Design, beau, mythique, hyperfashion, voilà l'image d'Apple qui provoque l'hystérie dès qu'un Apple store s'ouvre quelque part (avoue que tu étais à l'ouverture de celui de Val d'Europe). Alors que Hollywood élève au statut de Dieu vivant son créateur en sortant un biopic, qu'en est-il vraiment de la fabrication de ces produits cultes que tu manipules amoureusement à longueur de temps entre tes doigts ? Bienvenue en Chine dans les usines Foxconn, le sous-traitant controversé d'Apple.
À Djenggu, au fin fond de la Chine, on peut apercevoir une ville étrange et énorme... Composée d'usines, d'immeubles d'habitations encore en chantier, et de réfectoires. Des ouvriers, souvent de moins de 20 ans, y dorment à 8 par chambre, y mangent et surtout y travaillent comme des robots. Bizarrement tous ces bâtiments sont munis de filets à chaque étage. Foxconn se serait-il diversifié dans la chasse aux papillons ? Pas vraiment : ces filets sont là pour faire baisser les statistiques... de suicides. Tu l'auras compris, les êtres humains qui se tuent à la tâche pour te fabriquer tes iPhones, iPads et ordinateurs ont une vie pas toujours rose, même pas rose du tout.
Là-bas, les ouvriers reçoivent sans cesse des insultes, travaillent sans montre plus de 10 heures par jours dans des ateliers démunis d'horloges (bien vu pour gruger les heures supp). Les pauses sont rares, voire inexistantes, le temps ne passe pas et les ouvriers travaillent comme des machines sans même communiquer entre eux. Il n'est pas rare d'entendre des ouvriers dire qu'en un mois, ils ont fait 150 heures supplémentaires, ou que cela fait 3 mois qu'ils travaillent sans jour de repos. Il en résulte que souvent, ils ne sortent de cet enfer qu'une seule fois par an lors d'un congé annuel. Bien entendu, l'accès aux personnes ne travaillant pas dans l'usine est interdit, donc pas de visites, pas de vie privée... L'enfer.
Quand toi tu claques 1000€ dans un ordinateur, ces personnes gagnent 220€ par mois... en théorie. En principe, le salaire est attractif chez Foxconn, mais les 2000 ouvriers par jour qui se présentent au recrutement (qui attendent, sous des insultes permanentes pendant une journée) gagnent bien moins que cela. En effet, les dortoirs (14€), les repas (50€), ainsi que le badge, le prix des assurances, et même les contrôles de santé sont retirés du salaire. Pour qu'il leur reste de quoi envoyer à leur famille, les ouvriers sont piégés dans le cycle infernal des heures supplémentaires.
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Pour remplacer les 3000 personnes qui démissionnent (ou tentent de le faire) quotidiennement, l'entreprise fait appel à des stagiaires. Il existe néanmoins une législation peu ou pas respectée par Foxconn. Le travail doit être en rapport avec la formation des étudiants, le travail de nuit est interdit et les étudiants doivent être consentants. Mais cela est loin d'être le cas, on peut y trouver des étudiants en médecine de 16 ans, pas vraiment volontaires, et forcés parfois à travailler de nuit. C'est leur université qui a fait pression, sous peine de retirer leur diplôme et leur bourse d'étude. L'état, complice, ne veut pas en effet froisser le fleuron de l'industrie chinoise, premier employeur privé du pays, et fait tout pour améliorer sa productivité.
Apple affirme pourtant que ses sous-traitants doivent se conformer aux conditions de travail les plus sûres dans le respect et la dignité. C'est d'ailleurs le message qu'entendent ces jeunes chinois des campagnes quand ils quittent leur famille pour venir travailler chez Foxconn. Mais cet enfer est bien caché par Apple et son sous-traitant va jusqu'à donner des indemnisations aux familles des victimes en échange de leur silence. Néanmoins, les journalistes du monde entier ont fait leur boulot, et cette réalité commence à transparaître et à écorner (si peu) la belle image d'Apple.
Si vous voulez maintenant vous culpabiliser encore plus sur l'Ipad que vous avez eu à Noël, vous pouvez toujours taper « Foxconn : la face cachée d'Apple 13/12/12 » dans Dailymotion et choisir la première vidéo. Ou alors, boycottons tous ensembles, les produits Apple, voire tous les produits fabriqués dans ces conditions en Chine (houlà... je me sens seule tout d'un coup).
Elijah Price