Billet de blog 5 novembre 2012

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Tango Charlie, on a un problème !

Pour des raisons structurelles, la presse d'initiative jeune a souvent un temps de retard sur l'actualité, ce qui ne veut pas dire que ce qu'elle a à dire est nul et non avenu ! Ci-contre l'avis d'un lycéen sur le numéro oh combien polémique du Charlie Hebdo du 19/09/2012.

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Pour des raisons structurelles, la presse d'initiative jeune a souvent un temps de retard sur l'actualité, ce qui ne veut pas dire que ce qu'elle a à dire est nul et non avenu ! Ci-contre l'avis d'un lycéen sur le numéro oh combien polémique du Charlie Hebdo du 19/09/2012.

On ne sait plus ce que c’est que la liberté ! On la brandit, on la clame à la moindre broutille alors même que nous en avons oublié le sens. Liberté d’expression ? Ou liberté d’accabler d’avantage les opprimés et les victimes de l’intolérance, liberté de jeter l’huile de la provocation sur le feu du fondamentalisme, liberté de provoquer des désordres et des manifestations gangreneuses, liberté de nuire, d’opposer les croyances, les valeurs... Libre mais pas responsable ?

La raison laisse la place aux bénéfices, l’intelligence aux profits. Si la liberté de la presse ou la liberté de pensée est une chose, la provocation gratuite de Charlie Hebdo, c’en est une autre ; de la provoc’ de bas étage qui n’est pas sans me rappeler ceux qui dessinent des pénis dans les toilettes... Charb est bien loin de la classe qu’avait Honoré Daumier qui remettait réellement en question le monde dans lequel il vivait. Dans un contexte hautement inflammable, et alors que les réseaux sociaux bruissent d’appels à des manifestations en France, les rédacteurs de Charlie Hebdo n’essaient même plus de faire avancer le débat, ils l’enflamment. Je trouvais cela désolant. Ça devient révoltant, inadmissible. Ils se cachent derrière ce magnifique principe qu'est la liberté, sans même - ne serait-ce qu'essayer - d'assumer le racisme et les amalgames qu'ils font à chaque numéro. Ce n’est plus agir au nom de la liberté, mais à celui de la bêtise pure.

Je ne pourrais demander à Charb et à sa rédaction de “contrôler” leurs écrits ; ce n’est certainement pas ma place ni mon rôle, eux ne me demandent pas de comptes (faut dire qu’ils ne lisent certainement pas Rom’ue-Méninges, non plus...) et quoi que l’on puisse penser des choix éditoriaux de Charlie Hebdo, de l’esthétique de ses dessins et de la délicatesse de son style, la seule limitation concevable de leurs écrits est celle que les tribunaux pourraient estimer justifiée. Cependant, il me semble nécessaire de leur rappeler qu’ils exercent l’une des plus belles professions de la démocratie et qu’il serait intéressant que les journaux cessent de ne faire que de la presse à sensations et commencent à faire un petit peu acte de paix et d’intelligence.

Par Apologue, co-rédac'chef de Rom'ue-Méninges, lycée Ella Fitzgerald, Vienne 38.

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