Alors qu'Emmanuel Macron se targue d'investir 109 milliards d'euros dans l'IA afin de faire de la France le premier pays européen de l'Intelligence Artificielle et le troisième au monde, on peut légitimement s'interroger. Premièrement de la pertinence d'un investissement aussi important alors que les coupes budgétaires sont de rigueur dans tous les autres domaines. Deuxièmement sur l'IA elle-même que l'on nous présente comme un progrès considérable mais qui semble avoir bien plus d'effets négatifs que positifs.
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De graves menaces sur l'emploi
Les conséquences du recours généralisé à l'Intelligence Artificielle en matière d'emploi commencent à se faire sentir alors que les premiers licenciés de l'IA apparaissent. Le problème est que nous ne sommes qu'au début du processus, lequel va s'accentuer dans les années à venir.
Selon une étude récente, les métiers suivants sont les plus menacés d'ici 2030 : opérateurs de saisie, caissiers, secrétaire, guichetiers, traducteurs, standardistes ou encore comptables1. Sur le long terme, d'autres emplois risque de disparaître, y compris celui de chauffeur. De plus, d'autres professions, ne sont pas menacées directement mais vont connaître de profondes mutations, déjà en cours pour certaines, comme les métiers de l'enseignement.
Selon le site capital.fr, aux États-Unis, 25000 emplois ont été supprimés à cause de l'usage de l'IA, sur la seule année 2025. Un chiffre auquel on peut ajouter les 40000 suppressions de postes chez UPS ainsi que les 14000 emplois dont Amazon vient d'annoncer la suppression. Le géant de l'agroalimentaire Nestlé prévoit de supprimer 16000 emplois dans le monde d'ici 2027, toujours à cause du recours à l'IA. Une véritable hécatombe s'annonce donc dans les prochaines années.
Une catastrophe écologique
L'utilisation de l'Intelligence Artificielle a aussi de graves conséquences sur l'environnement. Par exemple, une recherche internet via l'IA consomme trente fois plus d'énergie qu'avec un moteur de recherche classique. La génération d'une seule image consomme autant qu'une recharge complète de smartphone soit en moyenne 1,6 Wh. Ce n'est pas tout, entre 2 et 5 litres d'eau sont nécessaires par image générée. Selon l'OCDE, l'IA pourrait consommer jusqu'à 6,6 milliards de mètres cubes d'eau par an d'ici 2027, soit plus que certains pays comme la Tunisie ou le Liban.
Pour son utilisation, d’immenses data center fleurissent aux quatre coins du monde. Il se trouve que ces immenses fermes numériques sont extrêmement énergivores. Pour les alimenter des centrales au gaz ou même au charbon sont relancées, c'est le cas en Irlande et aux États-Unis.
Cette gloutonnerie énergétique est loin d'être sans conséquences. Consommation d'eau et d'électricité mais aussi rejet de gaz à effet de serre et contribution au réchauffement climatique. Le géant américain Google a constaté une augmentation de 48% de ses émissions de gaz à effet de serre ces cinq dernières années.
La disparition de l'esprit critique
Le recours à l'IA générative a aussi de graves répercussions sur le cerveau humain. Déjà, de nombreux jeunes, biberonnés à ChatGPT, sont incapables de penser par eux-mêmes. Le recul du niveau de connaissances et de compétences des étudiants, constaté tant par les enseignants que par les enquêtes internationales2 est un fait indéniable. Si les causes sont multiples, l'usage des écrans, des réseaux sociaux et désormais de l'Intelligence Artificielle en sont la pierre angulaire. En effet, ces cinq dernières années, la baisse de niveau est significative et inquiétante.
Une étude menée par des chercheurs de Cambridge et de Pennsylvanie montre que plus l'utilisation de l'IA est importante, plus l'esprit critique diminue. Ces chercheurs pointent « une dépendance à long terme et une diminution de la capacité à résoudre les problèmes de manière indépendante ».
Pourtant, les injonctions au recours à l'IA sont omniprésentes, y compris dans l’Éducation Nationale qui fonce tête baissée et ne semble pas avoir tiré les leçons de ces erreurs précédentes. En effet, pendant 15 ans, l'EN a mis le paquet sur les tablettes et autres écrans tactiles avant de faire marche arrière devant les dégâts cognitifs désormais prouvés et de prôner le « zéro écran ».
Si l'Intelligence Artificielle peut être bénéfique dans certains domaines précis, investir massivement dans l'IA ne ressemble pas à une stratégie de développement profitable au plus grand nombre mais davantage à un suicide collectif. Licenciements massifs, contribution conséquente au dérèglement climatique et abolition de l'esprit critique sont les résultats directs de l'irruption de l'IA dans nos quotidiens. La globalisation du phénomène est particulièrement inquiétante. Continuer dans ce chemin revient à ouvrir grand les portes de l'enfer...
1Source : Etude Zety, basée sur les rapports de France Stratégie, de l’OCDE, de l’INSEE ainsi que du Forum économique mondial.
2PISA ; TIMSS