Le jeudi 28 mai se tenait à Saint-Maur, une marche en soutien à Louis, journaliste lycéen menacé de mort après avoir publié un numéro hommage suite aux attentats du 11 janvier. Par Yohan Lacroix
Etant présent ce jour-là avec un petit groupe de mes collègues d’association, nous nous sommes mêlés à la foule dans l’espoir de défendre fièrement les valeurs de la liberté d’expression sans oublier Louis, pour lequel, nous avions une pensée à chaque pas.
« 11 janvier - 28 mai, même combat » pouvait-on lire sur les réseaux sociaux à propos de cette mobilisation. J’y apporterais une nuance ; un complément. « Même combat » oui, mais pas « mêmes combattants ». Je ne cherche pas à dévaloriser les personnes présentes, à l’exception de certains énergumènes. J’aurai d’ailleurs l’occasion de revenir sur ces cas dans la suite de cette écriture. Seulement, le 11 janvier nous avions tous la même idée en tête : montrer notre soutien aux valeurs républicaines que sont la liberté universelle et l’expression sans censure. Ce 28 mai, les personnes présentes avaient plusieurs motivations…
Les combattants en question étaient majoritairement des lycéens venus de plusieurs établissements de la ville. Il y avait aussi des parents d’élèves, des représentants d’associations syndicales (tout à fait anonymement) et tout ce monde était cerné par une horde de policiers en civils, d’agents de sécurité et de gardiens de la paix.
L’atmosphère était tendue et la sécurité maximale, comme le souligne un agent en civil, interrogé dès mon arrivée sur place : « Il y a beaucoup de choses à surveiller. » En effet, comme l’avait relayé un média régional, 5 membres du journal satirique étaient présents ce jeudi 28 mai dans la foule dont Eric Portheault, directeur financier du journal et Marika Bret, DRH. Quasiment intouchables, grâce à des « gros bras » qui les encerclaient, ils étaient là pour Louis et pour la liberté avec la volonté de garder une discrétion comme maitre-mot. Pas question que Charlie leur vole la vedette donc.
Prenant de nombreuses photos, filmant à tout va et tendant leur micros au premier venu, les journalistes grossissaient les rangs. L’avantage était la large couverture médiatique pour la marche, et l’audience pour les journaux radio-télévisés.
En tête de cortège on distinguait un petit groupe de lycéens armés de feuilles « Je suis Louis » typographié à la « Je suis Charlie ». Leur soutien était clair.
Indiscernable des autres adultes présents, des représentants des syndicats de parents d’élèves étaient présents anonymement. Pour eux aussi le message était clair : stop au harcèlement !
A l’heure prévue, le rassemblement s’est formé et a avancé sur la route en direction de la gare du Parc de Saint-Maur. Et non pas de la Mairie… Faute d’un soutien franc et non diffamatoire du maire, les organisateurs ont dû changer le point d’arrivée. Le problème a donc été vite résolu.
Le seul bémol de cette marche, a donc été la clarté des soutiens. Elle n’était malheureusement pas toujours évidente pour tout le monde. En effet, lorsque nombre de jeunes étudiants scandaient « Liberté d’expression ! », « Stop au harcèlement » ou encore « Résistance contre la censure ! » certains s’amusaient avec des « Nike la police » bières à la main et ‘’musique’’ dans les hauts parleurs portatifs… Bien-sûr ces jeunes gens, dont je m’abstiendrai de tout qualificatif, étaient minoritaires et peu enclins à soutenir La Mouette. Il ne convient donc pas de s’attarder sur eux.
La comparaison évidente avec le 11 janvier, outre les motivations, était La Marseillaise. Oui, on y a eu droit ! J’ai compté 5 tentatives, dont une, la première, par un groupe de lycéennes. Les autres étaient incomplètes et de faible intensité sonore, assez timides finalement.
La marche, ouverte par un véhicule de police et escortée par ses agents, se déroulait sans accros et sans problème. Mais s’il y avait un endroit où il convenait de se trouver, c’était bien à l’avant du cortège, avec les journalistes… Pardon, avec les organisateurs. Car les motivations les plus claires étaient bien exprimées ici et non en fermeture. Là l’idée se résumait à « sécher les cours wesh » pour un, ou à discuter des dernières publications sur les réseaux sociaux pour d’autres. Ce genre de comportement ne doit rester qu’un détail de cette mobilisation efficacement menée et organisée par des lycéens en pleine préparation du bac, bravo à eux.
Enfin, arrivés devant la gare RER du Parc de Saint-Maur, les meneurs sont fièrement montés sur une fontaine (éteinte…). Un léger silence s’en est ressenti, puis, déroulant une banderole « Marche pour la liberté d’expression », que l’on pouvait interpréter par « Viens et marche avec nous », les organisateurs ont prononcé quelques mots qui résumaient à eux seuls la raison de notre présence à tous. Pour Louis, contre la censure, pour la liberté, contre le harcèlement, les idées étaient claires et se voulaient réconfortantes pour un Louis soutenu et menaçantes pour les vils obscurantistes.
Et s’il y avait une phrase à retenir des interventions des meneurs, de ce jour, de l’idée principale et de cette journée, je citerai Théo : « Ne vous censurez pas. »
Yohan Lacroix, ancien du journal Kaboom, lycée Blaise Pascal, Brie-Comte-Robert (77)