Plus de 112 000 téléchargements en 10 jours et quelque 170 000 à l’heure actuelle, même pour une parution numérique, on peut parler d’un carton. De quoi s’agit-il ? Non, pas les sujets du Bac philo à la Réunion diffusés un peu trop tôt mais bien la Revue de presse des journaux scolaires et lycéens du CLEMI, sobrement titrée « Spécial Charlie ».
Comment, le point de vue des jeunes ? La presse faite par les jeunes ? Ça existe ? Eh oui, il faut croire qu’ils sont plutôt actifs d’ailleurs. Pascal Famery, responsable des journaux scolaires et lycéens du CLEMI, livre pour Lycéennes, Lycéens… quelques détails sur cette revue de presse atypique.
Tout d’abord, qu’est-ce que cette publication, au juste ?
Chaque année, le CLEMI édite une revue de presse qui rassemble des extraits de journaux scolaires et lycéens, pour livrer un panorama de leur expression durant l’année. Elle prend la forme de 3 brochures de 16 pages chacunes : écoles, collèges, lycées. A la suite des évènements de janvier, nous avons reçu énormément de réactions : articles, dessins mais aussi émissions de webTV et webRadios… Environ 300 de ces journaux parus entre janvier et avril 2015 et reçus au CLEMI, étaient consacrés totalement ou en partie à Charlie Hebdo. Devant autant d’intérêt, nous avons décidé de rassembler ces réactions dans une revue de presse exceptionnelle. 12 pages étaient initialement prévues, au final cette édition en compte 30 tant le sujet s’est avéré passionnant !
Quelle en est la particularité ?
Cette production est exclusivement numérique. Cela nous a par exemple permis de lier tous les dessins, articles ou extraits d’articles avec le journal complet dans lequel ils avaient été publiés. De même, nous avons pu inséré des liens vers certaines émissions de radio ou de webTV,. Plus que les autres, cette revue montre l’ampleur de l’expression des jeunes à travers leurs journaux. Autre spécificité : toutes les catégories d’âge sont rassemblées dans un seul et même recueil.
Comment l’avez-vous construite ?
A partir des parutions jeunes, nous avons tenté de dégager les principales thématiques, comme la réaction aux évènements, la question d’être ou ne pas être Charlie, la liberté d’expression, l’amalgame musulmans/islamistes, l’islamophobie, la laïcité ou encore l’après-Charlie. En transversale, on retrouve également de nombreuses réactions de la part d’élèves musulmans qui se sont sentis à la fois offensés par les caricatures de Charlie Hebdo et horrifiés par les attentats : ils ont tenu à s’exprimer, en leur nom propre. Les points de vue de tous ces jeunes font écho à tous les débats – souvent complexes - qui ont eu lieu dans la société suite aux évènements. L’un des objectifs était donc de rendre compte le plus fidèlement possible de ces points de vue. Cette revue offre un instantané des opinions des jeunes engagés dans leurs journaux vis-à-vis des attentats de janvier et de leurs conséquences. A travers les thèmes récurrents, on peut y lire des idées radicalement différentes et des approches tout aussi contrastées : du billet d’humeur à la caricature, en passant par des articles de réflexion plus approfondis. Nous espérons avoir réussi à montrer la diversité des opinions des journalistes jeunes entre janvier et avril 2015, à ce sujet.
Quelle a été l’importance des dessins ?
De manière assez évidente, cette revue axée sur Charlie Hebdo contient un grand nombre de dessins et caricatures. En effet, cette abondance se retrouvait dans les journaux que nous avons reçus. Tout d’abord, le dessin est un mode d’expression assez prisé par la presse jeune : simple et efficace. En plus de cela, en ce qui concerne les scolaires et les collégiens qui sont encore dans leur enfance et donc attachés aux images, l’attaque de dessinateurs peut sembler particulièrement choquante. Il y a par exemple la figure de Quotillon, la mascotte de Mon Quotidien crée par Charb, que de nombreux journaux scolaires se sont réapproprié.
Au final, cette revue de presse spéciale a rencontré un certain succès sur les réseaux sociaux, en-dehors même du milieu scolaire. Bien que la presse professionnelle ait peu réagi à son sujet, Pascal Famery s’estime satisfait de sa portée. Bon, alors maintenant on attend l’édition complète de l’année 2015 !