Billet de blog 4 juin 2015

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Information : entre faits établis et faits dissimulés

Depuis l’attentat du 7 janvier 2015, perpétré dans les locaux du journal  Charlie Hebdo, la France vit au rythme des événements qui ont suivi la mort des frères Kouachi, tués après deux jours de traque sans relâche, et celle d’Amedy Coulibaly, auteur d’un meurtre et d’une prise d'otages sanglante. Le reste de l’actualité a été très peu couvert par les médias. On pourrait croire que le monde tourne autour de notre belle ville, salie par les absurdités commises. Par Yousra Gouja

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis l’attentat du 7 janvier 2015, perpétré dans les locaux du journal  Charlie Hebdo, la France vit au rythme des événements qui ont suivi la mort des frères Kouachi, tués après deux jours de traque sans relâche, et celle d’Amedy Coulibaly, auteur d’un meurtre et d’une prise d'otages sanglante. Le reste de l’actualité a été très peu couvert par les médias. On pourrait croire que le monde tourne autour de notre belle ville, salie par les absurdités commises. Par Yousra Gouja

Editions spéciales à 13h et 20h sur toutes les chaînes de télévision, marche républicaine, articles, dessins, une minute de silence, marche contre l’islamophobie en Allemagne  (seulement, c’est dommage), lettres, mots. Chacun exprime sa souffrance à sa façon.

Mais comment laisser passer les autres événements ?

Un petit rattrapage s’impose.

Seize villes et villages des rives du lac Tchad, dans le nord-est du Nigeria, ont été détruits au cours d'une série d'attaques organisées mercredi 7 et jeudi 8 janvier. Ce massacre, dirigé par les insurgés de Boko Haram, est d'une ampleur inédite. En effet, Amnesty International s’alarme de la situation au Nigeria. Des photos satellites comparatives, prises les 2 et 7 janvier par l’ONG, montrent l’intensité des dégâts. L’une des deux villes prises d’assaut a été presque rayée de la carte en quatre jours, explique Daniel Eyre, chercheur sur le Nigeria pour Amnesty. Il ajoute que c’est l’un des massacres les plus  destructeurs. Les témoins parlent de « centaines de corps jonchant le sol ». Le bilan définitif des victimes reste difficile à établir malgré le nombre de 2000 morts, avancé par Amnesty. Des milliers d'habitants continuent de prendre la fuite…

Un autre phénomène persistant : celui des réfugiés syriens. Depuis lundi 5 janvier, les autorités libanaises imposent aux réfugiés syriens d'obtenir des visas ou permis de séjour avant de franchir la frontière. Ils doivent ainsi justifier le but de leur venue et la durée de leur séjour, avant d'espérer décrocher le précieux sésame. Et oui, cette situation rappelle vivement à la communauté internationale qu’elle doit intensifier ses efforts. La communauté internationale  doit se mobiliser davantage afin de partager le fardeau face à l’une des pires crises humanitaires de l’histoire récente en augmentant le nombre de places offertes à la réinstallation et les fonds destinés à l’aide humanitaire. Les pays de la région s’efforcent de gérer cette crise qui ne cesse de s’aggraver depuis le début du conflit. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), environ 10 % des réfugiés qui se trouvent dans les principaux pays d’accueil ont besoin d’être réinstallés. Pourtant, moins de 2 % d’entre eux se sont vus offrir cette possibilité.

Pour finir, retournons en France. Saviez-vous que la France n’est plus la cinquième puissance mondiale ? C’est officiel, le Royaume-Uni est désormais plus riche que la France.

A vrai dire, on s’y attendait. La croissance économique britannique est beaucoup plus rapide que la nôtre. Il a un rythme d’inflation plus soutenu que le nôtre. Et puis, la livre sterling connait une revalorisation de 5,4% vis- à –vis de l’euro. Petite note tout de même : la France est le premier pays européen présent au salon international de l’électronique (CES) de Las Vegas. Chapeau aux jeunes start-up françaises ! 

D’autres évènements se sont passés par la suite aussi peu médiatisés également. Le samedi  10 janvier, un attentat-suicide a tué sept personnes et en a blessé 36 autres dans le quartier de Jabal Mohsen, à Tripoli, la grande ville du nord du Liban. Des plongeurs indonésiens ont trouvé, dimanche 11 janvier, la boîte noire de l'avion d'Air Asia disparu au-dessus de la mer de Java avec 162 personnes à bord. Le projet de loi du ministre de l’économie Emmanuel Macron fait toujours débat. On ne peut évidemment pas parler de tous les faits qui se sont passés dans le monde, mais l’idée est là : pourquoi privilégier une information plutôt qu’une autre ?

Certains diront "Ces faits ont eu lieu dans d'autres pays, il est normal de moins en parler car nous ne sommes pas touchés.". Mais pourquoi attendre d’être touché pour en parler ? Et surtout, ces événements seraient moins importants parce qu'ils ont eu lieu en Afrique ou en Proche-Orient ? Malheureusement,  on découvrira ce qui s’est passé longtemps après. On peut comprendre que la collecte d'informations nouvelles soit à ce jour très dangereuse pour les journalistes, mais cette manière de privilégier la collecte et le traitement de certaines des informations nouvelles reste scandaleuse, regrettable et très peu professionnelle. Par ailleurs, des informations ont peut-être été mises sous silence, volontairement, pour ne pas aggraver la situation, déjà dramatique. Il s'agirait donc là d'une tentative pour épargner la sensibilité de la population.

L’information doit rester en continu et chaque fait doit être présenté à sa juste valeur !

Egalement, il serait judicieux de présenter les faits importants dans leur ensemble pour éviter la répétition durable d’un même fait. Remercions les ONG qui, elles, ne perdent pas l’essentiel de vue.

Yousra Gouja, Le Britannicus, Lycée Jean Racine, Paris 8.

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