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Billet de blog 5 décembre 2014

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Cher patron *

Les temps sont difficiles pour moi comme pour toi également. Excuse mon tutoiement mais nous sommes frères d’armes, frères de grèves désormais, tous deux jetés dans le merdier par les hausses qui jouent au yoyo avec les baisses.

Tous deux cherchons du boulot, toi t’en a pas assez et moi pas du tout, enfin presque. Pôle emploi nous relance tous les jours pour nous proposer des trucs aux noms bizarres : des cuicui, des caecae, des dif, des cif, des cdi et autre cdd. Une jungle de sigles pour soi-disant abréger le chômage.

Je sais que tu travailles 15 heures par jour, sept jours sur sept, faute d’avoir les moyens d’engager un mec comme moi, ce que m’a dit un rond de cuir. Gaffe-toi l’infarctus, mon cher !

Je suis donc au chomdu depuis trois mois après vingt ans de bons et loyaux services dans une énorme boîte qui a dé lo ca li sé, poil au nez et à la barbe de ses obligés. Je suis ni jeune, ni vieux, ces catégories qui exaspèrent les statistiques et j’en ai marre de ne rien foutre, de regarder la télé ou picoler au bistrot en tapant le carton. Je flippe à l’idée d’être abonné au chômage de longue durée

Ma bourgeoise assurant les faims de mois, je te propose un deal, comme disent les amerloques : travailler gratos pour toi. Un homme à tout faire, polyvalent en quelque sorte. Courir à gauche et à droite, faire tes courses, sortir ton clébard, assurer ta sécurité, contrôler ton personnel, conduire ta pompe, française de préférence. Mais aussi emmener tes mômes à l’école, entretenir ton jardin, ta baraque, surveiller ta femme et ta maitresse.

Si t’as des problèmes de trésorerie, je peux d’avancer quelques biffetons sur ma prime de licenciement, la comptabilité et l’informatique n’ont pas de secrets pour moi.

Tu ne feras pas des économies de bout de chandelle avec moi, bien au contraire. T’auras plus besoin de cogiter, ta boîte va prospérer, pari tenu, et dans quelques mois tu m’engageras comme directeur. Fini le stress, tous les weekends dans ta villa du bord de mer. Réponds-moi vite sur mon blog !

*(courriel envoyé de Suisse où les banques délocalisent le secret bancaire !)

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