« Sois sage ! » Qui, enfant, ne l’a jamais entendue ? La menace parentale à l’approche de Noël. Parce que Monsieur Noël voit tout, il sait tout : il connait l’auteur de chaque bêtise. Sincèrement, c’est tout sauf rassurant, pour un enfant, de se savoir sans cesse épié. Enfin, on est sage quand même (parce qu’on veut des cadeaux).
MAIS. On ne nous dit pas tout.
On est sage, et on finit par se faire avoir ! Parfaitement. Je ne pourrai jamais dire fièrement : « J’ai 20 ans, et toutes mes dents ! » Parce que je n’ai pas 20 ans, mais ça, ce n’est qu’une question de temps ... Or, je n’aurai JAMAIS toutes mes dents ! Elles ont été sages, pourtant. Elles ont été sages et on leur a coupé la tête !
Ah, merci. Je dis bravo. Bravo l’évolution qui réduit la taille de la mâchoire humaine. « Vos dents de sagesse sont proches. – Ok, cool. – Il va falloir les faire arracher, vous n’avez pas la place. – Ok, pas cool. »
Et tac, les rendez-vous s’enchaînent : prise de sang, anesthésiste, chirurgien, pharmacie. Tout va bien, j’ai le droit de subir l’opération, génial. Elle aura lieu pendant les vacances, génial.
Et paf, c’est maintenant. A poil sous la blouse (sexy), le brancardier (pas sexy) m’emmène. L’anesthésiste m’accroche un bracelet avec toutes mes informations au poignet gauche. Puis un autre, identique, au poignet droit : quoi, je vais perdre un bras pendant l’opération ou … ? Peu importe, la perf’, les médocs … Je suis parfaitement lucide, on me transporte sur la table. Je suis parfaitement lucide, on pose un voile sur mes yeux. Je suis parfaitement lucide, l’opération commence.
Hallucinations, ou réalité ? L’anesthésie fait son effet, je n’ai pas mal, mais je sens tout. Hmmm, quelle agréable sensation, ces gens qui trifouillent dans mes gencives. Miam. (Ok, c’était ignoble. (Mais c’était drôle.))
Et je suis déjà en salle de réveil. Damned, j’aurai fini par m’endormir … Ma lèvre inférieure me semble lourde … grosse … mais d’apparence, elle est normale. Bon. De retour dans la chambre, je dors, puis il faut manger : des yaourts. Mais je n’ai pas faim. « Vous ne sortirez pas tant que vous n’aurez rien avalé. » Allez, un, deux yaourts. J’ai vraiment l’impression que ma lèvre inférieure se fait la malle … c’est amusant. Le temps passe, l’anesthésie s’en va, laissant place à la douleur. C’est moins amusant …
On rentre à la maison. Je dors. Je prends des calmants. Je mange un yaourt. Je dors. Mon frère n’est pas content : « T’es même pas un hamster ! » Peu importe. Je reprends des calmants. Je dors. Je mange un yaourt. Je dors. Le lendemain … j’ai tout de même la tête un peu carrée. J’aimerais bien me brosser les dents, aussi. Mais je ne peux même pas ouvrir assez la bouche pour laisser passer la brosse. Frustration. Je sens quelque chose entre mes dents, je tire ; c’était un fil, je regrette … Je n’ai plus la tête carrée, mais deux beaux hématomes, tout jaunes !
Et puis. Et puis c’est fini. Ne reste plus que le rendez-vous post-op’. « Vous avez de belles gencives. » Quoi ? C’est tout ? Ok. Alors, se faire opérer des dents de sagesse, en fait, c’est une petite semaine … rigolote. Juste, c’est moins rigolo de devoir retenir sa mâchoire inférieure quand on veut bailler … (Puis les yaourts aussi, ça va bien cinq minutes, hein.)
Roberto