Billet de blog 14 mars 2012

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MicheGauthier

Ecolo zadiste indigné, chercheur au Pole Emploi en Moselle et parfois sur la ZAD

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La Cadence accélère! (Le Blog de Peleran 10 et 11 mars)

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Samedi 10 mars 2012 :

J’entends le camp se lever. Il n’y a pas de temps à perdre, je sors de ma tente rapidement pour informer les marcheurs d’un problème que j’ai découvert la veille au soir, en lisant ma carte avant d’aller me coucher. Je suis en effet chargé de la commission route, et je m’occupe que tout se passe bien durant les étapes. Je rejoins les premiers levés aux bancs où nous avons posé le petit déjeuner, et expose la situation. Nous sommes en effet sensés aller le soir suivant à Pontenx en Forge, mais selon ce que j’ai compté, 32 kilomètres nous en séparent. Il faut donc trouver une solution, car cela ferait un trajet d’une longueur double de celles faites habituellement. Quelques solutions sont proposés, mais finalement un groupe de cinq marcheurs, plus Gaëlle avec son vélo se motivent pour parcourir toute l’étape à pied, et au pire d’être récupérés par une voiture si ils sont fatigués.

Le groupe étant crevé, qui plus est dormant dehors, nous avons trainé dans nos duvets. Nous nous sommes donc levés vers dix heure, plutôt tard pour marcher. Rangement rapide des tentes, du campement etc… Les marcheurs partent, puis les voiture et la caravane. Mon vélo en ordre, je passe à l’épicerie au centre du village pour les provisions du pique-nic. Le repas dans ma carriole, je me pose une bonne heure sur la place le mairie pour continuer de taper l’article précédent. Un petit marché est posé devant moi, aussi je profite d’une prise de courant pour charger l’ordi. Vers treize heures, je me bois un petit café à une buvette montée près du marché, avec pleins de villageois réunis autour d’un repas. Je commence ensuite par suivre la route jusqu’à Mézoc, petite route de campagne avec quelques maisons maraichères disséminées le long de celle-ci, puis rattrape la D38 après le village. Je l’emprunte une centaine de mètres, puis reprends la D367, filant vers le Nord. Je retrouve les pins ordonnés le long de la route rectiligne. Au loin, je vois bouger une tache rouge et  quelques taches jaune fluo. Je continue de rouler dans leur direction, et au fur à mesure, les couleurs, devenus immobiles, se changent en six personnes assises sur un talus. Je leur propose de manger un peu plus loin. Ils me disent préférer de maintenant. Nous nous posons sur un petit chemin perpendiculaire à la route, et je déballe la cagette du repas. Nous partageons le pâté restant de la veille, les gâteaux salés que j’ai acheté ainsi que le pain, les fruits, et les bichocos. Une voiture passe sur le chemin, la conductrice s’arrête à notre niveau et nous lance : « c’est vous les marcheurs ? J’ai entendu parler de vous ! » Cela nous fait grandement plaisir que l’info soit ainsi passé. Nous discutons deux minutes avec la femme et je lui donne un tract. La voiture repart ensuite, nous sommes agréablement surpris par cette rencontre.

Après le repas, je devance les marcheurs de quelques centaines de mètres pour  m’arrêter au hameau de Lisack. Je fais remplir les bouteilles chez un vieux monsieur qui me sort des phrases incompréhensibles en me donnant l’eau. Puis je fume une cigarette  allongé contre un gros arbre en attendant la Marche. Je remets ensuite les bouteilles d’eau à Gaëlle, qui les place dans les poches de latérale de son vélo, ainsi qu’un paquet de bichocos. Il reste selon ma carte 18 kilomètres à parcourir avant d’arriver à Pontenx. Je leur souhaite bonne chance, et nous repartons vers le nord, à nos allures différentes. Ils ne tardent pas à sortir de mon rétroviseur. Je franchis les sept kilomètres jusqu’à Leych, où un homme, dans une voiture utilitaire tractant une remorque pleine de bois, me demande de m’arrêter. Il a été impressionné par mon chargement, et me pose quelques questions : d’où est-ce que je viens, etc… Je lui donne un tract de la marche, et lui explique en résumé. Quelques minutes à parler, puis il me quitte en me souhaitant bonne chance. Je franchis ensuite le carrefour avec la D44, et continu plein Nord. La végétation change un peu, et les pins sont disposés de façon beaucoup plus anarchique, avec un dense sous-bois à leur pied. Cette forêt me plait beaucoup plus que toutes celle vues depuis les derniers jours. J’y prends donc mon temps, roulant avec une allure tranquille, sous les ombres et les rayons de soleil de la fin de journée. J’arrive ensuite sur la D626, venant de Mimizan à l’ouest. J’oblique donc vers l’est, puis trouve sur ma droite une indication pour une piste cyclable dont je n’étais pas au courant. Celle-ci amène à Pontenx, je l’emprunte donc. Je me fais plusieurs kilomètres à nouveau entre les pins, puis enfin dans le bourg, je quitte le chemin pour rejoindre la place centrale.

Je trouve Edouard assis devant la salle des fêtes, assit à une table, tenant un point info sur la Marche. Il n’y a pas foule autour du stand, on va même dire qu’il n’y a personne. Il m’informe que les autres sont partis installer le camp à l’ancien camping, et qu’il attend de leur nouvelles depuis bientôt une heure. Il me raconte aussi qu’un des conducteurs s’est trompé de carburant, en mettant un plein de gasoil, au lieu de diesel. Cela leur a saboté l’après-midi, mais ils ont réussi à siphonner le réservoir. Je lui laisse des restes du pique-nic car il n’avait pas mangé, et pars chercher le campement. Je trouve facilement l’ancien camping, mais aucune trace de la Marche. Les voisins auprès de qui je demande me disent n’avoir vu personne. J’ai beau tourner, je ne trouve pas une seule trace. Je repars donc au point info, pour demander plus de précisions à Edouard. Il n’en a pas à me donner, et n’a aucun numéro de ceux avec la caravane. Joie ! Il n’y a plus qu’à les attendre. Pour nous faire patienter, la commune à organisée un carnaval, et je passe donc les deux à attendre à regarder les gamins envoyer des boules de papiers froissé sur M. Carnaval, puis avoir droit à un gouter, le tout sur fond sonore de musique commerciale. Au secours !

Vers dix-huit heure, l’un des compagnons arrive enfin ! Je m’énerve un peu sur lui à cause de ce manque d’informations, puis grimpe sur mon vélo pour rejoindre le lieu qu’il m’indique. Au bout d’une allée, je me retrouve dans un grand parc. Au fond, une belle maison et sur ma droite quelques arbres avec en arrière-plan quelques bâtiments en travaux de réhabilitation. Dani, au téléphone, m’indique que nous sommes dans une grande pièce. Je pose mon vélo devant la salle et m’y engouffre. J’y trouve Raijo, posé sur un canapé, pianotant son ordi. Je le remercie bien énervé d’avoir pris cinq minutes de son temps pour venir indiquer au point info où ils étaient posés. Je ne cherche pas à comprendre sa réponse en espagnol, Alejandra arrive, je lui jette la situation à la figure, et je n’écoute pas non plus sa réponse. Je me pose ensuite à fumer pour calmer ma rage, et profite de la beauté du lieu. Florent, l’un des marcheurs, m’appelle au téléphone, et m’informe qu’ils arrivent bientôt. Je me motive donc pour partir à leur rencontre pour qu’ils trouvent la salle. Javier m’attrape au passage, et me pris d’excuser le groupe de m’avoir ainsi laissé poireauter, et il m’énumère le travail de chacun durant ce laps de temps, surtout le sien. Bon, ma pause fumette à fait effet, j’entends son discours.

Une fois tous les marcheurs arrivés, Javier nous sers un bon plat de pâtes à tous. Adrien et moi avalons notre plat en vitesse, puis traçons à la place du village pour l’assemblée prévue à dix-neuf heure. Nous trouvons au point info le marcheur venu à dix-huit heure, mais pas l’ombre d’un villageois. Edouard, Cyril et Roaijo nous rejoignent peu après. Un quart d’heure d’attente, personne ne passe. Démotivés, nous rangeons alors le point info et repartons. De retour à la salle, je me reprends un plat de pâtes, puis me pose à continuer l’article précédent. Une heure après, voilà un nouveau plat qui nous est servi : un bon poulet rôti, accompagné  de pommes de terre. Un vrai régal. Je me charge ensuite de faire la vaisselle, bien heureux de faire barboter mes mains dans l’eau chaude.

De nouveau à la salle, nous attendons les retardataires pour commencer une assemblée interne, afin de régler les quelques problèmes d’organisation dans la marche, qui mettent une mauvaise ambiance depuis deux jours. Mais certaines prennent leur douche, ou ont décidés de regarder Arte dans la petite pièce à côté de la cuisine. L’impatience de commencer le débat fait monter la tension. Enfin, lorsque ceux motivés pour l’assemblée sont réunis dans la pièce, nous commençons, laissant les autres qui ne veulent pas participer se plier à nos décisions. Heureusement, le fait d’être posé dans la salle, qui plus est, chauffée, nous permet de débattre tranquillement, sans subir le froid extérieur. Nous commençons par nous organiser pour le lendemain, car il prévu que la majeure partie des marcheurs monte à Bordeaux en voiture, afin de participer à la chaine humaine contre le nucléaire, organisée pour l’anniversaire de Fukushima, puis redescende à Sillac. Seul Christo et moi ferons le trajet entre Pontenx et Sillac avec les vélos. Lui car il ne veut pas monter à Bordeaux, et moi car je ne peux pas y aller, ayant mon vélo (preuve qu’amasser des biens va dans le sens contraire de la liberté de mouvement). La journée du lendemain préparée, nous passons au sujet sensible que tout le monde attend. Un coup de fil d’Eva vient perturber quelques minutes le début du thème. Cinq minutes de pauses, en attendant la fin de l’appel, qui fait remonter l’impatience chez certains (moi y compris). Adrien raccroche. Enfin, nous pouvons parler. Nous commençons par exposer notre vision des problèmes, afin de mieux cerner les os. Il apparait que c’est un problème de motivation chez les uns qui fait flancher l’énergie du groupe. Une seule solution : que les motivés redoublent d’effort, afin d’emporter les traine-la-patte dans leur élan. Dans ce but, étant donné que nous sommes trop peu nombreux pour nous appuyer sur des commissions d’organisation de la Marche, nous décidons de resserrer le fonctionnement sur des « responsables ». L’idée est d’ouvrir des « postes » aux marcheurs motivés, qui en acceptant une responsabilité dans un domaine, seraient chargés de l’organiser et de vérifier que les choses se déroulent bien. Six postes, correspondants à six domaines d’organisation, sont créés dans ce but : la cuisine, la logistique, l’économie, la route, la communication physique (faire connaitre la marche par les tracts et les affiches, et la communication médiatique (à travers internet, les radios, les journaux, les télévisions du mouvement etc… ). Je propose aussi l’idée de faire un domaine « récup/recyclage », mais nous considérons que c’est à chacun de s’en charger au gré de ses déplacements. Chacun de ces postes sont occupés à titre temporaire, sans limite dans le temps, tant que la personne veut bien s’en charger, qu’elle est en accord avec l’Assemblée, et qu’elle est disponible sur la marche pour cela. Cela ne donne bien sur aucun pouvoir à quiconque. Après avoir défini les différents domaines, nous définissons la mission que doit prendre en charge chacun de ces postes. Comme c’est le cas implicitement depuis le départ de la Marche, je prends en charge le domaine « route ». Il s’agit de déterminer le parcours que doit faire les marcheurs à chaque étape, leur préparer un plan topographique et des panneaux le long de la route si besoin est, s’organiser avec la cuisine/logistique pour le pique-nic et le repas à l’arrivée de l’étape, et bien vérifier qu’aucun marcheur ne s’est perdu sur le trajet. Nous donnons tous à tour de rôle notre vision du poste que nous assumons, et lorsque tout le monde est d’accord, nous acceptons le consensus. C’est ainsi que nous levons l’Assemblée interne avec un morale bien meilleur que lorsque nous l’avons commencé.

Le groupe se couche petit à petit. Je continue l’article précédent jusqu’à deux heure du matin, puis sort fumer un peu de nourriture spirituelle. Je n’arrive pas à trouver le sommeil, car je réfléchis à une idée qui me travaille depuis quelques jours, et que je compte mettre en texte pour pouvoir la diffuser un maximum. Je rallume donc mon ordinateur, et commence à écrire afin de soulager mon esprit. Je rédige l’introduction de l’idée, puis les grandes lignes. Je dois finir ce document dans les jours prochains, après l’avoir cogité un maximum. Je le publierai prochainement dans la partie « Pensées Diverses ». Ceci fait, je m’endors vers cinq heures du matin. Il me reste un peu plus de trois heures à dormir !

Dimanche 11 mars 2012 :

J’ai entendu quelques personne se lever de bonne heure, mais me suis rendormi direct, trop fatigué pour me lever si tôt. De tout façon, c’était la première voiture montant sur Bordeaux, devant quitter les lieux vers neuf heure afin d’avoir le temps d’imprimer tracts et affiches, avant la chaine humaine. Lorsque je me réveille pour de bon, vers dix heure moins le quart, seul Christo dort encore. Le reste de la salle est vide. J’ai finalement pu dormir presque cinq heures. Heureusement, car plus de quarante bornes nous attendent. Je réveille le dormeur, puis, avec l’aide de ceux devant partir avec la caravane, nous nettoyons la salle. Je range mes affaires sur le vélo, Edouard me remet sa clé 3G, dont il n’aura pas besoin vu qu’il monte nous attendre à Bordeaux, puis la seconde voiture part avec la caravane. Je demande au propriétaire des lieux, tenant le gite, de nous indiquer une boulangerie ouverte, et un bar pour boire un café avant de prendre la route. Il m’explique donc où je peux prendre le pain pour midi, puis nous offre un café (Christo n’en voulant pas, je descends la cafetière). Nous discutons au passage avec un couple de retraité ayant passé la nuit au gite, et bien sûr avec nos hôtes.

Après avoir bien remerciés le couple, nous grimpons sur nos vélos. Le temps est splendide, le ciel bleu azur se maintenant pour notre plus grand bonheur ! Petit arrêt à la boulangerie, puis azimut plein nord, direction Parentis. Nous trouvons une piste cyclable à l’entrée du bourg, et ayant effectués la moitié du chemin, nous cherchons à aller nous poser sur le bord du lac de Biscarosse un moment. Mais ma carte indique de nombreuses usines de pétrochimie dans le coin, et un habitant nous confirme. Nous décidons donc de suivre la piste cyclable en direction du nord-ouest, jusqu’à Biscarosse, afin de profiter d’un rivage plus agréable. Nous voilà donc cyclotouristes, pour quelques heures. Renaud dans mes oreilles, nous parcourons les sept kilomètres restants, puis les habitants nous conseillent d’aller nous poser à Navarrosse, sur le lac de Sanguinet, cinq kilomètres plus au nord. Nous continuons donc la piste cyclable, entre un petit canal et la forêt, et arrivons sur le bord de l’étang. L’endroit est un petit port de plaisance, avec quelques campings cars abrités sous les pins. Nous contournons le port et allons jusqu’à la plage. Quelques personnes profitent du vent et du beau temps de ce dimanche pour faire du kite. Christo et moi nous posons sur une dune pour partager le repas.

Après une petite pause sous les pins, à discuter de l’Histoire française et espagnole, nous remontons sur les bécanes. Nous avalons les quinze kilomètres jusqu’à Sanguinet d’une trotte. Le dos en compote, due à ma courte nuit, nous faisons une petite pause-café. Nous galérons ensuite à trouver la bonne route vers le lieu-dit de Sillac. Nous questionnons un passant qui nous éclaire. Nous suivons son conseil, puis j’arrive enfin à me repérer sur la carte. Pas longtemps, car nous arrivons sur une route qui n’apparait pas sur mon plan. Nous obliquons sur la gauche, et croisons sur notre droite la « Route de Sillac ». Nous interrogeons une maison voisine pour de clarté, qui nous indique que c’est la bonne route. Nous nous retrouvons donc à rouler vers l’est, soleil dans le dos, à travers la route toujours aussi plate du nord des Landes. J’éteins mon baladeur, et joue de l’harmonica en roulant tranquillement. Nous arrivons enfin devant un pont, passant au-dessus d’une voie ferrée. Nous nous arrêtons là : sur notre droite, voilà Sillac. Mais ça, c’est pour un autre article.

http://peleran.over-blog.com/article-la-cadence-accellere-101493092.html

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