos : Gaëlle Simon
MERCI GAELLE!!!!!!!!!!!
http://peleran.over-blog.com/article-bienvenue-dans-les-landes-101205563.html