Billet de blog 22 oct. 2020

ANDRE Ani
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Pour une souveraineté numérique

Le numérique est aujourd'hui monopolisé par les géants US.On a perdu le contrôle de nos outils, de nos systèmes et de nos données. Il est grand temps de se mobiliser pour inverser la tendance, les alternatives sont là.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On a beaucoup entendu le gouvernement nous parler de souveraineté numérique depuis quelques semaines. C’est une bonne chose étant donné l’enjeu majeur que cela représente. Mais dans les actes, il semble faire l’inverse de ce qu’il encourage. On le voit avec la BPI dont les données sont hébergées sur les serveurs d’Amazon ou l’Education Nationale qui utilise Microsoft ou Blackboard. C’est à dire que les données peuvent partir sur le sol US. C’est grave je trouve.

On peut tout de même saluer le revirement du gouvernement avec l’affaire du Health Data Hub ( https://www.numerama.com/politique/657071-health-data-hub-la-france-interdit-le-transfert-de-donnees-de-sante-hors-de-lunion-europeenne.html ) qui va revenir chez nous, grâce à une forte mobilisation. Mais il reste encore beaucoup à faire. Pôle emploi formant les demandeurs d’emploi au numérique avec Google ( https://www.nextinpact.com/lebrief/41428/11184-journees-google-pour-les-chomeurs---un-pretexte-pour-leur-vanter-les-chromebooks-a-petit-prix-- ) et les CCI proposant des formations pour nos entreprises à grand coup d’Office365, Google Drive et autres Facebook. Le constat est alarmant, nous sommes totalement dépendant des services des GAFAM pour notre numérique. Sans eux, rien de possible semble-t-il. Malgré le fait que le Privacy Shield est été annulé ( https://www.zdnet.fr/actualites/privacy-shield-la-course-contre-la-montre-a-commence-39910357.htm ). Ce qui rend beaucoup de nos entreprises hors-la-loi, c’est un fait. Et la formation au numérique ne doit pas être laissée aux géants US, cela ne fera que renforcer leur domination.

Cette situation est grave. Non seulement pour nos données personnelles, qui peuvent être recueillies et analysées aux Etats-Unis (même les sites de nos administrations utilisent souvent des outils de chez Google https://www.nextinpact.com/lebrief/44042/43-sites-web-administration-dependent-services-tiers-google ), ce qui est tout de même plus que gênant.

Mais aussi, ne l’oublions pas, pour nos entreprises à nous et nos emplois. Utiliser les outils des GAFAM alors que, sur notre territoire, nous avons des services plus ou moins comparables et plus éthiques, cela veut dire que l’on bride notre économie et les embauches dans un secteur qui pourtant se porte bien. Si l’on privilégiait nos acteurs locaux, pour tel ou tel service numérique, cela permettrait de développer nos entreprises nationales et leur permettrait à elles, d’embaucher.

La souveraineté numérique est donc un sujet majeur et d’importance vitale pour notre pays et son économie. Car oui, il faut le dire, nous avons des alternatives aux services des GAFAM. Et ceux-ci se basent bien souvent sur des logiciels libres évidement. NextCloud, LibreOffice, OnlyOffice, BigBlueButton, WordPress et j’en passe nous permettraient de nous passer des services américains pour bâtir nos propres services, nos propres acteurs éthiques et français. Et donc développer notre filière numérique et nos emplois.

Il y a un vrai potentiel qu’il faut absolument exploiter, développer, soutenir. Mais pour cela, il faut des choix courageux et engagés, une vraie volonté de s’investir dans la voie de notre souveraineté numérique. C’est encore possible si l’on s’en donne les moyens. Quelques initiatives commencent à voir le jour dans ce domaine. Citons notamment les projets PlayFrance.Digital ( https://www.lesacteursdunumerique.fr/ ) ou encore IT50+ ( https://www.it50plus.com/fr/ ). Des acteurs du numérique français s’unissent pour faire entendre leur voie et être plus fort. C’est une bonne chose, même si tous ne sont pas parfait niveau utilisation des services des GAFAM.

On pourrait regretter que, malheureusement, l’écosystème du logiciel libre ne semble pas s’engager dans cette bataille, malgré quelques propositions tout de même. Si les différents clusters en France arrivaient à se mobiliser et s’unir pour collaborer, cela pourrait faire avancer les choses et bouger les lignes, mais ça ne semble pas le cas pour le moment, et c’est regrettable.

Nous devons reprendre en main notre numérique, avec des acteurs locaux et éthiques implantés dans nos territoires. Cela est bon pour nos données personnelles mais aussi pour notre économie et nos emplois. Si l’on choisi, enfin, de miser sur nos entreprises, cela leur permettra de se développer et de créer des emplois. Il faut s’engager concrètement, c’est important.

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