
Le calepin jaune éditions
http://www.editions.lecalepinjaune.com
Justine Niogret a décidé de faire de sa vie une boîte à trésors. Elle y fourre pêle-mêle tout ce qu'elle trouve beau ou intéressant, et on y trouve en fatras des dessins étranges; des coquilles d'escargot vides couvertes de haïkus et de poèmes vikings; d'anciens romans un peu déchirés trouvés dans des greniers abandonnés, avec des fleurs séchées en marque-pages; des photos passées, des figurines de zombis, de minotaures, de fées, sans oublier un crâne de bouc posé derrière la porte pour faire peur aux intrus; bref, Justine Niogret est une sorte de grenier à elle toute seule.
Et toujours, le bruit de l’orage
Que ce soit sur le champ de bataille, dans le cœur des hommes,
Ou bien sur les rives du Styx, dans l'esprit nostalgique d'une jeune femme,
Que ce soit chez "ces Autres" pendant la guerre où la violence fait rage,
Ou encore dans l'innocence d'enfants à la jeunesse perdue,
Le bruit de l'orage martèle et résonne toujours plus fort...
Découvrez la plume unique de Justine Niogret, qui signe là son premier recueil. Cette digne héritière des Tolkien, Moorcock et autres maîtres de la Fantasy vous fait ici partager ses splendides créations.
L'univers de cette plume âpre […] est celui des frontières : frontière du surnaturel, de l'étrange et de l'horreur où même le quotidien, même le merveilleux se teintent de nuances de tristesse et de mort […]Et toujours le bruit de l'orage est le recueil singulier d'une auteure singulière, qui trouvera assurément sa place dans toute bonne bibliothèque.
Khimaira magazine
Sur le fond : c'est noir, c'est dense, c'est sanglant, c'est secret, c'est monstrueux également. Mais ces descriptifs ne doivent pas être pris à leur sens habituel : Justine Niogret sait distiller le doute et un zeste de subversion, et les situations décrites ne peuvent pas se couler dans le moule du manichéisme. […] J'ai dévoré ce recueil en deux jours et j'ai adoré chaque nouvelle, chaque mot, chaque personnage. Je vous invite à venir faire une course, boire à la fontaine, et entrer dans la grange. Vous ne le regretterez pas.
Chroniques de l’imaginaire
Quelques mots avec Justine Niogret
CB : Bonjour Justine. Votre premier recueil, Et toujours, le bruit de l’orage, à l’écriture extrêmement poétique, est paru en juin dernier aux éditions Le calepin jaune. Comment est né ce recueil ?
J.N : Bonjour Charlotte! Et bien ce livre est né grâce à la passion et au talent de deux personnes ; Estelle Valls de Gomis et Hérysis. J’avais déjà collaboré avec Estelle à plusieurs reprises, et lorsqu’elle a fondé sa propre maison, le Calepin Jaune Editions, elle m’a proposé de publier un recueil. Je l’ai logiquement immédiatement inondée de mes nouvelles jusqu’à ce qu’elle crie grâce. Quant aux illustrations, j’avais, quelques temps auparavant, poursuivi Hérysis - un dessinateur dont j’aime terriblement le travail - et je lui avais fait promettre qu’un jour nous mènerions à bien un projet commun. Ce sont surtout eux qui ont travaillé, ensuite ; tous les textes étaient déjà écrits, et je n’ai eu qu’à taper les trois citations du début, les dédicaces et le mot de la fin. C’était une impression assez curieuse, d’ailleurs.
CB : Où puisez-vous votre inspiration ?
J.N : Franchement ? Il y a deux ans, c’était en regardant les documentaires animaliers de France 5 ou en regardant tourner le linge dans la machine à laver. Dans mon cas, l’inspiration arrive quand un certain état d’esprit s’installe (avec des exemples comme ceux-là, je préfère ne pas analyser plus profond, si vous permettez). Les idées arrivent aussi souvent à quatre heures du matin, me réveillent et exigent d’être écrites là, maintenant, pas demain matin. Alors je dors au milieu des cahiers froissés et des vieux crayons.
J’adore chercher l’inspiration, et j’y parviens en général en regardant dans le vide comme un benêt. Ce qui cause d’horribles situations, où on me demande de me secouer un peu, et où je réponds « laisse, je travaille. » Mes amis se moquent, vous savez.
En gros, je sais quand l’inspiration arrive, mais pas comment. Je pense que les petites bobines à idées ont besoin de toute la machinerie pour travailler, et que c’est pendant ces moments de vide qu’elles se mettent à tourner. J’essaye de les nourrir du mieux que je peux, avec un mélange de littérature, d’histoire, mais aussi de films, de séries et de jeux vidéos. Elles font leur tri ensuite.
CB : Ce qui est frappant, dans votre écriture, c’est qu’elle est extrêmement sensitive. On sent dans vos textes les goûts, les odeurs, etc. Avez-vous particulièrement travaillé cet aspect pour ces nouvelles ?
J.N : Pas vraiment. Je crois que cette façon d’écrire était fournie avec le matériel de base, entre les stylos et le papier. Je n’avais jamais vu cet aspect de mon écriture avant d’essayer des textes un peu SF, donc plutôt tournés vers des thèmes que je dirai froids, mécaniques, à l’opposé de ce que je trouve tiède et sanguin et que je travaille plus souvent. Mon premier texte dans cette veine était une sonde envoyée dans l’espace et qui se souvenait de la chaleur des mains des savants sur elle. Là, j’ai bien dû m’avouer que oui, j’écrivais avec… une gourmandise de mots, disons.
CB : Certaines de vos histoires ont un parfum d’enfance, un parfum nostalgique, mais toujours âpre, étrange. C’est là, d’une certaine manière que l’on rencontre les personnages les plus normaux – et les plus dérangeants - de votre univers – je pense ici particulièrement à « Je suis un soir d’été, « La grange » ou encore, d’une certaine manière, à « Le jour de la Belladone. Que signifie pour vous ce mélange entre humain et monstrueux ?
J.N : Je ne sais pas vraiment. Je pense que je parle de choses qui arrivent, qui sont pour certaines réellement arrivées, que l’humain a une part monstrueuse et qu’on en voit parfois un morceau pointer sous la couverture ou le vernis. Je sais aussi que je m’ennuie avec ce qui est propre, ce qui est plat, ce qui est bien rangé. On a tous des sujets qui nous attirent, des mots qu’on entendrait au milieu de mille autres, et les miens, ce sont ceux-là. Parce que dans la monstruosité se cache une vérité sur ce que nous sommes, je vois ça comme ça. Dans ce qui perce le quotidien, justement. Dans ce dont on est capables. Je ne sais écrire qu’à propos de ce que je ressens, et je vois quelque chose dans Ouranos dévorant son enfant que je ne vois pas devant la plus belle voiture du monde. (et à mon avis, on a toujours rien fait de mieux que la Golden Arrow.)
CB : L’une des nouvelles les plus marquantes – du moins, qui m’a le plus marquée en tant que lectrice – est « Echanson, je boirai même ta colère ». Quelle a été la genèse de ce texte ?
J.N : L’appel à textes d’un ami, Karim Berrouka, sur l’enfer. Je ne pensais ne rien avoir à dire de mieux que ce qui avait déjà était fait sur les démons, alors j’ai cherché quel serait, pour moi, le véritable enfer. J’ai essayé de voir les traits de son visage. C’est ce qu’on peut lire dans ce texte ; qu’en fin de compte, rien n’est si important. Même pas se perdre en soi-même.
CB : Dernière question avant de vous laisser retourner à vos écrits… Dans ce recueil, quel est la nouvelle à laquelle vous tenez le plus ? Pourquoi ? (si ce n’est pas indiscret, bien sûr…)
J.N : Ça n’est indiscret du tout, je vous ai montré l’intérieur de ma tête dans ce recueil ! (rires) Elles me tiennent toutes à cœur à leur façon, je me souviens de notre rencontre à chacune, mais je mets de côté « Deux ou trois choses que je sais de vous. » Elle a toujours été spéciale pour moi ; le vocabulaire, le thème, l’univers. Et puis, un grand nombre de ces textes ont été écrits à une période où le bruit de l’orage était derrière mes fenêtres. C’est avec cette nouvelle qu’il a commencé à s’éloigner.
CB : Merci Justine d’avoir bien voulu répondre à mes questions.
J.N : C’était un plaisir. Merci à vous de me les avoir posées.