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Billet de blog 31 janvier 2012

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Genève, terre d'exil pour les prostituées françaises...

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Illustration 1
Photo: Laurent Guiraud


Un article de la Tribune de Genève
Par Melchior Oberson. 

     
Le durcissement de la loi française provoque l'émigration de nombreuses travailleuses du sexe à Genève, affectant durablement les tarifs traditionnels. Les prostituées françaises sont désormais majoritaires à Genève.


Amenés à légiférer sur la prostitution en décembre dernier, les députés français ont donné un nouveau tour de vis à la lutte contre le marchandage du corps. Alors que la législation française est déjà considérée comme l'une des plus répressives d'Europe à ce sujet, l'Assemblée Nationale a adopté le mois dernier une proposition de loi rendant passible de poursuites pénales tout individu ayant recours au service d'une prostituée. Bien que ce durcissement ne se traduira juridiquement pas avant six mois minimum, certaines travailleuses du sexe françaises préfèrent anticiper cette nouvelle contrainte en quittant le pays plutôt que de faire appel à un proxénète. Et bon nombre d'entre elles choisissent d'émigrer à Genève, terre nettement plus hospitalière dans ce domaine. Ce qui n'est pas sans conséquence pour les prostituées sur place. Les prostituées françaises majoritaires à Genève. Alors qu'un peu moins de 1000 péripatéticiennes se partageaient le marché du sexe à Genève en 2004, elles sont plus de 4100 aujourd'hui. Cette hausse spectaculaire est notamment imputable à l'arrivée en masse de prostituées françaises. «Elles représentent 28% des travailleurs du sexe à Genève et sont majoritaires depuis 2005. Depuis 2010, elles ont augmenté de 75% dans les recensements», relève Bertrand Jacquet, interrogé par le Temps.

Membre de l'association Aspasie qui s'emploie à défendre les droits des prostituées depuis 30 ans, Michel Félix constate que ce phénomène est particulièrement marqué «dans les salons ou chez les escort-girls». Ainsi, à titre d'exemple, on compte 500 candidatures par an au Gclub, dont 90% de Françaises, venant notamment d'Annecy, de Lyon ou de Paris. Mais pourquoi choisissent-elles Genève? «Il y a bien sûr la langue commune», remarque Michel Félix. «Par ailleurs, Genève prône la réglementation plutôt que l'abolitionnisme, que la France semble au contraire privilégier depuis les lois Sarkozy sur le racolage passif en 2004. À Genève, cette activité est légale et très contrôlée. Les prostituées considèrent ainsi notre ville comme un eldorado».

Nul étonnement donc à ce que celles-ci soient de plus en plus nombreuses à tenter leur chance dans la cité de Calvin. Mais cet afflux rapide et de grande ampleur tend à dérégler les tarifs traditionnels, qui ne peuvent résister à une telle augmentation de la concurrence.


Le plus vieux métier du monde en proie à une baisse des tarifs. Comme dans tous les autres secteurs d'activité, les tarifs de la prostitution sont en effet régis par la loi de l'offre et de la demande. Or, si l'offre a quadruplé en huit ans, la demande n'a pas suivi la même pente ascendante. «On constate en effet une diminution des tarifs de la prostitution», précise Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police genevoise. «Seul le secteur haut de gamme, comme les escorts-girls, a vu ses tarifs stagner, voire même légèrement augmenter.» Même son de cloche pour Lisa, patronne du Venusia. «A 30 ou 50 francs la passe, ces jeunes filles cassent les prix», s'emporte-t-elle dans le Temps. Un phénomène qui n'est cependant pas inédit pour Michel Félix. «C'est un phénomène cyclique. Dans les années 1980, les prostituées genevoises se plaignaient déjà des concurrentes allemandes», tempère-t-il. (TDG)

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